Lac des Piles: les plongeurs inquiets

Comptant plus de 3000 plongées à son actif, dont 1000 seulement dans le lac des Piles, Jean Guay est inquiet à la perspective que le plan d’eau sera dès l’été prochain réservé à l’exclusivité des résidents permanents.

Servant de source d’eau potable depuis plus de 80 ans, il a été dit des milliers de fois que ce lac offrait une qualité d’eau exceptionnelle. Elle l’est non seulement pour son caractère rafraichissant à la sortie du robinet mais également pour les plongeurs qui viennent y pratiquer leur sport favori depuis deux décennies.

Sur le site scubapedia.ca répertoriant les sites de plongée sous-marine les plus populaires au Québec, on dit du lac des Piles qu’il «compte parmi les "must" de la plongée en lac. (…) Comme la visibilité varie entre 20 et 30 pieds, ce lac est un endroit idéal pour la plongée sous-marine. On peut y voir de magnifiques formations rocheuses peuplés d’achigans, perchaudes et chevaliers cuivrés. Ce lac, très profond, atteint 272 pieds près de la falaise principale.»

2500 plongeurs depuis 20 ans

Résident sur le bord du lac des Érables, à Saint-Mathieu-du-Parc, Jean Guay confirme cette popularité puisqu’avec quelques amis partageant la même passion, c’est lui qui coordonne les plongées durant les fins de semaine, des mois de juin à septembre. «Environ de 32 à 35 sorties par été. Ça représente à peu près 200 plongeurs par saison, et plus de 2500 depuis les tout débuts, qui viennent de partout au Québec», précise-t-il.

Au fil du temps, son équipe a élaboré un circuit de 10 sites sur le lac pour pratiquer la plongée sous-marine. Des ballades à 25 pieds de profondeurs pour les débutants à plus de 160 pieds pour les avancés. Des canots, yacht, chaloupe, ancre, bouteilles, cloche de plongée y ont été soigneusement nettoyés puis disposés en divers endroits pour rendre l’expérience sous-marine encore plus excitante.

SUITE EN PAGE 2

Même si Jean Guay et ses partenaires n’ont pas à proprement dit de statut officiel parmi les clubs de plongée au Québec, leur renommée et popularité sont bien établies. Le groupe est bien équipé avec l’acquisition au début des années 2000 d’un ponton de 10 pieds par 32 pieds, baptisé L’escale du plongeur. Spécialement transformée pour la plongée, l’embarcation est amarrée aux quais de la Marine Prévost depuis plus de 20 ans, du premier propriétaire du ponton et pionnier de la plongée au lac des Piles, Robert Goulet, jusqu’à Jean Guay et ses partenaires.

Une décision à contre-courant

La volonté du futur nouveau propriétaire, qui détruira le bâtiment d’accueil de la marina pour y construire des condos, de réserver la rampe de mise à l’eau ainsi que les quais à ses locataires et aux riverains du lac inquiète au plus haut point l’expérimenté plongeur. Jean Guay reconnaît qu’il n’aura pas la partie facile car au fil des ans, certains riverains ont développé une antipathie envers les hommes-grenouilles qu’ils accusent de venir jouer dans leur cour.

Déçu à la perspective de perdre son «carrée d’eau» dès l’été prochain, Jean Guay compte s’adresser au maire de Shawinigan et plaider sa cause auprès du nouveau propriétaire de la marina pour pouvoir poursuivre ses expéditions sous-marines. «Le maire dit que le lac n’appartient pas aux riverains mais dans les faits, l’interdiction aux visiteurs d’utiliser la rampe de mise à l’eau signifie le contraire», déplore le plongeur. Il se demande si la Ville ne pourrait pas remettre en service la rampe de mise à l’eau qui servait autrefois pour le bateau-vidangeur et qui est située sur des terrains appartenant à la municipalité.

«C’est inconcevable de ne plus vouloir en faire profiter à des adeptes d’un loisir qui se soucient pourtant de l’environnement, s’enrage Jean Guay. Nos gouvernements nous sensibilisent à l’environnement. Les grandes villes rouvrent des espaces verts et de nouveaux accès à l’eau et au fleuve pour la population. Pourquoi alors des associations de riverains, voir des villes, veulent-ils donc rendre des lacs magnifiques inaccessibles à la population et aux plongeurs quand tout ce que ces derniers veulent, c’est de profiter de sports et loisirs en plein air!»

À LIRE AUSSI: Reportage photos: Les trésors du lac des Piles