L’après-Belgo vu par six futurs urbanistes

VISION. Que faire du site de la Belgo maintenant que son nettoyage est pratiquement complété? Six étudiants du programme Baccalauréat en urbanisme de l’UQAM se sont penchés sur le sujet et en ont fait leur projet de fin d’études en présentant un ambitieux plan qui a suscité l’approbation de leurs professeurs comme en fait foi la note de 93% accordée à leur travail.

Le Quartier des papetiers tel qu’imaginé par l’équipe Recyc/Lab est un grandiose projet mixte et inclusif (résidentiel, commercial, industriel léger, institutionnel, centre culturel, espace vert, place publique et parcs, voie piétonnière et cyclable) de 243 millions$, étalé sur 10 ans, et aménagé sur un site de près de 5 hectares, essentiellement sur les vestiges de l’ancienne usine tel qu’on peut le voir actuellement en circulant sur la route 153.

Pour les besoins de son travail, Recyc/Lab n’a pas utilisé la portion de terrain où sont situés les anciens bassins d’épuration, de l’autre côté de la route. Tout au long de leur processus, les futurs urbanistes ont gardé en tête de réaménager le site en préservant le caractère de son identité industrielle.

Profitant des travaux d’excavation qui devront être réalisés dans la phase I pour décontaminer le site, les étudiants ont imaginé l’aménagement d’un stationnement sous terrain de 524 cases pour réduire la présence des automobiles dans le Quartier des papetiers.

Un milieu de vie mixte et rassembleur

«Le Quartier des papetiers propose le développement d’un milieu de vie mixte et rassembleur, à l’image de l’ancienne usine qui a su faire vivre de nombreuses familles pendant plus d’un siècle», peut-on lire dans leur document hyper détaillé de 58 pages.

«Des industries légères axées sur l’art et la co-création perpétueront la valeur d’usage de l’ancienne usine. La place centrale rayonnera par son centre civique et ses commerces à portée régionale et de proximité. La construction de logements de tailles variables et l’implantation de logements sociaux et coopératifs (272 logements au total) adaptés à la réalité socioéconomique de la population permettront de subvenir à leurs besoins variés.»

«Afin de favoriser la cohésion sociale, un projet de serres et de jardin collectif sera mis en place. L’aménagement d’une piste multifonctionnelle entrelacée de sentiers végétalisés permettra de relier les entrées du site tout en mettant en valeur les berges de la rivière Shawinigan et en bouclant le réseau récréatif de la promenade du Saint-Maurice.»

Vue de la Belgo en passant par le tronçon utilisé auparavant par les ouvriers pour accéder à l’usine, à partir de la rue Cascade.

«Les gens ne l’ont pas et ne veulent pas l’oublier et c’est là que nous intervenons avec le Quartier des papetiers.» – Marie-Christine Tellier

Le quartier serait accessible par la route 153 mais une voie piétonnière et cyclable serait aménagée sur le tronçon autrefois utilisé par les ouvriers pour se rendre à l’usine, à partir de la rue Cascade. Cette voie agirait également comme un trait d’union entre l’ancien site de la Belgo et le centre-ville.

Le Quartier des papetiers accorderait une part belle à la rivière Shawinigan et la baie de Shawinigan en y aménageant une rampe de mise à l’eau. Il donnerait aussi un accès direct au Sentier Thibodeau-Ricard, un endroit encore méconnu de bien des Shawiniganais.

Un projet qui s’autofinance sur 25 ans

Pour arriver à un investissement total de 243 millions$, Recyc/Lab s’est basé sur la reconversion d’anciens sites industriels similaires ailleurs au Québec. En étudiant les paramètres de programmes gouvernementaux existants, les six futurs urbanistes ont aussi estimé que le Quartier des papetiers serait admissible à des subventions totalisant 59 millions$.

VISIONNER LA PRÉSENTATION DE RECYC/LAB (début 5h26m51s) : https://bit.ly/2QxdNm6

En tenant pour acquis que la Ville de Shawinigan deviendrait propriétaire du site et qu’elle confierait sa gestion à un organisme paramunicipal (Société de développement du Quartier des papetiers), Recyc/Lab estime que la vente des terrains et des immeubles à logements, les revenus provenant des baux de location et de la taxe foncière, etc., générerait une somme de 184 millions$ qui, combinée aux subventions, permettrait d’autofinancer le projet du Quartier des papetiers sur un horizon de 25 ans.

En concluant sa présentation devant ses professeurs, la porte-parole de l’équipe, Marie-Christine Tellier, a eu cette phrase qui résume bien le sentiment des Shawiniganais vis-à-vis la Belgo: «Les gens ne l’ont pas et ne veulent pas l’oublier et c’est là que nous intervenons avec le Quartier des papetiers.»…

Pourquoi Shawinigan?

Aucun des six étudiants de Recyc/Lab n’est natif de Shawinigan. C’est en apprenant l’existence de ce site industriel abandonné dans les médias qu’ils ont décidé d’en faire leur projet d’études. Ils sont venus à quelques reprises sur le terrain pour le photographier, l’arpenter et l’étudier sous tous ses angles. Les futurs urbanistes ont été aussi mis en contact avec un retraité de la Belgo dont le fils enseigne au département d’urbanisme de l’UQAM. Fait à noter, ils ont établi un contact avec des membres du personnel du département d’urbanisme à la Ville mais leurs démarches pour présenter leur projet aux élus n’a jamais eu de suite.

Équipe du Recyc/Lab

  • Simon Binette
  • Alexis Fortin-Boulay
  • Sébastien Marchand
  • Marie-Christine Tellier
  • Rami Ayoub
  • Tommy Brodeur