Du pot? Non, du chanvre biologique

Si vous avez circulé cet été sur le Chemin de la Vallée du Parc, à l’intersection du Chemin des Pommiers, peut-être avez-vous été intrigué par un vaste champ garni de plants ressemblant à de la marijuana.

En fait, Alain Sigmen y a plutôt cultivé du chanvre sur une superficie de 40 hectares, une culture encore assez peu connue mais qui se développe de plus en plus. «Ça fait une quinzaine d’années que c’est arrivé au Québec mais ma production a la particularité d’être bio», explique l’agriculteur.

Le plant de chanvre ressemble à deux gouttes d’eau à son cousin cannabis à la différence que son taux de THC – qui procure l’effet euphorisant recherché par le consommateur de pot – est quasi nulle. Avant que le gouvernement n’en interdise la culture dans les années 1930 (elle a de nouveau été autorisée au Canada en 1998) dans le cadre de la lutte à la drogue, le chanvre était cultivé pour sa fibre.

De son côté, Alain Sigmen a démarré cette production pour une première fois cet été afin de récolter les graines des plants femelles. L’huile qu’on en extraira est utilisé par les industries pharmaceutique pour son pouvoir hydratant; et alimentaire pour son contenu riche en oméga-3.

Les plants de chanvre destinés à la récolte des graines sont plus courts (environ 6 pieds) que ceux destinés à la fibre qui peuvent atteindre le double de taille. Les semences ont été plantées au début du mois de juin et la récolte a eu lieu au début du mois de septembre. Parce qu’il est à 100% bio, Alain Sigmen a laissé la base des tiges debout afin qu’elle se décompose d’elle-même dans les prochains mois et enrichisse le sol en compost.

Évidemment, une telle culture ressemblant à s’y méprendre à un champ de pot a attiré la curiosité de quelques adeptes des paradis artificiels… même si le tout se retrouve juste à côté d’une route passante. «À quelques endroits, on voit que des gens ont passé dans le champ mais je pense que les vrais connaisseurs savent que ce n’est pas de la marijuana.»

Et le prix qu’en récoltera l’agriculteur sera aussi moins payant que si cela avait été du cannabis. Alors que les autorités policières estiment qu’un seul plant de pot peut valoir 1000$ sur le marché noir, c’est environ 4000$ la tonne que souhaite tirer Alain Sigmen de sa récolte. «J’espère une production d’une tonne à l’hectare, précise-t-il. Étant donné que la culture du chanvre se développe, il y a de plus en plus d’acheteurs et ça, c’est bon pour les prix», termine-t-il.