La maladie force Yves Lévesque à démissionner

TROIS-RIVIÈRES. Le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, a annoncé officiellement sa démission jeudi matin par voie de communiqué. Des ennuis de santé le poussent à quitter la vie politique.

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«C’est avec une âme remplie de tristesse, que je vous informe de la difficile et déchirante décision de quitter mon poste de premier magistrat à titre de maire de la Ville de Trois-Rivières, peut-on lire. Pour des raisons médicales et sur la directive de mon médecin, j’en suis arrivé à cette inéluctable décision.»

«Je me dois de vous témoigner à vous, Trifluviens, une reconnaissance incommensurable pour la confiance que vous m’avez accordée depuis plus de vingt ans, et je vous en serai toujours redevable», a-t-il tenu à dire aux citoyens de Trois-Rivières, ajoutant qu’il quitte avec le sentiment du devoir accompli.

M. Lévesque devait revenir au travail au début du mois de janvier, lui qui était en congé de maladie depuis octobre sous recommandation de son médecin.

Les conseillers municipaux ont appris la nouvelle ce matin, réunis en caucus.

«C’est effectivement son médecin qui a fortement recommandé à M. Lévesque de se retirer complètement et de ne pas penser à un retour quelconque, confirme Yvan Toutant, porte-parole du cabinet du maire. Cela a fait mûrir sa décision en ce sens. Quand c’est une question de santé, il faut prendre ça au sérieux.»

C’est une véritable onde de choc qui a balayé les élus municipaux, ainsi que les membres du cabinet du maire.

«C’est sûr qu’on n’a pas toujours été d’accord sur la façon de faire et sur des décisions, poursuit avec émotion M. Toutant qui œuvrait aux côtés d’Yves Lévesque depuis de nombreuses années. On s’est chicané à certaines occasions, mais c’était tellement un leader. Trois-Rivières tourne une page importante aujourd’hui. On peut être en désaccord sur la façon de faire, mais les réalisations, en bout de ligne, auront permis aux Trifluviens d’avoir une plus grande fierté.»

Cette démission sera effective au moment où le conseil de ville siégera de nouveau, soit le 15 janvier. Cela signera le début de la fin du règne d’Yves Lévesque comme maire de Trois-Rivières, qui en était à son cinquième mandat consécutif.

À compter du 15 janvier, la présidente des élections disposera de quatre mois pour tenir un scrutin à la grandeur de la ville, en vertu de la Loi sur les cités et villes. Cela nous mènerait au mois de mai. D’ici là, c’est la mairesse suppléante, Ginette Bellemare, qui assurera l’intérim d’ici là.

À la Ville, on prévoit que l’élection partielle devrait coûter un million de dollars. La moitié de ce montant a déjà été amassé en prévision des élections municipales de 2020. Le conseil municipal devra décider dans quelle enveloppe municipale piger pour combler le reste de cette somme.

De nombreuses réactions

Yvan Toutant, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières

«Il aura laissé sa marque à Trois-Rivières. C’est mon partenaire depuis que je suis arrivé ici. Il y a beaucoup d’émotions ce matin autour de la table du conseil. Tout le monde reconnait le travail immense qu’a fait M. Lévesque. Aujourd’hui, on tourne une page. Je suis convaincu qu’il aurait préféré faire une autre sortie que de devoir quitter en raison de la maladie.»

Yvon Deshaies, maire de Louiseville

«C’est un homme que j’ai beaucoup apprécié et que j’ai aimé côtoyer. Un homme très sympathique, un maire travaillant. Quand il me rencontrait, il venait toujours me donner la main. Il prenait de mes nouvelles et des nouvelles de Louiseville. Souvent, les maires des grandes villes ne s’occupent pas des plus petites. Lui, ce n’était pas le cas! Il était près de nous. Je m’adonnais bien avec lui.»

«Il est comme moi, un peu coloré et nerveux. Il se dévouait depuis 25 ans pour la ville. Je comprends qu’il est peut-être rendu au bout du rouleau. Il a toujours travaillé fort pour Trois-Rivières. Il défendait sa ville partout. On a vu Trois-Rivières bouger et grossir. Avec la fusion, c’était un peu plus difficile, mais il a beaucoup contribué à la nouvelle image de Trois-Rivières. Yves Lévesque n’est pas un personnage, il est maintenant un monument.»

Michel Angers, maire de Shawinigan

«C’est un batailleur, un homme intense. Du moment où ses médecins lui ont recommandé de ralentir la cadence, cette décision était prévisible. C’est encore plus exigent que d’être député  à Québec ou Ottawa. Tu n’as pas un soir, une fin de semaine pour toi. Tu es toujours près des critiques. Quand ça fait 25 ans que  tu suis ce rythme, ça vient te frapper un jour.»

Même s’il ne partageait pas toujours ses opinions ou ses façons de faire, Michel Angers entretenait d’excellentes relations avec son homologue de Trois-Rivières. «C’est certain que Shawinigan devait travailler plus fort parce que notre voisin, c’était la Capitale régionale, mais Yves Lévesque a toujours été un bon allié pour nous comme dans le dossier du Fonds de développement économique régional.»

Pour le maire de Shawinigan, il ne faut aucun doute que si Trois-Rivières est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, le crédit en revient en bonne partie à Yves Lévesque et les différentes administrations qu’il a présidées dans sa carrière. «Il a pris des risques, mais les résultats sont là.»

Geneviève Dubois, mairesse de Nicolet

Bien qu’elle n’ait pas eu l’occasion de le côtoyer beaucoup dans les deux dernières années, la mairesse de Nicolet Geneviève Dubois voit en Yves Lévesque un homme combatif et engagé.

«La politique, ça prend tout notre temps, notre énergie et notre disponibilité mentale. Y consacrer 25 ans de sa vie, c’est admirable. Mais quand on n’a plus la santé, c’est le genre de travail qui peut devenir désagréable, car c’est très demandant. Je crois que M. Lévesque prend aujourd’hui la sage décision de se choisir. Je souhaite à M. Lévesque de prendre le temps de refaire sa santé pour pouvoir profiter d’une retraite active.»

Pierre-David Tremblay, maire de La Tuque

«C’est un homme intense. Il est très attaché à son coin. Trois-Rivières ne devait pas être en reste par rapport à Montréal ou Québec. Il défendait beaucoup sa région, il y avait quelque chose à Trois-Rivières qui valait la peine d’être su, entendu, en terme de développement.»

Au plan humain, M. Tremblay a salué le côté jovial et le grand sens de l’humour de M. Lévesque. «Il est très facile d’approche.»

 

D’autres réactions à venir.

Avec la collaboration de Pier-Olivier Gagnon, Sandra Lacroix, Bernard Lepage et Michel Scarpino.