Le défi de cuisiner et livrer des repas à 5$
SOLIDARITÉ. Malgré le panier d’épicerie et le prix de l’essence qui atteignent des niveaux record, la Popote du Centre d’action bénévole (CAB) de Grand-Mère demeure toujours présente, mais surtout pertinente après ses premières livraisons il y a 46 ans.
Dans le cadre de la Semaine québécoise des popotes roulantes du 20 au 27 mars, L’Hebdo a suivi un groupe de bénévoles, de la cuisine du CAB jusqu’à l’appartement d’une des 88 personnes en perte d’autonomie qui bénéficient de ce service chaque semaine.
Reconnu comme service essentiel par la santé publique durant la pandémie, le service de Popote n’a jamais cessé de desservir la clientèle durant cette période. « Parce que les aînés de plus de 65 ans devaient demeurer chez eux, il nous a fallu s’ajuster pour respecter les consignes sanitaires avec une main-d’œuvre bénévole réduite, ce qui nous a contraints à offrir uniquement des repas congelés jusqu’au mois d’août 2021 », explique Sylvie Gervais, directrice générale du CAB de Grand-Mère.
Depuis septembre dernier par contre, l’offre de repas chauds est de retour au grand bonheur des clients. « La grande majorité de nos bénévoles sont revenus et quelques bénévoles, arrivés pendant la pandémie, sont demeurés », poursuit-elle.
Malgré ce contexte difficile, le bilan de la Popote du CAB de Grand-Mère demeure impressionnant. À la fin de l’année financière 2020-2021 le 31 mars dernier, en plein cœur de la pandémie donc, c’est un total de 4625 repas qui avaient été cuisinés puis distribués par une soixantaine de bénévoles auprès de 88 personnes. « Nous avons deux critères, indique Sylvie Gervais. La personne doit être en perte d’autonomie et ne pas pouvoir compter sur un entourage proche pour lui venir en aide. »
Un repas et un dessert pour 5$
Des repas chauds sont livrés en avant-midi deux fois par semaine et une fois par mois, les clients de la Popote peuvent se faire livrer douze repas congelés. Chaque repas coûte 5$ seulement, ce qui est bien inférieur à la moyenne de 6,26$ tel que le dévoilait récemment le Regroupement des Popotes roulantes du Québec.
« Nous sommes en réflexion à ce sujet. Le 5$ sert uniquement à nous autofinancer pour acheter d’autres provisions. Mais l’épicerie coûte de plus en plus cher et nous accordons 45¢ du kilomètre à nos bénévoles responsables du transport alors que l’essence dépasse le 1,80$ du litre », souligne la directrice, précisant que l’achat auprès des fournisseurs locaux est une valeur dont on ne déroge pas au CAB de Grand-Mère.
Comme 6 popotes roulantes sur 10 au Québec, le CAB de Grand-Mère fonctionne à l’ancienne, c’est-à-dire que ce sont des bénévoles qui préparent les repas. Chez les autres, on recourt à des traiteurs pour assurer le service. « C’est uniquement à cause de ça que nous sommes en mesure d’offrir nos repas à 5$ », indique Sylvie Gervais.
Un bénévolat qui valorise
Alors que la coordonnatrice de la Popote, Tina Leblanc, s’assure d’avoir sous la main tous les ingrédients, les bénévoles arrivent dans la cuisine vers 8h le matin afin d’être certains que les repas chauds soient prêts pour la livraison aux alentours de 10h. À partir de là, des duos composés d’un(e) chauffeur et un(e) baladeur entrent en scène.
« C’est très valorisant comme bénévolat. On reçoit plus que ce qu’on donne », explique Cécile Gauthier qui assure le transport des repas depuis maintenant 27 ans. « Quand je suis arrivée dans la région, je ne connaissais pas personne. Le bénévolat m’a permis de me créer un réseau d’amis qui me ressemblent. » À ses côtés, Margot Gervais abonde. « Les gens en ont besoin et c’est en ce faisant ce bénévolat que je l’ai réalisé plus que jamais », indique celle qui est impliquée dans la Popote depuis plus de vingt ans.
Arrivée chez Marguerite Gélinas, Cécile Gauthier et Sylvie Gervais sont accueillies chaleureusement. « C’est merveilleux ces repas-là. Ils ont préparés avec amour. Je tiens à remercier le CAB et les bénévoles parce que c’est important ce service. On perd de l’autonomie à notre âge », témoigne la dame de 88 ans qui confie une préférence pour les mets préparés avec des pâtes et du poulet. « C’est tout le temps bon pis ce n’est pas trop salé. Avec un repas, je mange deux fois », ajoute Mme Gélinas qui termine la rencontre en suggérant à la directrice du CAB de Grand-Mère… d’augmenter ses prix.