Eau potable: la consommation a chuté de 43% depuis 2001 à Shawinigan
EAU. Plusieurs Shawiniganais ont sursauté en début d’année en consultant leur compte de taxes.
Alors que l’évaluation de leur propriété était revue à la baisse pour bon nombre d’entre eux, ils devaient encaisser tout de même une hausse de leur facture en raison de la tarification de l’eau potable qui passait de 122$ à 227$, soit une augmentation de 93%.
Une facturation juste ou déraisonnable? L’Hebdo du Saint-Maurice s’est intéressé à la question en établissant un comparatif avec des municipalités environnantes et en dressant un état de la situation de l’eau potable à Shawinigan.
À la création de la nouvelle ville en janvier 2002, chacune des sept anciennes municipalités a conservé sa tarification jusqu’en 2007, année où elle a été uniformisée à 95$ pour toutes les propriétés. En 2002 par exemple, les résidents de l’ancienne Ville de Shawinigan payaient 120$ par année, soit 2$ de moins que
ce qu’il allait leur en coûter seize ans plus tard…
En consultant les budgets antérieurs, on constate que depuis la seconde moitié des années 2000, autant Lise Landry que son successeur Michel Angers ont prévenu les contribuables qu’une hausse de la tarification se profilait à l’horizon lorsque les travaux de mise aux normes de l’approvisionnement de l’eau potable allaient s’enclencher. Finalement, ce n’est que lors du budget de 2018 qu’une première hausse notable fut enregistrée, passant de 98$ à 122$. C’est dire qu’entre 2007 et 2015, le coût de l’eau à Shawinigan n’a augmenté que de 3$.
La tarification de 227$ cette année est bien sûr imputable à ce méga-chantier de 64 millions$, dont 16 millions$ sont assumés par les contribuables shawiniganais. En fait, du montant de 227$, 27,50$ servent à financer la part de la municipalité. «Les frais d’opération de nos deux usines de traitement coûteront 2,4 millions$ de plus qu’auparavant», explique François St-Onge, directeur des communications à la Ville, pour justifier l’augmentation tarifaire.
Comme les travaux se poursuivent en 2019 à l’usine qui traitera l’eau du lac à la Pêche, dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides, une autre hausse sera sans doute inscrite dans le budget 2020 qui sera déposé en décembre prochain.
De 42 000 mètres cubes à 24 000 mètres cubes
À boire l’eau du robinet, tirer la chasse de leur toilette, prendre une douche ou laver leurs vêtements, les Shawiniganais ont consommé en moyenne 24 000 mètres cubes d’eau potable par jour en 2018.
C’est beaucoup moins que les 34 500 mètres cubes qu’ils engloutissaient en 2010 lorsqu’on a commencé à parler de mise aux normes du réseau d’approvisionnement à Shawinigan. Et que dire des 42 000 mètres cubes qui étaient extraits quotidiennement des lacs des Piles et à la Pêche en 2001.
Évidemment, les fermetures des deux papetières, Belgo (2008) et Laurentide (2014), et de l’aluminerie de Rio Tinto Alcan (2013) y sont pour beaucoup dans cette baisse drastique de la consommation. À elle seule, l’usine Shawinigan du boulevard Saint-Sacrement absorbait 6000 mètres cubes d’eau potable par jour pour ses opérations.
«Cela y a contribué, admet François St-Onge, mais il y a aussi des campagnes de sensibilisation auprès de la population qui ont aidé. Les citoyens sont aujourd’hui plus responsables qu’auparavant sur la consommation de l’eau potable.»
Le directeur des communications souligne également des initiatives prise par la Ville comme l’utilisation de l’eau non-potable pour le lavage des rues, l’arrosage des aménagements paysagers et le nettoyage des conduites d’égout. «Les jeux d’eau du parc Saint-Maurice fonctionnent également en circuit fermé», ajoute-t-il.
Les compteurs d’eau
Au printemps 2016, la Ville de Shawinigan a lancé un appel visant à trouver des volontaires pour équiper leur résidence d’un compteur d’eau.
Devant le peu de réponse, le projet a été mis sur la glace puis relancé ce printemps. «L’échantillon n’aurait pas été représentatif», explique François St-Onge. Avec des compteurs d’eau, l’administration municipale pourra mieux départager la consommation résidentielle et non-résidentielle de même que les fuites dans le réseau.
Pour se conformer à la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable, Shawinigan doit donc en 2019 installer 380 compteurs d’eau dans des résidences et multilogements. Dans une seconde phase, le projet visera plus particulièrement les institutions, commerces et industries (ICI). Au total, la Ville s’est engagée auprès du gouvernement à installer 898 compteurs non résidentiels et résidentiels d’ici le 1er septembre 2020.
Advenant que le nombre de propriétaires volontaires soit insuffisant, la Ville procédera à une sélection aléatoire, tel que suggéré par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Une lettre sera alors envoyée à la mi-avril aux propriétaires dont la résidence aura été sélectionnée.
Avec les compteurs, l’administration Angers assure qu’il n’est pas dans son intention de tarifer l’eau selon le principe de l’utilisateur-payeur mais qu’il s’agit plutôt d’une mesure visant à mieux connaître qui la consomme.