«Je viens pour m’en sortir»

TÉMOIGNAGE. Jean-François Duplessis, 44 ans, sentait qu’il avait besoin d’être encadré à la sortie de sa thérapie fermée pour jeu compulsif. Quelques mois après son arrivée au centre d’hébergement du Centre d’entraide aux rayons de soleil, dans le secteur Grand-Mère à Shawinigan, il constate le chemin qu’il a parcouru grâce à l’organisme.

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«J’ai tout perdu: mon appartement, ma femme et mes enfants», confie-t-il. «L’élément déclencheur, ça été mon anniversaire que j’ai passé tout seul. (…) Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour moi, que j’établisse une structure à ma vie pour pouvoir redonner aux autres ce qu’on m’a donné.»

Retrouver un sens à sa vie

En quelques mois, sa vie a repris un certain sens, notamment grâce à une routine et un encadrement serré. «On arrive ici et on ne se sent pas jugé. Ils savent dépister nos problèmes.» Au Centre d’entraide aux rayons de soleil, les locataires ont un horaire chargé: ateliers, suivis, activités, plans de réinsertion, etc.

Dans ses périodes libres, c’est à travers le bénévolat qu’il retrouve un sentiment d’accomplissement et d’utilité. Jean-François Duplessis est depuis tout récemment membre du conseil d’administration du Centre d’action bénévole Grand-Mère et il s’implique notamment auprès du Club des petits déjeuners. «Ça m’aide à ne pas être seul. Ça me montre que je suis capable d’aider. Je vois que je peux faire confiance aux autres.»

«Tout être humain a un cœur»

Jean-François Duplessis est conscient des préjugés qui entourent l’organisme du secteur Grand-Mère à Shawinigan.

«Des consommateurs, il y en a partout à l’extérieur. Je ne vois pas pourquoi l’image de la bâtisse est ternie. C’est un organisme qui nous vient justement en aide. Je viens pour m’en sortir, pas pour m’enfoncer», explique-t-il. «Tout être humain a un cœur. Ce n’est pas parce qu’on a été dans la consommation que nous sommes de mauvaises personnes», conclut-il.

«On ne veut pas que les gens regardent les individus pour ce qu’ils ont fait, mais pour ce qu’ils sont en train de devenir. Ça c’est important», appuie de son côté la directrice générale et clinique de l’organisme Patricia Dellow.

À quoi ressemblera la vie de Jean-François Duplessis dans les mois à venir, lorsqu’il quittera l’hébergement encadré? Difficile de dire pour le moment. «Pour être très sincère, c’est un jour à la fois. Je ne suis pas capable de dire ce sera quoi le "après". Je ne suis pas rendu là.» Mais s’il se fie à son évolution au cours des derniers mois, l’avenir est de bon augure, beaucoup plus que s’il avait été laissé à lui-même à la sortie de sa thérapie.