La justice au service de l’éducation

ÉDUCATION. On retrouvait une tout autre dynamique au palais de justice de Shawinigan jeudi matin alors que ce sont des jeunes de 5e année de l’école Immaculée-Conception qui animaient la salle d’audience dans le cadre d’un projet simulé.

Pendant 16 semaines depuis le début de l’année scolaire, les procureures de la Couronne Me Catherine Vincent et Me Audrey-Anne Boily se sont déplacées dans la salle de classe de l’enseignante Stéphanie Lemire afin d’informer les jeunes, non seulement sur le fonctionnement judiciaire, mais aussi sur les impacts et l’importance de terminer les études afin d’obtenir un bon emploi.

Il s’agit d’un projet-pilote qui avait déjà été mis de l’avant à Longueuil et au Saguenay, et le ministère de la Justice par l’entremise du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), en collaboration avec le ministère de l’Éducation, désirait le déployer à l’ensemble de la province.

C’est l’école Immaculée-Conception qui a été choisie par les avocates pour la Mauricie, en raison de sa proximité avec le palais de justice de Shawinigan.

«Le projet représentait beaucoup de temps en classe avec une période par semaine où les avocates venaient en classe pour animer les leçons liées au programme, explique l’enseignante Stéphanie Lemire. Le projet entrait dans le cours Éthique et culture religieuse. L’objectif est de prévenir la délinquance. Les enfants à cet âge n’ont pas encore eu des propositions pour entrer dans des gangs de rue, et le projet permet de les prévenir des risques qui peuvent découler d’une mauvaise décision. Le projet a suscité un vif intérêt chez les jeunes. Le projet a permis aux jeunes de témoigner ouvertement de ce qu’ils pouvaient vivre, et on voyait que certains étaient déjà bien informés sur différents sujets comme les gangs de rue.»

En plus du vocabulaire juridique, les jeunes ont pu en apprendre plus sur les rôles de chacun dans un palais de justice. Des thématiques comme l’intimidation, le choix de carrière, l’école buissonnière et bien d’autres ont aussi été abordés.

Au fil des leçons prodiguées par les avocates, un scénario pour un procès simulé a été conçu par les élèves.

À la cour, chacun avait son rôle à jouer, que ce soit l’accusé, les procureurs de la Couronne, les avocats de la défense, le huissier, le greffier, et le jury qui rendait le verdict. De son côté, le juge David Bouchard tenait son propre rôle. Les jeunes ont même pu lui poser des questions au terme de la simulation.

Le scénario

L’accusé, Thomas Gagné, 16 ans, est accusé de possession d’arme dans un dessein dangereux, et port d’arme dissimulé. Il s’agit d’un élève du secondaire qui est intimidé et qui a parlé souvent de vouloir se défendre. Lorsque l’intimidateur est allé vers l’accusé, un fusil est tombé de son sac à dos. L’accusé se défend en disant qu’il ne savait pas que l’arme se trouvait dans son sac et que quelqu’un l’avait mis à cet endroit.

Au terme du procès, l’accusé est reconnu coupable sur les deux chefs.

Les jeunes jouaient tous les rôles lors du procès simulé.

L’implication des avocates

Me Catherine Vincent a adoré son expérience avec les jeunes. «C’est très différent de notre rôle de procureure de la Couronne où on est dans un bureau ou dans la salle d’audience. On allait tous les lundis à l’école pour une période d’une heure pour leur apprendre le système juridique, mais pas juste ça. Le programme se nomme Projet d’enrichissement juridique et décisionnel, alors ça permettait aussi aux jeunes d’apprendre comment choisir les bonnes décisions dans la vie. On les a outillés pendant toute l’année sur les décisions qu’ils auront à prendre dans les prochaines années à l’aube de l’adolescence. Pour moi, ç’a apporté beaucoup d’espoir de voir les jeunes qui sont si allumés et si enthousiasmes. Les jeunes voient beaucoup de choses dans les médias, mais ne comprennent pas toujours la portée. Les jeunes étaient contents de nous voir arriver en classe. Quand on demandait si les jeunes avaient des questions, on voyait toutes les mains se lever.»

Au départ, le projet a été créé en Californie en 1993 et il s’adressait aux adolescents. En raison du manque d’intérêt, le projet a été redirigé vers des élèves plus jeunes. Le DPCP a calqué le programme et l’a adapté aux lois du Québec et du Canada pour les présenter dans les écoles. Le projet était discrétionnaire aux procureurs de la Couronne qui voulait s’impliquer.

Commentaires de jeunes

«C’était super le fun. C’était difficile de parler devant plein de monde, mais ça s’est bien passé. J’ai pas trouvé difficile de comprendre, et j’ai appris qu’il ne faut pas s’approcher des gangs de rue», exprime Marilou Picard-Harding.

De son côté, le projet tombait bien pour Anne-Marie Poirier âgée de 11 ans puisqu’elle songeait déjà à devenir avocate alors qu’elle n’avait que 7 ans. «J’ai appris sur les infractions qu’une personne peut faire. Quand notre enseignante nous a présenté le projet au départ, je trouvais ça le fun parce que je veux être avocate. Je jouais le rôle d’avocate de la défense, et ça m’a donné encore plus le goût!»

Le groupe ayant participé au projet.