Des employeurs qui doivent s’ajuster

EMPLOI. Claude Grenier est consultant en ressources humaines et en relations de travail depuis près de 40 ans pour son propre cabinet qui travaille à l’embauche de 350 à 500 personnes par année. Il a également enseigné au Collège Shawinigan pendant 25 ans. Il en a vu des jeunes.
«Ils ne sont pas pires qu’ils étaient, c’est simplement différent», lance-t-il d’entrée de jeu. «Tout au long de ma carrière j’ai entendu dire que les jeunes étaient comme ceci ou comme cela. Les relations intergénérationnelles se ressemblent tellement à travers le temps, c’est juste le contexte qui est différent.» Plus ça change… plus c’est pareil?
Des jeunes qui reconnaissent leur valeur
Claude Grenier constate un fort désir des jeunes de trouver un milieu où se réaliser. «Ils veulent cheminer dans leur propre carrière, qui devient un peu leur propre entreprise. Ils savent ce qu’ils valent, ils n’auront pas peur de quitter un employeur. Le syndicat n’est pas la force qui va les protéger. C’est leur talent, leur compétence qui va le faire.»
Ce sentiment d’appartenance moins fort envers leur employeur s’explique aussi par leur passé. «Les baby-boomers ont accordé beaucoup d’importance au travail, jusqu’à en perdre leurs familles parfois. Au Centre-de-la-Mauricie, les jeunes ont vu leur père ou leur grand-père perdre leur emploi après de longues années de services dans les usines. Ils ne veulent pas revivre ce que leurs proches ont vécu», fait-il remarquer.
«Souvent, l’employeur a l’impression que c’est lui qui passe l’entrevue.» Comment recruter et garder son personnel compétent donc? «Les employeurs doivent miser sur le travail d’équipe. Le plus possible les faire travailler sur des mandats, des projets où il y a un début et une fin. Ils doivent avoir un sentiment d’accomplissement», soulève Claude Grenier
Les employeurs doivent donc s’ajuster à une nouvelle réalité. «Travailler à contre-courant, ça ne peut qu’apporter des problèmes, plutôt que de bénéficier de leur talent.»
Qu’est-ce que la productivité?
Les jeunes, malgré leur désir de flexibilité, ne sont pas moins performants, notamment grâce à leur compréhension de la technologie.
«On est encore à une étape où les baby-boomers valorisent beaucoup le temps passé au travail. Dans les organisations, c’est assez rare qu’on mesure le rendement de quelqu’un, on y va beaucoup plus avec des impressions: celui qu’on voit rentrer tôt ou qui semble débordé est celui qui travaille le plus fort. Mais quand on commence à mesurer le rendement, on s’aperçoit qu’on ne met pas toujours les bonnes étiquettes aux bons endroits», observe Claude Grenier.
Une génération prometteuse
Claude Grenier accorde une grande confiance à cette génération. «Je crois aux jeunes, à leur talent et à leur intelligence. Ils vont réaliser des choses qui vont nous surprendre. Il y a une expression qui dit que si tu n’essaie pas de réaliser tes rêves, quelqu’un d’autre va te demander de réaliser les siens. C’est ça cette génération. On sent qu’ils veulent réaliser leurs rêves. Tant mieux.»
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