La Ville rend publics des rapports favorables

SHAWINIGAN.  Question de « mettre le couvercle sur la marmite », la Ville de Shawinigan a rendu publics sur son site web mardi plusieurs documents, dont deux avis favorables de firmes spécialisées qui recommandaient à la Ville en 2010 et 2011 de poursuivre le projet de mise aux normes de l’eau potable avec les lacs des Piles et à la Pêche pour une économie de coûts, et en raison de l’approvisionnement en eau des deux lacs qui étaient suffisantes.

La Ville a pris la décision de rendre publics ces rapports à la suite du doute qui s’est installé chez les citoyens quant à cette décision.

« Il a eu l’avis favorable du ministère de l’Environnement quant au plan permanent de la Station de traitement de l’eau du Lac-à-la-Pêche (STELAP) à la mi-octobre pour continuer à prendre l’eau dans ce lac. Malgré tout, le ministère demande quand même de regarder pour une source d’eau additionnelle (rivière Shawinigan). À la suite de ça, il y a des médias qui ont discuté avec un ingénieur de l’époque qui voulait rester anonyme, et qui disait qu’il n’y avait rien de scientifique dans notre décision, et que c’était plutôt politique. Dans les faits, tout a été fait dans les règles de l’art. On rend publics ces documents pour mettre le couvert sur la marmite », exprime le maire Michel Angers. « Ce n’est pas notre habitude à la Ville de donner nos études qui sont des documents de travail, mais le doute s’est installé dans la population à savoir si on a fait le bon choix. »

On retrouve d’abord la présentation du groupement de firmes d’ingénieurs IMS/MESAR/Pluritec qui proposait, le 15 janvier 2010, de changer les sources d’approvisionnement pour la rivière Saint-Maurice pour un montant qui avait été actualisé, à ce moment-là, à 100 M$. Ils appuyaient leur proposition sur une étude du Centre d’expertise hydrique du Québec qui indiquait que les lacs ne pouvaient plus suffirent aux besoins en eau de la Ville. 

« Est-ce que cette firme locale avait fait tous ses devoirs? Probablement pas. Pour les débits d’étiage des deux lacs, la firme a projeté des données sur les lacs des Piles et à la Pêche à partir d’autres lacs, et même leurs experts avaient mis un bémol » ,ajoute le premier magistrat. « Alors, on s’est tourné vers des firmes nationales spécialisées dans l’eau. Desseau à l’époque, Stantec aujourd’hui, était reconnue comme l’une une firme les plus spécialisées dans ce domaine, et BPR, Tetra Tech, aujourd’hui, était reconnue internationalement pour son expertise dans l’eau. »

On retrouve aussi la firme Raymond Chabot Grant Thornton, dont le rapport ne peut être publié par la Ville selon la recommandation de leurs avocats en raison de la poursuite judiciaire entreprise par la Ville auprès des concepteurs de la STELAP.

Chacune des firmes a recommandé d’analyser la possibilité de poursuivre l’alimentation en eau dans les lacs des Piles et à la Pêche.

Desseau, mars 2010: « Alternative A – Maintien des sources existantes : (…) Ce scénario d’alimentation évalué sommairement à 58 M$ est de loin le plus économique au point de vue des installations (environ 56 M$ d’économie) et il offre également un potentiel d’économie considérable de l’ordre de 500 000$ par année. (…) La Ville de Shawinigan devrait entreprendre sans délai des négociations avec le MDDEP et le MAMROT afin de permettre l’obtention des autorisations requises pour le maintien des sources d’alimentation en eau brute actuelles. »

BPR, 19 avril 2010: « La conservation des sources d’alimentation existantes conduirait à une réduction substantielle du coût du projet de mise aux normes. (…) En conclusion, nous recommandons d’approfondir l’étude de la solution d’approvisionnement par les lacs actuels. »

À l’époque, Parcs Canada avait aussi réalisé sa propre étude, et le gestionnaire au service de conservation au Parc national de la Mauricie, Albert van Dijk, avait déclaré dans un article du Nouvelliste du 10 octobre 2010, que « nous n’avons aucune donnée qui indique que nos écosystèmes du lac à la Pêche ou des autres lacs qui suivent soient affectés de façon significative par cet approvisionnement en eau. »

Finalement, on retrouve la lettre du directeur régional du ministère de l’Environnement au directeur général de la Ville de Shawinigan qui confirme que les études ont démontré qu’il est possible de prélever les débits fixés dans les lacs des Piles et à la Pêche.

Et les coûts?

Selon les scénarios présentés, si la Ville avait pris la décision de puiser l’eau dans la rivière Saint-Maurice, une estimation minimale de 115 M$ avait été avancée à l’époque. « Desseau avait fait une indexation en 2011-2012 qui montait à 125 M$. On a commencé à construire les usines en 2015-2016-2017, alors probablement que les coûts auraient grimpé à 140 M$, opine le maire Angers. Et je rappelle qu’on avait un montant maximal en subvention de 57 M$ provenant des deux paliers gouvernementaux, et c’était clair, pas une cenne de plus. C’était impossible pour la Ville d’avoir une dette de 80 M$ de plus. »

Le coût total du projet de mise aux normes de l’eau potable des stations du lac à la Pêche et du lac des Piles pour la construction des usines s’élevait à 65,1 M$, dont un peu plus de 48 M$ en subventions provenant des deux gouvernements.

En date du 1er novembre dernier, la Ville a dû injecter des montants additionnels d’un peu plus de 8 M$ en lien avec la défaillance de la STELAP. Ce montant comprend la distribution d’eau aux citoyens lors de l’avis préventif d’ébullition, le programme d’aide aux résidences pour personnes âgées et aux organismes à but non lucratif, la gestion de l’arrêt de la STELAP, le nettoyage du ruisseau Perchaude à la suite de déversements, les opérations de la solution temporaire, l’achat des nouvelles membranes… 

Donc le coût s’élève actuellement à 73 M$, et le montant additionnel n’inclut pas le salaire des employés municipaux qui ont travaillé sur la STELAP depuis les premières défaillances.