Hippodrome: vers des courses sans fouet en 2019?
Le Club jockey du Québec doublera le nombre de programmes en 2020
CHEVAUX. La saison de courses à l’hippodrome de Trois-Rivières a pris fin le 25 novembre dernier avec près de 100 000 visiteurs dans les estrades. Un bilan positif annonciateur de grands changements: la possibilité d’instaurer les courses sans fouet en 2019 et deux fois plus de programmes en 2020.
«Le public est plus familial et les parieurs, de plus en plus jeunes, explique Serge Lemieux, directeur du Club jockey du Québec (CJQ). L’industrie des courses de chevaux qui était moribonde il y a quelques années a le vent en poupe», estime-t-il.
Tellement que le CJQ fera passer le nombre de programmes de 40 à 80 lors de la saison 2020. «Nous distribuons déjà 3 millions$ en bourses aux hommes à chevaux. Ça veut dire qu’on va doubler ce montant», insiste Serge Lemieux qui souligne que cette nouvelle est également positive pour les éleveurs parce que l’industrie aura besoin de plus de chevaux pour soutenir le calendrier. «Nous prévoyons que ça va créer une centaine d’emplois.»
Et l’impact des amateurs de courses sous harnais est loin d’être négligeable au niveau touristique explique Serge Lemieux. «À Trois-Rivières, c’est près de 50% des parieurs qui proviennent de l’extérieur de la région.»
Parallèlement, le CJQ procèdera à l’acquisition de l’un des dix salons de paris présentement en place au Québec. Ces endroits, qui sont en fait des franchises accordées par le CJQ, reversent un pourcentage de leurs recettes au club. «Nous commençons par un salon mais éventuellement, il y en aura d’autres», ajoute Serge Lemieux.
Pour financer ses projets, le CJQ mettra en vente deux parcelles de terrains situées aux extrémités de l’Hippodrome de Trois-Rivières et qui ne servent pas présentement. «On a déjà des acheteurs sérieux qui sont intéressés», confie Serge Lemieux sans vouloir révéler le montant que le club pourra en tirer.
Des courses sans fouet?
Autre innovation, le CJQ annoncera en début 2019 s’il instaure les courses sans fouet ou à tout le moins, en limiter l’usage seulement pour assurer la sécurité des jockeys en cas de danger. «Nous serions les premiers en Amérique du Nord à offrir des courses sans fouet», note avec fierté Serge Lemieux.
Pour vérifier la faisabilité du projet, les deux derniers programmes de la saison 2018 (18 et 25 novembre) étaient sans fouet. «C’est positif, souligne Serge Lemieux. Le public a aimé ça, les parieurs étaient au rendez-vous, les temps de courses sont stables et les jockeys ont aussi apprécié.»
Le directeur du CJQ est très conscient de l’impact que cette décision pourrait représenter pour les hommes à chevaux et il applaudit leur ouverture. «C’est un gros changement pour eux et je comprends que certains pouvaient être réticents au départ. Quand tu conduis un cheval avec un fouet depuis trente ans et qu’on te demande de le laisser de côté, ce n’est pas évident.»
Pour Serge Lemieux, cette décision s’inscrit également dans le rajeunissement du public des courses sous harnais et le changement de mentalité dans l’opinion publique. Le Shawiniganais a bien compris que son industrie n’est pas à l’abri de tout le début qui entoure présentement les spectacles de rodéos au Festival Western de St-Tite et la nouvelle loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal.
«Mais en même temps, il faut que Québec soit cohérent et adapte sa loi sur les courses avec celle sur le bien-être et la sécurité de l’animal. Il y a présentement une contradiction entre les deux. Nous allons interpeler le gouvernement dans les prochains mois afin qu’il modifie sa loi sur les courses. Il faudra qu’elle soit adaptée à la nouvelle règlementation sur l’usage du fouet que nous voulons instaurer afin que les juges puissent l’appliquer durant les courses», termine Serge Lemieux.