La soie du Québec, un filon à exploiter… en Mauricie!

Bien qu’elle fasse partie de notre paysage depuis toujours, jamais personne n’avait songé à exploiter la fibre de l’asclépiade, cette plante indigène que l’on retrouve un peu partout au Québec et qui pourtant présente des caractéristiques similaires à la fibre de soie. L’entreprise de Sainte-Thècle Mékinac Nature a pour sa part saisi l’opportunité de ce grand potentiel, elle qui a implanté cette culture dans sa production afin d’approvisionner les projets reliés à cette nouvelle industrie.

Connue et reconnue pour sa production d’huile et de produits du chanvre, Mékinac Nature travaille de près avec l’industrie du textile. C’est d’ailleurs grâce à ça qu’est né le projet Soie Québec, issu de l’expertise de Daniel Allard de Mékinac Nature et de la Ferme Algo, ainsi que de François Simard, de l’entreprise ENCORE 3 et Protec-Style. L’un étant spécialisé dans le volet production, l’autre dans le volet industrie, cette collaboration aura donné naissance à une nouvelle filière, jamais exploitée jusqu’ici.

Jusqu’à maintenant, plus de 2,3 millions de dollars ont été investis dans la mise en place de cette nouvelle expertise, et ce n’est qu’un début! C’est donc dire que depuis peu, la culture de l’asclépiade – aujourd’hui connu sous soyer du Québec – est une filière agro-industrielle en pleine expansion.

«Il y a là un potentiel incroyable à développer», se réjouit Daniel Allard, qui travaille fort afin d’amener la construction d’une usine de première transformation dans la région.

Pour déployer ce créneau, M. Allard a formé en avril 2013 la Coopérative Monark. Cette coopérative a pour mission de soutenir les producteurs dans la culture du soyer du Québec, en leur procurant la formation et les outils nécessaires pour favoriser le succès de leurs récoltes. Jusqu’à présent, elle compte une vingtaine de membres, intéressés à cette culture pour diversifier leurs activités tout en valorisant des terres jugées marginales.

Le MAPAQ Mauricie, dont l’agronome et conseillère en grandes cultures Maryse Provencher, supporte également Daniel Allard et son équipe dans ce projet d’envergure.

Un créneau d’excellence

Au cours du Grand rendez-vous des Créneaux d’excellences du Québec, tenu en novembre dernier, la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb, a remis la distinction Réalisation de l’année au projet Soie Québec, du créneau des Matériaux souples avancés.

Ce dernier consiste à produire un fil totalisant 25% de contenu d’asclépiade. L’objectif est d’offrir une alternative à la soie qui soit aussi performante, de qualité constante et de moindre coût.

Cette distinction fait évidemment la fierté de ses artisans et confirme le potentiel du soyer du Québec.

Bien que la coopérative a réparti la production dans cinq régions (une sécurité advenant un problème dans une production), Sainte-Thècle demeure à la base du projet. En fait, c’est ici que la production d’asclépiade a commencé, que les tests ont été faits, que se trouve le champ-école, etc.

«Notre rôle est de regrouper des producteurs, de développer une expertise et de l’équipement, explique Daniel Allard. Comme c’est une industrie qui n’existe pas, il faut partir de rien et tout créer.»

Volet opération, une fois le follicule de l’asclépiade récolté, il sera acheminé à Granby, où se trouve la machinerie pour l’extraction du grain et de la soie, puis transformé par l’entreprise ENCORE 3. La fibre qui en sera extraite desservira différents marchés industriels tels que le vêtement, les biomatériaux de construction, des absorbants pétroliers, etc.

Les agriculteurs qui souhaitent développer la production de soyer au Québec et vendre les follicules peuvent devenir membres de la Coopérative Monark. Déjà, 170 hectares de soyer du Québec sont en culture. On prévoit ajouter une centaine d’hectares par année afin de répondre aux besoins de la clientèle déjà identifiée.