La nouvelle réalité des dépanneurs

DÉPANNEURS. Suite au congrès de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) qui s’est déroulé il y a environ d’un mois à Trois-Rivières, TC Media a voulu connaître les réactions de propriétaires de dépanneurs shawiniganais qui vivent une réalité différente depuis plusieurs années.

Le propriétaire du Marché H Paillé situé sur la rue St-Paul à Shawinigan, Guy Paillé, indique que les propriétaires de dépanneurs n’ont pas d’autres choix de se diversifier afin d’augmenter leurs profits. S’ils misent seulement sur l’alcool, les cigarettes ou l’essence qui sont de plus en plus taxés par les gouvernements, il est difficile pour eux de voir des profits apparaître.

«Pour nous, nous ne sommes pas dans la moyenne des dépanneurs qui finissent l’année avec moins de 1% de profits nets. On ne peut pas se comparer avec un dépanneur normal en raison de nos produits maison. En plus des caissières, nous avons six cuisinières qui préparent nos produits. Au départ, le but premier n’était pas les mets préparés puisqu’on vendait plutôt de la viande. Lorsque j’ai commencé à vendre des mets préparés il y a 20 ans, j’étais le premier à le faire à Shawinigan. L’avenir des dépanneurs est dans les mets préparés.»

De son côté, Yves Angers, propriétaire du dépanneur Sonichoix à St-Boniface, dénonce notamment l’augmentation des taxes sur l’essence dictée par les gouvernements. «Ça va quand même bien pour mon commerce, mais chaque fois que le gouvernement taxe, ce sont nos coûts qui augmentent par la bande. Par exemple, lorsque l’essence dépasse le prix de 1,50$ le litre, on ne fait aucun profit.»

Le dépanneur de St-Boniface fait affaire avec la coopérative fédérée de Sonic pour l’achat de son essence. «De notre côté, on ne pourrait pas concurrencer les autres stations d’essence qui ont un programme de fidélisation de leurs clients. Nous faisons du profit sur l’essence seulement lorsque nous avons un grand volume de vente. Mais ça prend ça pour attirer du monde. Lorsque nos clients achètent de l’essence, ça les fait rentrer dans le dépanneur pour acheter d’autres choses. Selon moi, il n’y a pas un grand avenir pour les dépanneurs qui n’offrent pas l’essence.»

Pour appuyer ses dires, M. Angers indique qu’il y a 20 ans, les propriétaires de dépanneurs pouvaient faire 2$ de profit sur une caisse de six bières. «Aujourd’hui, on peut faire environ 1,25$ de profits sur une caisse de 24. C’est pour ça que ça prend de la variété, comme des bières de micro-brasseries. Depuis un certain temps, on a ramené la vente de bonbons en vrac.»

M. Angers doute sur la relève pour les dépanneurs. «Il y a des Chinois de plus en plus qui achète des dépanneurs, mais leurs profits sont plus grands puisqu’ils vivent dans le même immeuble et font toutes les heures.»