L’art perdu

Par Marilou Hamel-Fréchette
CHRONIQUE. Depuis une quinzaine de jours, les enfants sont de retour à la maison pour de bon. Après deux semaines de camp, des souvenirs plein la tête, des piqûres de moustiques plein les jambes et de bonnes vieilles chansons à répondre en mémoire pour le prochain siècle (Vous vous rappelez encore de «Oh U! Oh Ursuuuullleee! Pour toi d’amour mon coeur brûûûûûle!» apprise à la «colonie» de vacances il y a 20 ans? Et ben à entendre mes 3 campeurs chanter, je vous annonce que la playlist n’a pas été renouvelée dans les dernières décennies)

Avec tout notre petit monde réuni, les vraies vacances en famille peuvent commencer.

Comme la plupart des gens, on aime bien planifier des activités. Aller faire une balade à vélo en prenant la traverse à Grand-mère (c’est fou comme ce petit traversier est toujours le ‘’highlight’’ de la journée), s’arrêter dans le parc pour pique-niquer et regarder les drapeaux voler au vent, poursuivre jusqu’à Ste-Flore et aller chercher des viennoiseries pour le lendemain à la petite boulangerie. Des petits plaisirs pas compliqués. Se promener au Parc National, admirer les chutes, grignoter assis au milieu du magnifique paysage (j’ai une certaine passion pour les pique-niques, je dois dire). Dans les jours plus gris, prendre la voiture et partir sans but fixe. Aboutir à Ste-Thècle, manger une sucrerie ou boire un thé glacé dans l’ancien magasin général, redevenu magnifique et rempli de sourires et de trucs faits par des gens de notre belle province.

Que ce soit de petites escapades simples, de grandes sorties «en ville» (j’ai l’impression d’être Émilie Bordeleau quand je parle de Montréal comme ça) ou de plus longs séjours dans les nombreux magnifiques endroits à explorer au Québec ou ailleurs, les activités en famille sont toujours prétexte aux rires et aux bons moments, malgré la réalité du chialage dans la voiture, des «il fait chaud», «on arrive-tuuuu?» et autres trucs à faire hurler, qui au final, font aussi partie de ce qui forge les souvenirs en famille (parce qu’un voyage entre frères et soeurs sans coups de coudes sur la banquette arrière, c’est pas un voyage).

Mais, à travers toutes ses journées planifiées, souvent, à la sempiternelle question: «Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui?», je réponds: «Rien».

On ne fait rien.

On profite du soleil, de la cour, du chien, du hamac, du jardin. On respire par le nez, on s’ennuie un peu, on apprend à juste regarder le temps passer. À se perdre dans nos pensées. À s’occuper seul, à laisser les autres vivre, «siester», lire leur livre, construire leur cabane (malgré que les coups de marteau, c’est pas reposant). Tsé, une journée ici et là, pour faire réaliser aux enfants, que leurs parents ne sont pas des G.O. de Club Med. On «RÉLAXE» comme disait ma grand-mère en mettant l’accent tonique sur le «é» avec insistance. Comme elle était elle-même branchée sur le 220 à longueur d’année, quand elle disait ça, on avait d’affaire à se calmer le pompon, s’étendre sur la chaise longue, siroter notre jus et se faire bronzer pas de crème (Ah! les années 80!). «Rélaxer», paraît-il, c’est encore mieux que de relaxer. C’est comme un art perdu. Un art important. Qui permet lui aussi, de façonner des souvenirs, mais aussi de faire aller notre imagination d’enfant, de reposer notre cerveau, de forger notre esprit. De regarder autour et d’apprécier. De jaser, de se balancer, de passer du temps seul dans notre coin si ça nous tente. Une réalité à redécouvrir.

Alors à tous, je vous souhaite de bons moments en famille et de «rélaxer» à souhait! Bon été!