L’agriculture bio : la face cachée de Shawinigan

AGRICULTURE.  Reconnue pour son passé industriel glorieux et son récent virage entrepreneurial, c’est pourtant à Shawinigan qu’on retrouve les plus importantes superficies de grandes cultures biologiques en Mauricie. 

Cette facette méconnue de la ville de 50 000 habitants est attribuable au travail acharné de la Ferme Vallée du Parc, propriété jusqu’à récemment d’Alain Sigmen et de la famille Reynaud, de la Ferme Bonneterre à Saint-Paul-de-Joliette.

Cultivant sur plus de 1100 acres du soya, des céréales et du maïs-grains exclusivement en régie biologique, la Ferme Vallée du Parc est répartie sur deux sites de superficie semblable. Un premier est situé dans le secteur Grand-Mère et comprend les champs longeant le chemin de la Vallée-du-Parc et quelques lots dans l’ancien village de Sainte-Flore. Le second emplacement est localisé sur les terres familiales des Sigmen dans le rang Saint-Pierre, du côté de Shawinigan-Sud.

C’est le décès d’Alain Sigmen à l’été 2022 qui a amené son partenaire d’affaires de Lanaudière à mettre sur le marché ses terres exploitées en Mauricie. Une entente a rapidement été conclue avec David Lemire, propriétaire de la Ferme horticole Gagnon, de Trois-Rivières.

Fini les fraises…

Celui qui était jusqu’à récemment président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec abandonnera d’ailleurs la production de petits fruits rouges au terme de la saison 2023 pour se consacrer entièrement à ses nouvelles terres. Il mettra ainsi un terme à une tradition de plus de 60 ans amorcée par la famille Gagnon.  

« Ça serait trop difficile de conserver les deux, explique le producteur agricole en entrevue à L’Hebdo. La récolte des fraises arrive en même temps que les plantations aux champs dans les grandes cultures. On veut vraiment mettre toute notre énergie dans ce projet. »

En comptant ses 400 acres cultivés aussi en régie biologique à Yamachiche et les 1100 qu’il possède désormais à Shawinigan, David Lemire devient ainsi le plus important producteur de grandes cultures biologiques en Mauricie.

« C’est une opportunité qu’on ne pouvait pas laisser passer. Avec nos champs à Yamachiche, on a appris à mieux connaître le marché bio. Il y a un bel avenir pour les protéines végétales dans l’alimentation humaine avec les boissons au soya, les boissons d’avoine, le gruau, la farine pour le pain, le soya dans le tofu. Puis en plus, on achète des terres qui sont déjà certifiées bio alors que ça prend au moins trois ans quand on part de zéro. C’est une plus valu pour nous autres », poursuit David Lemire qui avait acquis la Ferme horticole Gagnon en 2004.

Le producteur agricole souligne que les champs situés dans le secteur Grand-Mère sont particulièrement propices pour la culture du soya et les céréales. « C’est trop froid pour y cultiver du maïs-grains, mais pour les céréales, on sort autant de rendement sinon  plus que les régions plus chaudes. »

David Lemire dit être à l’affût d’autres transactions dans l’avenir, toujours dans le bio, si les conditions sont bonnes. « En grandes cultures, il y a des économies d’échelle à obtenir. Maintenant, on a de la machinerie à Yamachiche et Shawinigan qu’on va pouvoir s’échanger au besoin. Et si on compare avec le des terres agricoles à Louiseville ou Saint-Hyacinthe par exemple, les prix sont vraiment intéressants », termine le producteur.