En guerre contre les usines à chiots

Isabelle Beucler est en charge d’une famille d’accueil bien particulière: elle héberge des chiens que lui confient des refuges en attendant de trouver un propriétaire permanent.

Dans les 18 derniers mois, cette résidente du secteur Grand-Mère a ainsi pris soin de 17 chiens. Le dernier en lice représente un cas bien particulier: il provient de la plus importante saisie d’animaux de l’histoire du Québec.

À la mi-septembre à Clarendon, à environ 60 km de Gatineau, les autorités policières intervenaient dans une usine à chiots faisant affaire sous le nom de Paws R Us. Quelque 527 bêtes, dont le tiers était malade, ont été remises au MAPAQ (ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec). Comme quelques chiennes étaient enceintes au moment de l’intervention, le nombre d’animaux à relocaliser dépasse maintenant les 600.

Isabelle Beucler a évidemment été touchée par cette nouvelle et s’est empressée d’aller chercher un airedale terrier mâle. En piteux état, le chien âgé entre 7 et 9 ans – impossible de déterminer son âge exact – n’avait jamais vu la lumière du jour. Durant les deux premières semaines dans sa nouvelle pension, il a hurlé presque sans arrêt. Il n’en fallait pas plus pour que la Grand-Méroise ne le baptiste Adamo, en hommage au chanteur belge.

«C’est un chien qui a peur des bruits. Mon rôle, c’est de le sociabiliser le plus possible et de lui enlever ses peurs en attendant de lui trouver une famille permanente. C’est un gros défi», raconte cette technicienne en santé animale de profession.

Tant qu’il n’aura pas une famille permanente, c’est le MAPAQ qui défraie les coûts reliés à son alimentation et à ses soins chez le vétérinaire. Adamo devra également être castré dans les prochaines semaines.

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Interdire les animaleries

Isabelle Beucler estime que les usines à chiots existeront tant que la vente d’animaux dans les magasins sera permise. «En Europe, ça fait déjà plus de 30 ans que c’est interdit. Le Québec est d’ailleurs l’un des derniers endroits qui le permet encore.» Pour la Grand-Méroise, il ne fait pas de doute que les animaleries sont toutes approvisionnées par des usines à chiots où les conditions de vie sont inexistantes.

Suite à cette saisie record qui a créé tout un émoi dans la population, le gouvernement du Québec s’est empressé de promettre une révision de la Loi sur la protection sanitaire des animaux.

L’une des modifications les plus attendues est la mise en place d’un registre obligatoire sur les activités des propriétaires de plus de cinq animaux. Trop peu selon la SPA Canada qui affirme que le Québec abriterait plus de 2000 établissements d’élevage non réglementés, soit la moitié de tout ce qu’on retrouve au Canada. «La réglementation ici est encore à l’âge de pierre», dénonce Mme Beucler.

En comparaison, la loi ontarienne permet des sanctions allant jusqu’à deux ans de prison et des amendes pouvant atteindre 60 000$ alors qu’ici au Québec, les contrevenants peuvent s’en tirer avec quelques centaines de dollars à débourser.

La famille parfaite pour Adamo? Isabelle Beucler verrait très bien un couple de retraités aimant prendre des marches. «Comme tous les airedales terriers, c’est un chien curieux et il est à son mieux lorsqu’il est à l’extérieur», termine-t-elle.