L’aluminium recyclé pour consolider l’entreprise

SHAWINIGAN.  C’est le 1er novembre 2014 que l’entreprise Shawinigan aluminium a été créée en rachetant une partie des installations de l’usine Rio Tinto Alcan. À ce moment, la direction était loin de se douter que 6 ans plus tard, elle allait investir plus de 10 M$ afin de créer des nouvelles installations pour de l’aluminium recyclé.

« L’aluminium recyclé existait à ce moment en 2014, mais ce n’est pas quelque chose où Shawinigan voulait aller au départ, explique Julien Houde Lord, directeur administratif et financier chez Shawinigan aluminium. Le recyclage dans le marché n’est pas nouveau, mais la façon dont nous le faisons, c’est ce qui est nouveau. »

Quand il est question de recyclage d’aluminium, les joueurs dans le marché n’utilisent pas de vieux moteur par exemple. « Le terme est du recyclage en boucle fermée. On vise à aller chercher les rebus issus de nos produits finis, et de les remettre dans leur produit par la suite. C’est un recyclage avec un niveau de propreté qui s’apparente au métal primaire », ajoute M. Houde Lord.

L’entreprise produit plus de 60 000 tonnes de billettes d’aluminium par année, et l’objectif visé est d’arriver à une production de 30 000 tonnes d’aluminium par année pour 2025. « Présentement, nous sommes plus dans une production de 15 000 tonnes d’aluminium recyclé par année, ce qui représente environ 30% de nos produits », précise le directeur.

Ce dernier mentionne fièrement que Shawinigan aluminium est reconnue dans le marché pour la qualité de ses produits, tout comme à l’époque de Rio Tinto Alcan. « On fait du marché de niche et des plus petites commandes, ce qui est l’équivalent de 60% de notre portefeuille de produits, et on ne voulait attaquer négativement ces marchés-là en introduisant du recyclage qui a une perception de perte de qualité. Le défi de ce projet est aussi d’emmener le client à accepter le produit avec du métal recyclé. C’est ce qui fait que le développement de ces produits prend un peu plus de temps. »

Quelle clientèle peut être tentée de se tourner vers de l’aluminium recyclé? « On a beaucoup de clients du monde automobile de notre côté. On s’entend que pour ces entreprises, le métal recyclé est un terme actuel. En utilisant un métal recyclé, les compagnies baissent leur production de tonnes de carbone et de GES (gaz effet de serre) dans leur fabrication. Ce n’est pas très ancré, mais on sent qu’il y a un développement dans les dernières années pour une tendance à aller vers le métal recyclé. On voulait réussir à le faire de notre façon », indique M. Houde Lord.

L’autorisation de la direction de Shawinigan aluminium a été lancée en juin 2020, et l’inauguration officielle s’est faite en juillet 2021. Un nouveau bâtiment a été construit sur le terrain de l’entreprise, avec l’acquisition de fours de refonte pour un investissement de 10 M$, et la création de 13 emplois. L’entreprise s’est aussi équipée de divers outils pour manipuler les rebus d’aluminium qui arrivent sous différentes formes, contrairement au métal primaire. « C’est un secteur qui vient alimenter notre secteur de coulée. C’est une usine détachée sur notre terrain qui sert à alimenter le secteur de coulée. Donc la billette peut présentement être faite à partir du métal primaire, ou du métal recyclé. Une billette de métal recyclé n’est jamais à 100% de métal recyclé. C’est pratiquement impossible à faire. C’est généralement entre 20 et 70% de matériel recyclé dans une billette. De notre côté, on vise à être entre 30 et 40% de métal recyclé, ce qui est une cible assez élevée pour la complexité de notre produit », explique le directeur.

Shawinigan aluminium détient des clients un peu partout dans le monde, mais l’Amérique du Nord représente 70% du portefeuille de produit de l’entreprise.

En Europe, les procédés des métaux recyclés sont populaires depuis des années, mais au Canada, certaines compagnies se lancent dans l’aventure. « On n’observe pas une hausse de la demande pour du contenu recyclé de nos clients, mais on anticipe fortement que ça s’accentuera comme ce l’est en Europe et aux États-Unis. Mais ceux qui ne sont pas dans le marché actuellement auront au moins 1 à 2 ans de retard si l’on pense au temps qu’il faut pour la construction d’une usine », exprime Julien Houde Lord.

Actuellement, Shawinigan aluminium est la seule compagnie au Québec à produire du métal recyclé. Rio Tinto Alcan emboîtera le pas en 2022, mais ce ne seront pas des produits semblables à l’entreprise shawiniganaise.