Des bêtes traitées aux petits soins

SANTÉ. Avant de pouvoir offrir un spectacle dans l’arène, tous les chevaux, taureaux, bouvillons et veaux qui participent à la compétition ont reçu l’approbation de l’équipe de santé animale du Festival Western de St-Tite, Rodéo-Vet, supervisée par le vétérinaire à la retraite Pierre Gauthier.

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Le rôle de son équipe composée d’une dizaine de personnes, dont deux vétérinaires et des techniciens en santé animale, est crucial.

Pierre Gauthier, vétérinaire au festival pendant 30 ans et bénévole pour différents volets depuis 22 ans, a le pouvoir de disqualifier une bête ou encore de l’empêcher de participer à la compétition.

Le premier vendredi, quelques heures avant le début des rodéos, l’équipe jette un coup d’œil à l’ensemble des animaux arrivés graduellement sur le site au courant de la semaine. «On examine environ 450 chevaux.»

Anémie infectieuse équine, prise de température, examens respiratoires, cardiaques, de boiterie… plusieurs étapes sont nécessaires avant d’obtenir le fameux sceau d’approbation.

«Les bêtes sont au sommet de leur performance. C’est le grand championnat ici. Ce sont de super machines hyper entraînées. Le risque d’accident est là. C’est pour ça qu’on est là avec l’unité d’urgence.» Seuls les cas nécessitant une chirurgie sont transférés à l’hôpital vétérinaire de Saint-Hyacinthe.

Contrer le dopage animal

Aux premières loges de la compétition, l’équipe effectue, aléatoirement, des tests de dopage. «Ils ne savent pas d’avance qui on va prendre. Si on trouve qu’un animal a trop performé à notre goût et qu’on a de petits doutes, on lui fait signe», raconte Pierre Gauthier.

«Les cowboys (ou éleveurs) sont mis à l’amende automatiquement (3000$), en plus de perdre la bourse, s’ils en ont remporté une.»

Les drogues qu’on administre aux animaux sont surtout des médicaments qui augmentent la performance ou la capacité respiratoire. L’an passé, un cheval a été disqualifié parce qu’on lui avait fait avaler deux médicaments autorisés séparément, mais interdits si combinés.

«La compétition survient en fin de saison, c’est certain qu’ils ont des courbatures», explique Pierre Gauthier qui veut surtout éviter qu’on «camoufle» des blessures qui pourraient s’aggraver.

Les animaux blessés restent au pâturage

Entraînés et gonflés à bloc pour cette ultime compétition, il arrive que des animaux doivent renoncer à y participer. «La plupart des cavaliers sont conscients de ça et ils vont accepter qu’on les bloque parce que l’animal ne va pas bien», poursuit Dr Gauthier.

«On en bloque trois ou quatre par année au vet-check. C’est certain que c’est décevant pour les cavaliers», admet-il.

D’un autre côté, on ne veut pas risquer d’aggraver l’état de ces bêtes qui valent des milliers de dollars. «Les contracteurs gagnent leur vie avec les chevaux. Ils ne veulent pas prendre de risques. Ce sont des bébés, ils sont tous connus par leurs noms.»

«Ils sont très, très chouchoutés»

«Les gens vont stresser par ignorance du milieu», soutient le vétérinaire retraité quant aux détracteurs. «Il y a une quarantaine de règlements de rodéo qui sont faits en fonction de les protéger», explique-t-il.

«Par exemple, les gens voient les enclos près des estrades avec des chevaux sans eau et sans nourriture… C’est que deux heures avant le rodéo, ils sont montés là. On ne demandera pas à un athlète de courir 5 kilomètres après avoir mangé deux gros hamburgers et une boisson gazeuse. C’est la même chose pour eux. Tout de suite après le rodéo, ils sont redescendus au pâturage et on les nourrit», informe-t-il.

Pierre Gauthier souhaite transmettre le flambeau à sa fille, Sandra Gauthier, qui reprend graduellement ses responsabilités de chef d’équipe. Tranquillement, il souhaite se retirer de cet univers qui le fascine encore.

«J’aime l’atmosphère. Le milieu des cowboys est un milieu très fermé. Mais quand tu as gagné leur confiance, tu peux compter sur eux à 200%.»

Des visites guidées intitulées «La face cachée du rodéo» sont offertes au Festival Western de St-Tite.