Le projet le plus complexe pour le groupe Château Bellevue
CONSTRUCTION. D’abord vendu à un coût de 275 000$, la Ville de Shawinigan a dû changer son fusil d’épaule et vendre le terrain pour la construction de la résidence pour personnes âgées à un prix nominal de 1$ au Groupe Château Bellevue en raison de la contamination du terrain plus importante que prévue.
Il faut rappeler que le premier contrat pour la réhabilitation du terrain sur la 9e Rue de la Pointe avait été attribué en janvier dernier aux Entreprises G.N.P. inc. pour une somme de 608 541$ taxes en sus. Puis, en mars dernier, une première directive de changement d’un montant de 337 782$, taxes en sus a été attribuée par les élus à la même compagnie. Comme si ce n’était pas assez, une deuxième directive de changement d’un montant de 408 635,414 a été acceptée. Ces montants représentent 750 000$ en plus de ce qui avait été évalué au départ afin d’exécuter les travaux de décontamination.
«Il y avait une entente avec le Groupe Château Bellevue pour vendre le terrain au coût de 275 000$, mais la valeur du terrain devait aussi être équivalente, explique le maire de Shawinigan Michel Angers. Il y a souvent des clauses pour des terrains contaminés comme celui-là pour une capacité portante du terrain. En creusant, on s’est rendu compte que la capacité portante du terrain n’était pas là, tout ça lié avec les épisodes de contamination plus importante qu’anticipée au départ. Le Groupe Château Bellevue a dû planter des pieux pour renforcer la capacité portante, c’est pourquoi nous vendons le terrain pour une somme nominale. Il ne faut pas oublier que c’est à la demande de la Ville qu’il y aura un stationnement étagé double.»
Une réévaluation du terrain a été faite et les résultats indiquaient que le terrain n’avait pas la capacité portante.
«La contamination d’un terrain, c’est la dernière affaire qu’on veut avoir dans un projet.» -Frédéric Lepage
Le maire indique que les gens du Groupe Château Bellevue ont été compréhensifs même s’ils ont été retardés par les travaux de décontamination, les certificats d’autorisation gouvernementaux à obtenir, et les pieux à ajouter. «Les travaux ont dû être accélérés et de l’argent supplémentaire a été ajouté», indique M. Angers.
Le premier magistrat affirme que même s’il avait su dès le départ le degré de contamination du terrain qui est plus important, il serait allé de l’avant avec le projet. «C’est une opportunité pour nous. On prend un terrain contaminé, on procède à sa réhabilitation, et on ajoute un bâtiment de 52 M$. C’est certain que c’est gagnant. La contamination était là quand même, alors peu importe quand, dans 10, 20, 30 ans, il y aurait eu quelque chose à cet endroit parce que le centre-ville se développe. Il y aura un retour d’argent pour la Ville de Shawinigan, mais il sera plus long que prévu. Mais c’est la philosophie qu’on veut adopter: avoir un investisseur sur un terrain contaminé, procéder à la décontamination, et installer une bâtisse quelconque dessus. Ça sera la même stratégie pour les autres terrains.»
Recours judiciaires
Sans aller très loin dans les détails, le maire Angers et le greffier Yves Vincent confirment que des mises en demeure ont été acheminées depuis un bon bout de temps aux gens responsables des études de caractérisation afin d’établir le degré de contamination. «Le processus judiciaire suit son cours. Il n’y a rien qui a fonctionné avec ce qu’on nous avait dit pour l’étude de caractérisation. Entre ce qu’on nous avait dit, et la finalité, il y a toute une différence», ajoute le maire.
Un projet complexe pour le promoteur
Avec tous les rebondissements dans le projet, le président et directeur général (PDG) du Groupe Château Bellevue Frédéric Lepage avoue que le complexe de 300 unités doit être construit avec un délai plus court.
«Le fait de devoir construire dans un délai plus court fait qu’on doit mettre plus d’énergie avec plus d’équipes et des heures supplémentaires et évidemment des coûts sont reliés à ça. Il a aussi fallu absorber une portion des coûts pour la décontamination. C’est certain que ça va nous coûter un million de dollars en plus pour le projet total qui était de 52 M$. Nous avons eu une belle ouverture de la Ville dans tout ça. La Ville voulait le projet et elle a pris les moyens nécessaires. C’est ce qui fait que nous avons continué dans ce projet», explique M. Lepage.
Le PDG affirme qu’il peut toujours y avoir des surprises dans un projet d’ampleur comme celui-là tant que les travailleurs ne sont pas sortis de terre. Shawinigan est le dixième projet de l’entreprise depuis 2006.
Est-ce que le Groupe Château Bellevue a vu d’autres surprises de cette ampleur pour les autres constructions? «On n’a jamais eu des problèmes de contamination aussi importants qu’à Shawinigan. On a déjà eu des problèmes avec du roc ou de la glaise, ou d’autres types de problématiques. Avec la contamination, on doit transiger avec le gouvernement pour les certificats d’autorisation, alors c’est encore plus long. La contamination d’un terrain, c’est la dernière affaire qu’on veut avoir dans un projet. Ça crée de l’incertitude pour nous et pour les clients», ajoute M. Lepage.
Toutefois, le projet sera complété selon les échéances prévues, soit à la fin de novembre 2019. Pour l’instant, l’entreprise compte un taux de réservation de 60%, ce qui est extraordinaire à un an de l’ouverture selon Frédéric Lepage.