Des bâtiments vides, mais une religion toujours vivante
La religion catholique ayant fait face à de nombreux changements ces dernières années, la région a vu plusieurs de ses églises se vider. Une situation qui a mené à la fermeture et à la vente de près de la moitié de ces majestueux bâtiments qui ornaient, jadis, le paysage shawiniganais.
À LIRE ÉGALEMENT: Une religion bien vivante
Des neufs lieux de culte que l’on retrouvait dans la ville autrefois, quatre ont été vendus et convertis pour y accueillir des commerces et entreprises. Pensons à l’église Christ-Roi qui a été vendue pour faire place, d’abord, au restaurant Cénacle en 1994. Elle a ensuite été démolie afin de construire l’actuelle pharmacie Jean Coutu, en 2002.
Cette vente a d’ailleurs marqué une page d’histoire dans la région puisque l’église Christ-Roi a été la première à être convertie à travers tout le territoire du diocèse de Trois-Rivières, qui s’étale de la Cité de Laviolette à La Tuque.
Quelque temps après, ce fut au tour des églises Sainte-Hélène, Sainte-Croix et Saint-Bernard à revivre leur gloire d’autrefois par le biais d’organisations dont les valeurs et la mission s’apparentent à celles véhiculées par la communauté chrétienne.
L’église Saint-Bernard a fait place au Carrefour jeunesse emploi sur la 3e rue, tandis que l’église Sainte-Croix abrite maintenant l’Association pour la Déficience Intellectuelle Centre-Mauricie sur la rue Gignac. L’ancienne église Sainte-Hélène fait pour sa part place à un commerce sur la 93e rue.
Non loin de là, à Saint-Mathieu-du-Parc, on se questionne à savoir quel projet trouvera sa place entre les murs de l’église de la municipalité. Depuis plus d’un an, la communauté chrétienne et les élus examinent plus d’une avenue.
«Ce qu’il y a de particulier avec cette église, c’est que la municipalité travaille en partenariat avec la communauté chrétienne pour trouver une solution qui permettrait de conserver le bâtiment, mentionne Lise Filteau du diocèse de Trois-Rivières. Ce n’est le cas qu’à Saint-Mathieu-du-Parc et à La Tuque.»
Pour ce qui est de l’église Saint-Mathieu, plusieurs options sont sur la table. «Ils ont pensé à un gymnase, mais, finalement, le gymnase va se développer du côté de l’école alternative. Ils pensent maintenant à plusieurs projets. Ce pourrait être une bibliothèque ou encore un lieu pour des groupes communautaires.»
Quant aux cinq autres églises chrétiennes de Shawinigan, elles ont conservé leur mission première. Toutefois, une question persiste : demeureront-elles des lieux de culte ou connaîtront-elles le même sort que les autres?
Les croyants étant de moins en moins nombreux à se rassembler dans les églises pour y célébrer leur foi en Dieu, tout porte à croire que d’autres changements surviendront au cours des mois et des années à venir.
Des coûts d’entretien faramineux
D’abord, les coûts reliés à l’entretien et à la réparation de ces bâtisses sont faramineux. Sans oublier les lourds frais de chauffage et d’éclairage. À titre d’exemple, 1,6 million de dollars ont servi à chauffer et éclairer les églises de la Mauricie en 2011, soit 16% du budget total du diocèse s’élevant à 10 millions de dollars.
Parmi les 86 lieux de culte que compte le diocèse, c’est l’église St-Pierre de Shawinigan qui détient le triste record du bâtiment le plus coûteux en matière de chauffage. «C’est dans les six chiffres», indique Mme Filteau.
La solution?
Selon elle, la solution serait alors de créer des partenariats avec des organismes et des entreprises afin de rentabiliser l’espace disponible dans nos églises. Ce faisant, chacun y trouverait son compte et la facture serait ainsi bien moins élevée. C’est d’ailleurs l’une des pistes de réflexion proposées par Mgr Luc Bouchard, évêque du diocèse, dans sa lettre parue en avril dernier.
«Y aura-t-il toujours des prêtres? Des paroisses comme nous les avons connues? Que ferait-on des autres églises même rénovées par les fonds du patrimoine religieux? Peut-on penser à un moratoire sur la rénovation d’édifices qui ne serviront plus et qui exigeront entretien et financement dans l’avenir? Où peut-on être créatif dans la transformation de ces édifices que l’on ne peut plus soutenir et dont les communautés ne peuvent plus porter le poids», peut-on y lire.
«Les lieux pour le rassemblement eucharistique sont importants, indique ce dernier. Mais posons-nous franchement la question: en faut-il autant? Il faudra donc ici faire des choix: est-ce que présentement tous les lieux de culte sont nécessaires? Il faut, dans certaines institutions et dans certaines régions où il y a plusieurs églises paroissiales, choisir parmi elles une seule qui sera lieu de rassemblement et de célébration.»
Bien que Mme Filteau abonde dans le même sens, elle reconnait qu’il ne soit pas facile de tourner la page sur une époque et un lieu associés à plusieurs souvenirs marquants. «C’est un peu comme quand arrive le jour où il faut vendre la maison familiale, illustre-t-elle. On y est attaché, mais, en même temps, il faut être raisonnables se dire que ce n’est plus possible. La famille, tout comme la communauté chrétienne, n’est pas dissoute pour autant, il s’agit juste de se rassembler dans un autre lieu.»