Il lance un cri du cœur sur les réseaux sociaux
TÉMOIGNAGE. Le Shawiniganais Mathieu Labonne a récemment lancé un cri du cœur sur les réseaux sociaux. Celui qui raconte avoir été victime d’une sauvage agression sexuelle lorsqu’il avait 14 ans souhaite maintenant que d’autres victimes se manifestent. Peu satisfait des avancées judiciaires sur le plan criminel, il compte maintenant poursuivre l’agresseur au civil.
C’est dans un long message sur le groupe Facebook «Spotted Shawinigan» que Mathieu Labonne s’est livré. Il a aussi partagé son histoire sur des pages dans d’autres villes du Québec, puisque le présumé agresseur habiterait toujours la région de Montréal.
Un 11 juillet qui tourne au cauchemar
Le 11 juillet 1987 Mathieu Labonne avait 14 ans. Il souhaitait se rendre en autostop chez une amie à Saint-Stanislas en passant par le rang Saint-Mathieu dans le secteur Shawinigan-Sud. Un homme barbu aux cheveux foncés et à la voix grave, à bord d’une camionnette Ford Ranger bleue foncée s’est arrêté. Ce dernier, alors âgé entre 35 et 45 ans, portait des vêtements de travail.
«L’homme disait venir de la région de Montréal et qu’il se rendait régulièrement au Lac Claire, qui est situé entre Shawinigan-Sud et Lac-à-la-tortue», explique-t-il.
Environ 500 mètres après l’intersection de la rue du Lac-Claire, l’homme aurait emprunté un petit chemin forestier. «Voyant ce qui se passait, je me suis dépêché d’enlever ma ceinture de sécurité pour tenter de prendre la fuite. Il m’a attrapé par le bras et les cheveux, et m’a enfoncé dans le fond du camion en me menaçant sans relâche.»
L’homme lui aurait dit de ne pas essayer de s’enfuir, sans quoi «il lui arriverait la même chose qu’aux autres», ce qui laisse présager que son agresseur aurait fait d’autres victimes, selon Mathieu Labonne.
«Cet homme m’a sauvagement agressé sexuellement et il m’a laissé au fond de cette forêt. Lorsqu’il est parti j’étais couché face contre terre, le pantalon défait. Je n’osais pas bouger, car j’étais certain que pour moi la vie s’arrêtait là», raconte Mathieu Labonne, qui s’est rendu à Saint-Stanislas à pied après l’agression, en longeant les bois. Il n’a raconté son histoire à personne à ce moment.
Ce n’est qu’en 1993 qu’il se décide à porter plainte lorsqu’il reconnait l’homme en question au poste d’essence où il travaillait à Trois-Rivières-Ouest, alors âgé de 19 ans. «J’ai pris son immatriculation et j’ai déposé une plainte officielle à la Sûreté du Québec à Shawinigan. Je l’avais aussi identifié par photo.»
L’homme aurait alors été rencontré par les policiers, mais aucune accusations n’ont été portées contre lui à ce moment.
Incompréhension
Mathieu Labonne ne comprend toujours pas pourquoi l’homme a été relâché en 1993. Depuis, son dossier a été rouvert deux fois, en 2004 et en 2015. «Le nouvel enquêteur me dit que si ça avait été lui qui avait été là en 1993, il aurait tout de suite mis l’homme en état d’arrestation», confie Mathieu Labonne.
L’enquêteur lui aurait toutefois mentionné qu’il était aujourd’hui impossible d’accuser l’homme, puisque la photo prise à l’époque ne figure plus au dossier. Cette dernière aurait été «perdue».
Mathieu Labonne, ne compte pas en rester là. Prêt à tout pour ravoir la photo de l’homme dans l’espoir de faire avancer son dossier au criminel, il entend poursuivre au civil l’homme dont il a obtenu le nom.
Du côté de la Sûreté du Québec, on explique le fait qu’aucune accusation n’a été portée puisque la parade d’identification de 1993 n’avait pas été concluante, ce qui signifie que la victime n’aurait pas identifié hors de tout doute son agresseur parmi une série de photos.
On confirme que ladite photo de l’homme a bel et bien été égarée et qu’elle ne figure plus au dossier. On aurait besoin d’un mandat pour pouvoir reprendre une photo de l’individu en question. On indique aussi qu’un dossier soumis à un procureur ne peut reposer uniquement sur une parade d’identification, ce qui suggère qu’on ne dispose pas d’assez d’éléments de preuve pour accuser cet homme.
Quoi qu’il en soit, Mathieu Labonne, père de trois enfants, a décidé de briser le silence afin que d’autres, qui auraient vécu la même chose, se manifestent.