Et la tortue des bois là dedans?  Elle n’a pas voulu commenter l’affaire 

OPINION.  Nous sommes des citoyennes de Saint-Mathieu du Parc qui souhaitons nous exprimer sur la cause concernant le secteur forestier de tourbière-îlot défendu par la coalition  pour la préservation du parc récréoforestier. 

Même si madame Amina Chaffai au micro de Toujours le matin à radio-Canada, prétend que les négociations vont bien, nous voulons exprimer notre désaccord. Ce qui ressort des propos entendus ce 12 janvier, c’est que la carrière politique de Marie-Louise Tardif reluit et que la Coalition et Remabec mettent de l’eau dans leur vin afin de mieux négocier la santé de notre biodiversité!

Rappelons qu’à la première présentation publique de la coalition pour la préservation du parc récréoforestier, le 13 décembre 2021, on y défendait la richesse écologique du territoire et la protection de l’habitat de la tortue des bois.  On demandait un moratoire sur la coupe prévue le 17 janvier au profit de Remabec.

Lors d’une seconde apparition le 3 janvier à l’occasion d’une revendication citoyenne pacifique, la coalition a choisi de tirer sur la ficelle du développement économique durable au profit de la communauté grâce à l’aménagement du parc récréoforestier.

Et voilà que nos élus, Simon Allaire, puis ensuite Marie-Louise Tardif ce sont intéressés à la cause en affirmant  » y être sensible « .  On en parlait beaucoup dans les médias, il était donc de mise que nos politiciens prennent part aux discussions.

Où en sommes nous maintenant?  Il semblerait qu’en ce 12 janvier 2022, nous négocions! À coup de courriels, de textos, de cartes et d’affirmations médiatiques, nous négocions les quelques arbres que nous pourrions sauver dans cette coupe.  Et la tortue des bois la dedans?  Elle n’a pas voulu commenter l’affaire.

Même si les soi-disant consultations publiques ont déjà été faites (Il s’agit plutôt d’une publication d’information pour inviter les détenteurs de droits du territoire à se prononcer) les citoyens, en voyant les rubans autour des arbres, comprennent mieux les enjeux et tiennent à s’exprimer maintenant.

Considérant que; la pétition a récolté à ce jour plus de 3100 signatures en ligne et 400 signatures papier pour la tenue d’un moratoire.

Considérant que; la province s’est engagée à protéger 30% de son territoire en Maurice d’ici 8 ans alors que nous en sommes seulement à 7% en incluant le Parc national de la Mauricie.

Considérant que; l’accessibilité sociale n’est pas obtenue et que la coalition reçoit l’appui d’une cinquantaine d’organismes et des municipalités environnantes.

Considérant que; L’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) démontre qu’une biodiversité riche et variée protège les êtres humains contre les virus pandémiques et qu’un des facteurs essentiel de risques est la déforestation et l’érosion de la biodiversité.

Considérant que;  » Des évènements tels que les températures record en Amérique du Nord, les inondations de grandes ampleur, des incendies de forêt dévastateurs rappellent que les pays doivent redoubler d’efforts pour éliminer les effets des facteurs de risques environnementaux sur la santé  » selon Dre Maria Neira à l’OMS

Considérant que;  » Il est essentiel d’orienter les investissements vers les mesures qui permettent de remédier à la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution, qui a de grandes conséquences sur la santé  » selon Monika MacDevette de l’OMS.

Considérant que; Les écosystèmes tourbeux stockent cinq fois plus de carbone que les arbres, révèle une étude publiée dans Scientific Reports.  » Nos résultats suggèrent que les stratégies d’aménagement dans la forêt boréale devraient accorder une attention prioritaire à la préservation des écosystèmes tourbeux afin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est le message clé que nous voulons envoyer. » Selon Joannie Beaulne, diplômée de la maîtrise en géographie.

Nous demandons un moratoire sur ces coupes pour qu’on puisse prendre une décision éclairée à la lumière d’indicateurs révélateurs pour la santé physique, mentale et sociale de notre population.  Je ne crois pas que d’ici le 17 janvier, date d’arrivée des machineries sur les secteurs de coupe de la tourbière îlot, soit un laps de temps suffisant pour prendre la meilleure décision.  Une fois que les sols auront été pétri par la machinerie et les arbres auront été empilés sur les remorques, il sera beaucoup trop tard!

Souhaitons que la conscience de nos élus s’élèvera au-delà de leurs aspirations carriéristes.  Ce sont essentiellement nos prises de décision qui permettront d’échapper aux conséquences toujours plus graves des changements climatiques et des pandémies dans nos sociétés.

–          Caroline Groleau

–          Katia Cournoyer

–          Marie-Claude Dionne