Le feu sacré de père en fils
Il n’est pas rare de voir deux frères au sein d’un même service de sécurité incendie d’une municipalité, mais un père et un fils, ce n’est pas commun. L’Hebdo a rencontré Raynald junior Désaulniers, le père, en compagnie de son fils Morgan.
Si le père de 43 ans a été embauché en 2007 à temps partiel par le Service de sécurité incendie de Shawinigan, c’est beaucoup plus récent pour son fils de 20 ans Morgan qui a réalisé ses premiers pas dans le service en juin dernier. Il a été embauché pour l’été, principalement pour réaliser de la prévention. En cas d’alarme générale, il peut intervenir comme pompiers, ce qui a été le cas pour l’incendie au Flores.
Si la vocation de pompiers a toujours été claire pour Morgan, Raynald a occupé d’autres emplois avant de devenir un combattant du feu. « J’ai toujours voulu être pompier, mais en raison d’une blessure physique à l’époque, je ne pouvais pas suivre le cours à Laval. J’ai commencé à travailler dans d’autres domaines, puis la famille est arrivée. Puis, à un moment un poste de pompiers à temps partiel a été ouvert. J’ai été engagé et j’ai suivi mes formations », raconte le père.
Après avoir reçu les différentes formations, un poste temps plein a été ouvert et Raynald a obtenu sa permanence en 2012. Depuis février 2021, il est capitaine à la caserne 2 de Champlain. « C’est l’adrénaline que ça procure qui m’a incité à devenir pompier, et de pouvoir aider les autres. »
Et pour le fils? « Je n’ai jamais pensé faire autre chose. Ce n’est pas un travail routinier. On ne sait jamais ce qui va se passer quand on entre le matin. En 2019 j’ai commencé mon DEP en Sécurité incendie, et j’ai été diplômé en juin 2020. Et j’ai une année de fait pour le DEC en Sécurité incendie. Mon prochain objectif est de devenir pompier temps partiel, et de suivre mon cours pour être temps plein », explique Morgan.
Pourquoi Morgan voulait-il suivre les traces de son père? « C’est certain que d’avoir eu mon père, ça été un modèle pour mon parcours. Quand j’étais plus jeune, je le suivais à la caserne. Ça fait longtemps que je connais les gars. Même à l’école, je faisais mes exposés oraux sur les pompiers. Mon père venait avec le camion ou de l’équipement. C’était facile de se faire des amis », raconte le fils en riant.
Morgan se rappelle que son père était plus heureux lorsqu’il retournait à la maison alors qu’il était pompier. « Il nous racontait ses journées de travail et on sentait sa passion. Ça m’a confirmé encore plus que je voulais être pompier aussi. De voir l’esprit d’équipe des gars à la caserne aussi c’était impressionnant », se souvient-il.
Plusieurs moments marquants
En 14 ans de carrière, le père de 43 ans a vécu plusieurs interventions, certaines plus marquantes que d’autres. Il a vu des décès, un accident d’un collègue de la Ville, et le triple meurtre à St-Gérard-des-Laurentides avec le feu de la maison. La plus grosse intervention en incendie a été celle du restaurant Bravo sur l’avenue Saint-Marc en 2011. Raynald et ses collègues avaient réalisé une intervention de plus de 16 heures.
« C’est ça la vie de pompiers! Il y a des côtés moins le fun et il faut avoir une certaine carapace. Nous avons aussi du soutien psychologique lors d’interventions importantes. Et nous y avons accès en tout temps. Et pour les côtés le fun, c’est quand j’ai eu mon temps plein. Et c’est sûr de savoir que Morgan a été engagé, ç’a été une belle patente! »
Une première expérience
Nouvellement arrivé dans l’équipe, Morgan a reçu son baptême incendie le 1er juillet dernier avec l’embrasement du Flores au quartier Sainte-Flore. Il se trouvait à proximité lorsque le bâtiment a pris feu.
« Comme je me dirigeais par-là, l’alarme générale a sonné. J’ai vu le panache de fumée et le poil m’a levé des bras à cause de l’adrénaline. Et j’étais l’un des premiers à arriver sur place. On était déjà en mode défensif. Avec une équipe, on est allé faire de la reconnaissance dans les chambres par-derrière. J’ai dû ouvrir une douzaine de portes et vérifier s’il n’y avait personne dans les chambres. C’était l’adrénaline et le stress dans le tapis, je n’avais jamais vécu ça avant. Je ne voulais pas faire de faux pas. Les gars connaissent mon père et savent comment il travaille. Je me suis dit qu’il ne faut pas que j’aille l’air tata. Je pense que ç’a bien été », exprime le jeune.
De son côté, son père était en vacances hors de la ville. « J’avais presque le goût de revenir pour pouvoir coacher mon gars à son premier feu », lance Raynald junior.
La fierté du père
« C’est certain que c’est le fun de voir que j’ai transmis à Morgan une certaine passion. De voir qu’il veut suivre les traces et qu’on aura sans doute la chance de pouvoir travailler ensemble dans le futur. C’est une belle fierté pour moi! Le but ultime pour nos deux serait de travailler sur la même équipe », affirme le père avec un large sourire.