Du Club Med à l’Afghanistan
Le temps des Fêtes est une période occupée pour les chansonniers et la dernière n’a pas fait exception pour Dany St-Arnaud si ce n’est que cette fois, au lieu de chanter pour des fêtards éméchés, il a eu comme mission de divertir des soldats canadiens à la base de Kandahar, en Afghanistan.
Répondant à une invitation de la Défense nationale, Dany St-Arnaud s’est envolé le 22 décembre dernier pour un vol vers ce pays de 25 millions d’habitants, en guerre depuis dix ans. «La plus belle expérience de ma vie», raconte sans détour le Shawiniganais. Deux mois plus tard, il en parle encore avec les trémolos dans la voix.
Après des transits à Montréal, Toronto, Allemagne et au Qatar, il arrive finalement à Kandahar vers 21h le 24 décembre. Une heure plus tard, il monte sur scène, guitare en bandoulière, devant des centaines de militaires, mitraillette en bandoulière et bière sans alcool à la main…
«Ces gens là sont au travail 24 heures sur 24. C’est surréaliste», témoigne celui qui gagne sa vie comme chansonnier depuis une dizaine d’années (www.danystarnaud.com) . La réalité des soldats, il la connaît un peu puisque deux de ses frères – dont l’un est décédé – ont fait partie de l’armée canadienne et un de ses cousins se trouve présentement en Afghanistan. «Si j’ai accepté cette invitation, c’était aussi pour eux.»
Au fil des ans, Dany St-Arnaud a chanté devant tous les publics possibles: des bien nantis des clubs Med aux Bahamas et aux Iles Turquoises, jusqu’aux ouvriers de la Baie-James. Mais rien à voir avec ce qu’il a vécu en un peu plus de 24 heures auprès des militaires canadiens. «J’ai pleuré presque tout le temps», avoue-t-il.
Après sa prestation du 24 décembre à la base de Kandahar, c’est la messe de Minuit et tout le monde au dodo. Enfin presque puisqu’avec le bruit incessant des hélicoptères et les voix des militaires sur le campement, difficile de trouver le sommeil. «Je ne me suis pas endormi avant 4 heures du matin», relate-t-il.
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Suspicious Minds et Femme libérée
Quelques heures plus tard, encore embrouillé par sa nuit écourtée, on l’invite à enfiler une veste pare-balle et à se coiffer d’un casque de soldat. À bord d’un hélicoptère Chinook, en compagnie du coloré Don Cherry, du ministre de la Défense Peter McKay et de Walter J. Natynczyk, chef d’état major de la Défense nationale, on met le cap vers les Forward Operation Base (FOB), une série de six petits campements de soldats localisés en périphérie de Kandahar, dans des zones à risque situées près du front des Talibans.
À Peter McKay a qui il avait confié au départ être un artiste inconnu pour ces soldats, le ministre le rassure: «Tu ne sais pas le bien que tu vas leur faire.» La suite lui donnera raison. À chaque halte, Dany St-Arnaud prend sa guitare et y va d’une série de chansons, bien souvent des medleys, provenant autant du répertoire anglophone que francophone pour plaire à son public varié.
«J’ai fait ce que je fais toujours dans les bars, c’est-à-dire chanter en interagissant avec mon public.» Le Shawiniganais a entre autres frais en mémoire son interprétation de la chanson Femme libérée qui finira par une étreinte remplie de larmes avec un soldat qui lui avait fait une demande spéciale.
C’est lors d’un de ces arrêts qu’il entonnera en compagnie du ministre McKay Suspicious Minds, d’Elvis Presley. L’image a fait le tour des médias canadiens – surtout anglophones – autant dans les journaux qu’aux bulletins télévisés.
À raison d’environ une heure par FOB, Dany St-Arnaud reviendra exténué à la base de Kandahar le 25 décembre en fin de journée. Après quelques vérifications d’usage, on l’invite avec les dignitaires à remonter à bord de l’avion militaire Cargo pour le premier arrêt du chemin du retour, vers le Qatar.
«La politique, ce n’est pas ça qui m’intéresse, dit-il. Sauf que lorsqu’on est sur place et qu’on voit le travail de ces gars et de ces femmes là, on ne peut qu’avoir le plus grand des respects pour ce qu’ils font», termine Dany qui se promet bien de retourner là bas si l’occasion se présente à nouveau.