La cave de gars de Frank Hallé…
PASSION. «C’est une cave de gars. Une man cave», nous avertit Frank Hallé avant d’ouvrir la porte…
Lumière tamisée, bar central, plafond en stucco, le lieu nous projette instantanément quarante ans en arrière, dans les années 70 et 80. Frank Hallé a longtemps exploité une entreprise d’amusement de tables de billard et de jeux d’arcades.
L’époque est révolue et inconnue de la jeune génération, mais le Shawiniganais a créé un lieu qui en fait revivre l’esprit avec ses machines à boules; sa borne de jeux équipée des classiques Pac Man, Donkey Kong, Tetris, Zelda, Mario Bros, etc.; ses tables de hockey et de babyfoot, son simulateur de courses automobiles et de golf; sa cible de dards, etc.
«Le prix de ces jeux des années 70 et 80 a doublé, triplé et même quadruplé dans la dernière année avec la pandémie», raconte-t-il aux côtés d’une machine à boules Gorgar, datant de 1979 et qui vaudrait environ 4000$. Première machine à boules parlante avec une voix synthétique, elle a un vocabulaire de sept mots selon Wikipiedia.
Mais entre tous ces trésors qui raviveront la fibre nostalgique des 50 ans et plus, les machines à boules bingo de Frank Hallé constituent le joyau des lieux. C’est bien simple, le Shawiniganais possèderait la plus importante collection du genre au pays.
L’ancêtre du gambling
«J’en ai une centaine», lance-t-il. Fabriquées entre 1951 à 1981 par Bally et fonctionnant à coup de 5¢ et 10¢, les machines à boules bingo ont été interdites au Canada et aux États-Unis à compter des années 1980 parce qu’elles s’apparentaient aux slut machines.
«C’est l’ancêtre du gambling», précise Frank Hallé qui se souvient d’y avoir joué dans sa jeunesse au Bonanza et au Dauphin. À la différence des machines à boules traditionnelles, celles-ci n’ont pas de flippers. La tentation de secouer trop brusquement la table pour rediriger la balle est parfois tentante, mais attention au TILT…
Frank Hallé a véritablement monté sa collection de machines à bingo à un palier supérieur il y a quelques années en reprenant l’inventaire abandonné d’Alouette Amusement à Montréal. «Il y avait eu une descente de la GRC dans les années 1980 pour saisir les appareils, mais au 2e étage, il y avait un local plein d’appareils qui avait été laissé là. J’ai rempli deux camions cubes pour les ramener à Shawinigan. Il y en a même une de 1974 qui est encore dans sa boîte originale. Elle n’a jamais servi», raconte-t-il fièrement.
Il en fait aujourd’hui le commerce en les restaurant et revendant à des collectionneurs un peu partout au pays. «J’ai un technicien qui me les remonte à Sainte-Thérèse. Il a été élevé là-dedans parce que son père en faisait la distribution quand c’était légal. C’est un système électromécanique à l’intérieur et rare les personnes capables de s’y retrouver», termine-t-il.
Coupe Memorial : Zlobin lance et compte…
Actionnaire des Cataractes, Frank Hallé s’est payé une fantaisie durant la dernière année pandémique: une machine à boules commémorant la victoire de Shawinigan lors de la Coupe Memorial de 2012.
Partant d’un appareil aux couleurs des Harlem Globetrotters, le Shawiniganais a alors élaboré son concept: tableau d’affichage avec la tête du guerrier amérindien; plateau avec les images d’Anton Zlobin marquant le but vainqueur en prolongation; de Michael Bournival brandissant la Coupe Memorial; les logos de la franchise au fil du temps (lettre S, Bruins, Dynamos, Cataractes, 50e); cibles à abaisser ornées des logos des Oil Kings d’Edmonton, des Sea Dogs de St-John, des Knight de London et de la Coupe Memorial; tourniquets avec la mascotte Tomahawk; clins d’œil au passé avec Michel Brière tel qu’on le voyait en entrant à l’aréna Jacques-Plante et le gardien Marvin Cupper lors de la Classique hivernale de 2015 à Saint-Tite.
«J’ai travaillé huit mois là-dessus», sourit Frank Hallé qui en a confié la conception à Michael Cayer, un artiste de Montréal spécialisé dans le hairbrush. Il a notamment peint des œuvres sur les casques de skieurs acrobatiques Mikaëk Kingsbury et des sœurs Dufour pour ne nommer que ceux-ci. Selon Frank Hallé, il s’agirait d’une des seules machines à boules dédiées à un club de hockey. «J’ai entendu parler d’une autre aux couleurs des Bears de Hershey. La mienne est unique et jamais je ne la vendrai», promet-il.