La grogne se fait sentir chez les Shawiniganais
MUNICIPAL. Les Shawiniganais n’en peuvent plus de se sentir pris à la gorge et de voir leur compte de taxes monter année après année. Ils ont envoyé un message clair au conseil municipal lors de la séance de janvier.
Une centaine de citoyens se sont déplacés le 15 janvier dernier pour assister à la première séance de l’année 2019, qui concorde avec la réception du compte de taxes de la nouvelle année.
Une avocate criminaliste à Shawinigan, Me Karine Bussières a fait circuler une pétition où 400 personnes ont apposé leur signature afin de demander au conseil municipal de faire revoir l’évaluation municipale réalisée par la firme Servitech. D’ailleurs avant l’assemblée, plusieurs citoyens ont signé cette pétition.
Mme Bussières a pris la parole devant les élus afin de recevoir plus d’explications sur l’évaluation et le taux de taxes foncières. Elle demandait au maire Michel Angers de faire des pressions auprès de la firme pour qu’elle recommence l’exercice d’évaluation.
Le maire Angers a rétorqué qu’il avait fait valoir son mécontentement, mais qu’il ne pouvait pas aller plus loin puisque les lois provinciales sont ainsi faites.
D’ailleurs, le maire a annoncé que les représentants de la firme Servitech allaient tenir une séance d’information afin de répondre aux questions des citoyens le 5 février prochain à 19h à l’Auberge Gouverneur de Shawinigan.
À plusieurs reprises, le maire Angers a répondu que le seul moyen de faire revoir son compte de taxes est de contester l’évaluation réalisée par la firme Servitech. «On n’a pas de réponse», a crié un homme dans la salle. Vraisemblablement, les gens présents auraient aimé recevoir une autre réponse.
Au cours de la séance de questions quelque peu cacophonique, les gens applaudissaient chaque intervention des citoyens qui ont passé devant le micro.
Il faut rappeler qu’il est rare de voir le rôle d’évaluation baisser dans une municipalité pour une maison moyenne, mais ç’a été le cas cette année avec l’évaluation réalisée par Servitech avec une baisse de la valeur de 2%. Toutefois, pour les propriétaires qui ont vu leur rôle d’évaluation grimpé, la hausse du compte de taxes est assez salée en prenant en considération la hausse de la tarification pour l’eau potable. Le maire a admis qu’il y avait bel et bien une hausse du taux de taxes foncières de 4,2% en ajoutant la tarification de l’eau potable pour une maison moyenne de 146 000$.
«Je vous donne un conseil, a rétorqué Karine Bussières. Quand on est transparent avec sa communauté, on en tire vraiment avantage. Quand vous avez mentionné que le taux de taxes est 0,19% de moins sur la facture, vous saviez que c’était faux. Vous saviez que pour la plupart il s’agissait d’une augmentation majeure. (…) Je me suis mobilisé pas juste pour moi, mais pour tous ceux qui ne pouvaient pas le faire. Je me rends compte que les questions sont contournées et je peux vous dire qu’aujourd’hui vous auriez perdu votre procès certainement.»
Exemple concret
L’entrepreneur André Goulet a fait part de son évaluation et de son compte de taxes depuis la fusion de 2002. Sa résidence au secteur St-Jean-des-Piles était évaluée à 230 000$ en 2002 et il payait 3240$. Sans avoir apporté des améliorations majeures à sa résidence, et aujourd’hui sa maison est évaluée à 609 300$ et il doit débourser 9175$ en taxes.
«5000$ sur 10 ans, ça fait 50 000$ et il faut que je travaille pour ça. Et je n’ai pas de trottoir et pas d’autobus devant chez moi. Je suis un entrepreneur qui a bâti des terrains. J’ai vendu une quarantaine de terrains de la même grandeur avec la même topographie. D’un terrain à l’autre, l’évaluation des terrains que j’ai vendus est très différente. Un voisin à une maison similaire à la mienne a une évaluation de 125 000$ de moins. Ce n’est pas normal», explique M. Goulet.
Le maire Angers a répliqué que la Ville n’avait pas le choix d’aller en appel d’offres pour une firme d’évaluation qui est indépendante de la Ville, et curieusement pour toutes les villes, il y a toujours un seul soumissionnaire. »on n’aura pas de réponses claires lors de l’assemblée avec Servitech. Je vous mets au défi, venez voir les deux maisons et vous allez constater qu’elles sont similaires», répond M. Goulet.
«Je vous crois, ajoute le maire. Et j’ai fait quelques constats. Mais le seul moyen possible est de contester l’évaluation», rétorque M. Angers.