« Je suis inquiet, très très inquiet! » -Michel Angers

SHAWINIGAN.  Après 1 an d’utilisation, les nouvelles membranes afin de filtrer la Station de traitement de l’eau du Lac-à-la-Pêche (STELAP) installées en mars dernier sont déjà périmées ce qui pourrait entraîner la fermeture de la station si la Ville de Shawinigan ne peut acheter de nouvelles membranes au fournisseur Suez.

C’est par la bouche de leurs avocats que les discussions se font actuellement entre la Ville et Suez. Les membranes étaient garanties pour une période de 10 ans par le fournisseur, et Suez refuse de vendre de nouvelles membranes selon les conditions incluses dans le contrat initial.

La Ville a donc mandaté ses avocats afin de déposer une demande devant les tribunaux une demande pour obliger Suez à vendre et livrer de nouvelles membranes pour le bon fonctionnement de la STELAP. 

L’administration municipale a été incapable de confirmer que la STELAP pourra fonctionner tout l’été avec ces présentes membranes encrassées et si la station devra être à nouveau fermée.

« Je suis inquiet, très très inquiet! Nos équipes doivent travailler sans relâche et prendre les bouchées doubles pour maintenir le plus longtemps possible les opérations avec les membranes qu’on a actuellement. Ce n’est pas facile et ça coûte cher. La situation est très fragile. Les dernières membranes, nous avons eu après de nombreux efforts. On a fait plusieurs démarches pour en avoir d’autres, et c’est le silence radio chez Suez qui ne veut pas collaborer. On n’est même plus capable de parler à la direction », fustige le maire Michel Angers. 

Suez est le fournisseur unique de ces membranes pour ce type de procédé utiliser par la STELAP. Le maire Angers rappelle que des contrats clés en main avaient été donnés dès le départ, mais que la station n’a jamais bien fonctionné. « On s’est assis dans les estrades comme spectateur avec un contrat, mais on s’est trompé d’aréna », image-t-il.

Un dernier délai avait été donné à Suez vendredi dernier, mais il y a eu un autre refus de leurs avocats. « On demande à un juge de trancher pour qu’on puisse acheter de nouvelles membranes. C’est particulier de voir une multinationale milliardaire contribuer à créer une situation critique pour les citoyens. C’est presque indécent de voir la batterie d’avocats continue de faire en sorte qu’on se trouve dans une situation aussi fragile. Si on n’obtient pas de nouvelles membranes, on risque encore une fois d’arrêter la STELAP », ajoute le premier magistrat.

Pour réduire le colmatage des membranes, les équipes opèrent la Station avec moins de produits coagulants. De plus, ils traitent les eaux résiduaires avec l’Actiflo et transportent les eaux résiduaires, les boues et les eaux de lavage jusqu’à ses stations de traitement des eaux usées. « On utilise beaucoup plus de ressources pour le nettoyage et le transport des boues », commente le directeur du service de l’ingénierie Stéphane Carbonneau. « Si on doit fermer l’usine de nouveau, nous sommes prêts à repartir le système de chloration. »

Le maire Angers a même ajouté que des municipalités ont totalement mis en arrêt leur projet d’usine d’eau potable avec membranes en raison de la situation à Shawinigan. « On a été des cobayes pour plusieurs, et un cobaye qui va coûter cher! »

Questionnée par les médias, l’administration municipale a été incapable de dire combien de temps la STELAP pourra fonctionner avec les membranes. « Tout dépendra de la consommation de l’eau », répond M. Carbonneau.

À la suite du dépôt du plan d’action par la Ville en décembre dernier, les équipes de la Ville travaillent au projet de solution permanente de fonctionnement de la Station en collaboration avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). 

Le projet sera déposé dans les prochaines semaines au ministère de MAMH et MELCCFP. La Ville et le ministère de l’Environnement annonceront conjointement la solution retenue pour la Station en temps et lieu.