«La survie du Festival est en jeu» -Pascal Lafrenière

FWST. Suite au décès du cheval Grady dimanche lors de la finale canadienne de l’International Professional Rodeo Association (IPRA) dans le cadre des fêtes du 50e anniversaire du Festival western de St-Tite (FWST), la direction a tenu un point de presse lundi matin en revenant sur les événements de la veille, mais aussi sur la procédure judiciaire mise de l’avant afin d’empêcher le rodéo prévu dans le cadre des fêtes du 375e anniversaire de Montréal.

Le directeur général Pascal Lafrenière du FWST ne se met pas la tête dans le sable. Il avoue que le décès du cheval lors du rodéo de dimanche arrive à un bien mauvais moment, et que cela peut donner des munitions au professeur de droit Alain Roy, qui demande une injonction interlocutoire et permanente.

La nouvelle Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal a été adoptée par le gouvernement du Québec en décembre 2015. Le processus devant les tribunaux pour la demande d’injonction devait se dérouler rapidement au cours du mois de juin.

«Nous sommes à la première étape du processus judiciaire. Sur différentes tribunes, Alain Roy a affirmé qu’il allait tester les limites de la loi. L’injonction vise à interdire le rodéo à Montréal prévu du 24 au 27 août. Nous prenons le dossier plus qu’au sérieux. On va se défendre parce que ça fait 50 ans que ça va bien. On veut préserver le sport, notre culture, on veut préserver un événement qui génère 50 M$ en retombées économiques seulement pour Saint-Tite. On veut aussi préserver l’activité culturelle et économique de 50 autres rodéos au Québec. Il en va de la survie du Festival, c’est comme ça qu’on traite le dossier. On nous attaque avec des présomptions. Ça sera aux gens de démontrer que les animaux dans les rodéos sont maltraités et qu’on contrevient à la loi. On a pris les meilleurs avocats disponibles parce que c’est clair qu’on joue notre survie. S’il n’y a pas de rodéos, il n’y a pas de FWST. Nous faisons aussi un appel à la mobilisation régionale et collective pour préserver ce trésor qu’est le FWST et la culture du rodéo.»

 «Ceux qui étaient là hier ont pu voir que c’était un accident comme il peut survenir à un athlète. On a tous déjà vu un athlète subir un claquage lors de sa course aux Jeux olympiques. Le cheval a subi une blessure sportive. Ce n’était pas un trou qui était dans l’arène et le cheval n’est pas rentré dans la clôture. Il s’est blessé dans sa course, dans son mouvement naturel que c’est malheureusement arrivé. Que ce soit dans un pâturage à Saint-Thimothé-d’Hérouxville ou dans une arène à Saint-Tite, il est en train de courir et de ruer. L’animal est décédé suite à ses blessures, et ce n’était pas une euthanasie», explique Pascal Lafrenière.

Le directeur général est aussi revenu sur toutes les légendes urbaines entourant les rodéos.  «On est plus en 1867 dans le fond de l’Oklahoma où on prenait une vieille picouille et qu’on lui sacrait un coup de pied au derrière pour faire un rodéo! Les bêtes valent des dizaines de milliers de dollars et tout le monde a intérêt à ce qu’on en prenne soin. Il y a le mythe du serrement de testicules… Les bêtes utilisées pour des rodéos ce sont des juments. On voit aussi tout ce processus comme étant une opportunité de mettre à l’épreuve notre protocole. On dit que nous sommes des précurseurs pour le traitement des bêtes, et on le montre aussi. C’est pourquoi lors du week-end, des capsules vidéos ont été tournées pour montrer toutes les étapes d’un rodéo.»

M. Lafrenière indiquait que cinq animaux sont décédés dans le cadre du FWST en 50 ans, soit une moyenne d’un décès aux 10 ans, mais que c’était la première fois qu’une blessure du genre causait la mort de l’animal.

Le propriétaire du cheval émotif

C’est le directeur des rodéos présentés à Saint-Tite depuis 22 ans, Sylvain Bourgeois, qui était le propriétaire de Grady qui est décédé dimanche. C’est avec une voix empreinte d’émotion qu’il s’est adressé aux médias présents. «Je n’ai jamais vu une telle blessure en 22 ans. Quand une chose comme ça arrive, c’est comme un rêve qui s’envole pour nous. On a un lien avec nos bêtes. C’est très dur et c’est la première fois que ça m’arrive. Concernant le protocole, tout a été fait. Quand je suis arrivé ici à mes débuts, il est arrivé un incident et je n’étais pas préparé. Ça fait 20 ans qu’on fignole notre protocole, et ce qui a été fait hier (dimanche) a été fait à la lettre. Je peux assurer que l’animal n’a pas souffert, et c’est notre priorité. C’est un cheval de 6 ans qui avait une très bonne génétique. Ça faisait deux ans qu’on l’entraînait pour les grosses compétitions et on avait beaucoup d’espoir. C’est un cheval qui aimait ce qu’il faisait et on en était fier.»