Lac-à-la-Tortue: la facture grimpe de 6,8 millions$
CHANTIER. Les travaux d’assainissement des eaux usées et de distribution d’eau potable dans le secteur Lac-à-la-Tortue coûteront 6,8 millions$ de plus que prévu a annoncé la Ville de Shawinigan en fin d’après-midi mardi.
Une situation inadmissible a réagi Michel Angers, promettant que la Ville procédera à une analyse sérieuse, autant à l’interne qu’à l’externe, pour établir les raisons de ces dépassement de coûts. «J’ai dit dès le début du chantier que j’étais allergique aux dépassements de coûts. J’ai passablement de boutons dans le dos. Je n’ai pas changé d’avis là-dessus et regardez-moi bien aller», a poursuivi le maire.
Depuis l’annonce de ce chantier en juillet 2016, les règlements d’emprunt associés au projet sont passés de 44,4 millions$ en 2017 à 51,9 millions$ en 2019. À l’origine, les soumissions reçues en 2016 évaluaient le coût des travaux à 40,1 millions$.
Si certains coûts (2,5 M$) de la hausse étaient difficilement contournables parce que provenant d’exigences du ministère de l’Environnement, d’autres (3,6M$) relèvent d’erreurs et omissions observées pendant la planification et l’exécution des travaux de la part du contractant. On parle ici notamment d’erreur dans le profilage de certaines rues, des quantités insuffisantes de ponceaux, de même que des corrections de profilage de conduites en raison de conflits avec des conduites existantes. Autre exemple d’erreur, il avait été prévu de couper une vingtaine d’arbres au cours des travaux alors que ce sont près de 900 qui ont été abattus. Quant aux honoraires professionnels, ils ont connu une hausse de 25% (de 3,6 M$ à 4,8M$).
«Quand c’est rendu que ça coûte 1,1 M$ pour refaire une rue en en entier parce qu’il y a une erreur de 30 centimètres sur le profilage d’une rue…», rumine le maire Angers.
«C’est au moins comparable à ce qui a été fait au boulevard des Hêtres, sinon pire.» -Michel Angers
Pour amoindrir le fardeau financier qui sera refilée aux résidents du secteur, la Ville a décidé de soustraire à la facture finale un montant de 2,8 M$ qui sera assumé par l’ensemble des citoyens. Le maire Angers soulignant que cela correspond au coût attribué à l’entretien des infrastructures existantes.
En janvier dernier, le maire Angers avait souligné aux médias que les compagnies qui effectuent les travaux pourraient avoir des représailles. Est-ce qu’il pourrait y avoir des poursuites judiciaires? «On va prendre le temps d’analyser tout ça. Il n’est pas question de poursuites pour le moment. On va plutôt tenter de travailler sur la récupération des coûts. Premièrement il faut compléter nos travaux pour tenter d’y voir clair.»
Questionné afin de savoir s’il s’agissait d’un chantier comparable à celui de la réfection du boulevard des Hêtres, le maire Angers a été tranchant. «C’est au moins comparable à ce qui a été fait au boulevard des Hêtres, sinon pire.»
Une aide maximale de 35,7 millions$ de Québec et Ottawa
En résumé, le chantier du Lac-à-la-Tortue coûtera au final 51,9 millions$. Les gouvernements du Québec et du Canada avaient annoncé une aide maximale de 14,2M$ pour le premier et de 21,5M$ pour le second, c’est-à-dire de 35,7 millions$. La part de Shawinigan (1075 maisons) et de Hérouxville (197 maisons) s’élèvera donc à 16,2 millions$.
Michel Angers a promis d’évaluer toutes les avenues possibles afin de réduire au maximum l’impact pour les contribuables. «J’en ai déjà glissé un mot à ma députée et je vais en discuter avec le ministère des Affaires municpales», a-t-il déclaré.
S’il reconnait que ce chantier était complexe avec l’installation de plus de 30 km de conduites dans un milieu où la nappe phréatique est très près du sol, le maire de Shawinigan considère néanmoins que les contribuables ne devraient pas payer la facture pour des profils de rues qui se sont révélés trop élevés sur les plans et lors de la réalisation sur le terrain.
Michel Angers s’explique également mal pourquoi le conseil n’a pas été avisé d’une possibilité de dépassement de coûts plus rapidement. «À plusieurs reprises au cours de l’automne, j’ai demandé si nous respections toujours les montants prévus aux règlements d’emprunt pour les travaux. À chaque fois, on m’a répondu qu’on avait les montants suffisants pour compléter le chantier», s’étonne le maire.
«Nous avons donné des contrats clés en main. Je m’attendais à ce que les professionnels que nous avons engagés livrent la marchandise dans les temps et les coûts prévus, autant pour la planification et la surveillance que pour la réalisation des travaux. Je vais leur demander des comptes, c’est certain», termine Michel Angers.
Collaboration Patrick Vaillancourt