La camerise, un petit fruit qui voit grand

AGRICULTURE. Dans les champs de Saint-Boniface, 2200 camerisiers s’apprêtent à se couvrir de petits fruits bleus acidulés aux nombreuses vertus. Ce verger de camerises biologiques est l’aboutissement d’un parcours pour Danielle Gélinas, propriétaire de la ferme Aux multiples jardins, formée en nutrition, en soins infirmiers et en herboristerie.  

«J’ai eu un coup de cœur pour la camerise», laisse-t-elle tomber. «Une partie de ma carrière s’est passée auprès des gens atteints du cancer. Je me suis toujours intéressée à savoir comment les aider. C’est un cheminement de vie», dit celle qui a toujours eu un certain intérêt pour les plantes médicinales.

Le verger de Saint-Boniface est établi sur le domaine familial, où son père opérait jadis une érablière. C’est elle qui a labouré les champs à partir de 2008. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle a récolté les premiers fruits de ses efforts… notamment en raison des oiseaux gourmands!

Pommiers ou lupins sont minutieusement aménagés dans les vallons du verger. «Ils font partie d’une biodiversité pour attirer les pollinisateurs», explique l’agricultrice.

Son slogan? «Productrice de camerises BIO et de bonheur».

«Le fruit de la longévité»

Implantée en 2007 dans la campagne québécoise, la camerise figure sur la liste des petits fruits en émergence. On le retrouve à l’état sauvage dans quelques régions.

Le camerisier, aussi appelée chèvrefeuille comestible, produit un petit fruit qui ressemble à un bleuet allongé, à la peau bleue et à la chair pourpre. Il est extrêmement riche en antioxydants et il est rempli de fibres, de potassium et de vitamines A et C. Les Japonais le considèrent comme «le fruit de la longévité de la vie et le fruit de la vision».

Petit arbuste résistant, le camerisier est bien adapté aux conditions nordiques propres au Québec. Le verger de Saint-Boniface est constitué de sept variétés russes et de deux variétés japonaises.

Au goût? «C’est un fruit qui prend sa place. Je dirais que ça se rapproche du bleuet sauvage, avec un goût acidulé. Il rappelle aussi les framboises ou les mûres», explique Danielle Gélinas. «Il se mélange bien avec la fraise ou le bleuet.» On le mange frais, en mousse, en confiture, en coulis…

La voie du biologique

L’heure de la récolte est bientôt arrivée pour ce petit fruit qui se cueille au début de l’été.

Le verger de Saint-Boniface produira environ 20 000 livres de camerises cette année, une petite production si on la compare à d’autres au Québec. Comme une dizaine de producteurs dans la province, Danielle Gélinas a choisi une culture biologique, elle qui a reçu la certification ECOCERT.

Il est possible de se procurer la camerise biologique de Saint-Boniface de la mi-juin au début juillet, directement au verger Aux multiples jardins, situé au 1605, chemin de la Station. Il est également possible de faire de l’auto-cueillette sur place.

120 producteurs de camerises réunis pour échanger

Le 8 juin dernier, 120 des 200 producteurs de camerises au Québec étaient réunis pour une activité qui se déroulait en partie au verger Aux multiples jardins à Saint-Boniface. Un autobus est même débarqué du Saguenay-Lac-Saint-Jean, où on retrouve la plus grande quantité de producteurs dans la province.

«C’est principalement une journée de réseautage et de partage des connaissances. Il y a aussi des démonstrations technologiques», indiquait, sur place, Manuel Gosselin, président de Camerise Québec et producteur à Sainte-Cécile-de-Milton.

L’association Camerise Québec a deux grands objectifs, celui de faire connaître le petit fruit, et celui de travailler au développement des pratiques pour augmenter le rendement. «C’est une nouvelle production, complètement en émergence. Tout est à faire, rien n’est parfaitement connu», raconte-t-il.

Depuis 2007, plus de 1 000 000 plants de camerisiers ont été mis en terre dans toutes les régions du Québec par plus de 200 entreprises agricoles. 

(Avec des informations de Camerise Québec (www.camerisequebec.com).