Jorge Gonçalves: le sauveur de l’église Saint-Pierre
IMMOBILIER. «Vous trouvez ça étrange d’acheter une église? Le monde pense que c’est fou?», demande Jorge Gonçalves en souriant.
Attrapé entre deux allers-retours Montréal-Shawinigan, le nouveau propriétaire de l’église Saint-Pierre a bien voulu dévoiler ses plans à L’Hebdo. «Le peu de personnes à qui j’ai dit que j’allais acheter une église m’ont demandé: Es-tu sérieux?» L’ingénieur d’origine portugaise est bien conscient de s’être lancé dans une aventure périlleuse étant donné que les frais de chauffage, d’éclairage et de déneigement de l’église et du presbytère se chiffrent à près de 40 000$ par année, soit l’équivalent du prix qu’il a payé pour les deux bâtiments.
Comme il avait été mentionné le 9 août lors de l’annonce de la vente par la paroisse Sainte-Marguerite d’Youville, Jorge Gonçalves veut faire de l’église un espace culturel. «Ça pourrait servir de galerie d’art, de musée, pour présenter des concerts, énumère-t-il. Mais moi, je ne prendrai pas en charge l’organisation de ces événements. J’offre le lieu et je suis ouvert aux propositions.»
Jorge Gonçalves dit toujours avoir été attiré par des bâtiments qui ont une histoire. Avec l’église Saint-Pierre et ses multiples vitraux de Guido Nincheri et son orgue Casavant, il est bien servi. Avant d’acquérir le temple shawiniganais construit en 1929, le Montréalais avait entrepris des démarches pour acheter l’église de Saint-Justin, dans la région de Maskinongé. «Mais elle avait été vidée au complet», explique-t-il.
Pas de liquidation au programme
C’est ainsi que Jorge Gonçalves a été approché par l’agent immobilier chargé de vendre l’église shawiniganaise. «C’est ce qui m’a attiré ici. Le contenu de l’église a été préservé intégralement.» Complet en effet puisque même les aubes et étoles portées par les curés durant les messes sont encore savamment pliées dans les tiroirs de la sacristie.
Juste avec ses six imposants confessionnaux, ses trois autels en marbre et ses centaines de bancs, il serait facile pour Jorge Gonçalves de liquider une partie de l’inventaire pour récupérer son investissement, mais ce n’est pas dans ses intentions. «Il y a des gens qui m’ont approché en ce sens, mais si je me mets à vendre des morceaux, le lieu va perdre de son intérêt parce que ça ne sera plus complet.»
Même après la signature de l’acte de vente, la paroisse Sainte-Marguerite d’Youville est revenue en catastrophe avec une clause supplémentaire défendant au nouveau propriétaire de vendre les vitraux de Nincheri. «J’ai accepté, mais je leur ai dit: Où est-ce que je pourrais les mettre si je les enlevais? Qui va acheter ça? Ça prend quelqu’un qui a une église pour acheter ça.», sourit-il.
Une garderie dans le presbytère?
Quant au presbytère, Jorge Gonçalves compte le transformer en appartements ou en chambres à louer pour des personnes âgées autonomes. Pour l’instant, il n’est habité que par un prêtre qui aurait la meilleure vue en ville sur le Saint-Maurice. «Vu que l’église ne pourra jamais faire ses frais, c’est le presbytère qui va aider à le faire», explique le propriétaire qui estime pouvoir aménager huit appartements 2 ½ et 3 ½ ou bien dix-huit chambres individuelles. L’ingénieur civil évoque aussi l’aménagement d’une garderie au rez-de-chaussée. «J’ai entendu dire qu’il n’y en avait pas au centre-ville et que ça serait peut-être un besoin», dit-il.
Alors qu’il fêtera ses 60 ans d’ici la fin de l’année, Jorge Gonçalves compte passer plus de temps à Shawinigan pour réussir son pari. «Je veux passer à autre chose: préserver un bâtiment et être plus sociable parce que les ingénieurs ne le sont pas toujours des fois. Ils sont trop dans les chiffres», termine-t-il en souriant.
Les personnes ou organisations intéressées à présenter des événements ou des projets à l’église Saint-Pierre peuvent communiquer avec Jorge Gonçalves par courriel à stratosphere_2000@yahoo.com