L’avantage de travailler de la maison… pour enseigner
ÉDUCATION. Par mesure de prévention pour ses deux filles Lennah et Mila Prévost, l’artiste Devon Griffiths qui travaillait déjà de chez elle a pris la décision en compagnie de son conjoint et de ses enfants de donner l’éducation à domicile à ses deux trésors pour une première fois.
La décision familiale a été prise pratiquement à la dernière minute… à une semaine avant le début de l’année scolaire.
«Au début je pensais envoyer mes filles à l’école. J’avais confiance aux mesures pour qu’il n’y ait pas de propagation de la Covid. Mais je me suis dit comme je travaille de la maison à temps plein comme artiste-peintre, s’il arrive quelque chose quand j’avais le choix de les garder et que je ne l’ai pas fait, j’aurais eu de la misère à vivre avec ce sentiment de culpabilité. Je me suis informé, et mes parents sont des enseignants à la retraite, ils m’ont dit que j’étais capable de le faire», explique la mère de Lennah, 9 ans et demi en quatrième année, et Mila 5 ans et demi en maternelle.
La réflexion s’imposait chez la famille Prévost. «Au début ça peut paraître gros et on ne sait pas dans quoi on s’embarque, ajoute la maman. C’était l’ignorance de gérer tout ça, mais mes parents m’ont donné le boost nécessaire. On essaie de voir le positif dans tout ça en se disant qu’on passe une année complète à la maison ensemble. Je sacrifie certaines choses, je peins moins et les filles voient moins leurs amis, mais il y a beaucoup de positif, ça nous garde serrés. Je ne voulais pas non plus que ma fille de 5 ans fasse son entrée à la maternelle avec toutes les mesures, et de voir des adultes avec leurs masques et qu’elle ne peut pas recevoir de câlins.»
Toutefois, Mme Griffiths avoue qu’il y a un manque de soutien du gouvernement une fois que les enfants sont retirés du Centre de service scolaire. «J’aurais aimé pouvoir avoir accès à un suivi virtuel et si ça va mieux pouvoir retourner ma plus grande fille à l’école. On est un peu laissé à nous même. Tu dois monter ton propre projet d’apprentissage. La directrice de l’école Antoine-Hallé m’a aidé par contre en me disant les livres utilisés par l’école. Alors j’ai acheté les livres, je voulais que ma fille de 4e année ait les mêmes livres que ceux de l’école.»
La mère a payé son inscription à l’Association québécoise d’éducation à domicile (AQED). «Le site est bien fait et quand j’ai dû monter le projet d’apprentissage, j’avais accès aux informations et à des exemples.»
Très volubile, Lennah a voulu partager sa vision des choses. «On a discuté tous ensemble. J’étais un peu triste au début que je n’allais plus voir mes amis, mais maintenant que je me suis habituée, c’est plus facile à comprendre qu’il faut rester à la maison. Des fois j’appelle mon amie au téléphone et elle me dit des trucs qui se passent à l’école. Au moins il y a des amies que je peux voir qui sont mes voisines. Je trouve ça amusant que je puisse quand même voir du monde.»
La mère ajoute que Lennah peut voir deux autres amies, mais sans plus.
Est-ce que c’est bizarre que ce soit sa mère qui t’enseigne? «Un peu, mais je savais un peu quoi parce qu’on restait en Floride et ma mère l’avait fait là-bas en maternelle.»
Pour la plus petite Mila, ce n’est pas un énorme changement parce qu’elle était déjà à la maison avec sa mère. Elle n’allait pas à la garderie. «Pour elle, ce n’est pas un gros changement, c’est plus pour ma plus grande qui est allée à l’école de la 1ère à la 3e année.»
Plus timide que sa sœur aînée, la petite Mila affirme toutefois qu’elle aime avoir sa grande sœur avec elle chaque jour.
Au départ, Mme Griffiths indique qu’elle tenait un horaire plus serré, mais avec le temps, les trois se sont adaptées. «On essayait de tout clencher le matin dans une période restreinte, mais là on y va plus avec le feeling. On fait encore nos 2-3 heures par jour, mais c’est plus éparpillé. On peut faire les matières entre un cours de piano par exemple. Ça, c’est un avantage. Il faut s’adapter au rythme de vie des enfants.»
La famille a évalué la possibilité que Lennah puisse retourner à l’école en février prochain, toutefois la décision du premier ministre Legault d’autoriser les rassemblements à Noël inquiète la mère. «J’ai vraiment un mauvais feeling avec cette décision alors on va terminer l’année à la maison. On verra pour la suite des choses comment ça va, je veux qu’elles retournent à l’école pour le côté social, mais tout va dépendre de la suite des choses.»
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