Le Shawiniganais qui vulgarise l’économie
ÉCONOMIE. Professeur d’économie à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, Steeve Mongrain a vu ses journées passablement bousculées depuis que Donald Trump a lancé sa guerre tarifaire contre le monde ce printemps.
C’est qu’en dehors de son rôle de pédagogue, le Shawiniganais est régulièrement sollicité par les médias britanno-colombiens, autant francophones qu’anglophones, pour venir démystifier au bénéfice du grand public les enjeux posés par la charge agressive du président américain.
« Radio-Canada a un bureau régional à Vancouver et il cherche des experts capables de parler en français sur des sujets qui intéressent la Colombie-Britannique. Donc, comme il n’y a pas beaucoup d’économistes francophones ici, c’est souvent moi qu’il sollicite. En partant de là, ton nom commence à circuler et maintenant, ce sont autant les médias anglophones que francophones qui m’invitent », raconte l’ancien diplômé du Séminaire Sainte-Marie et du Cégep de Shawinigan.
Steeve Mongrain enseigne à l’Université Simon Fraser depuis maintenant 25 ans après avoir multiplié les diplômes en économie à l’Université Laval à Québec, l’Université Queen’s à Kingston et l’Université d’Illinois. « Mon superviseur de thèse de maîtrise à l’Université Laval était Nicolas Marceau et encore aujourd’hui, on mène ensemble des projets de recherche », raconte-t-il en parlant de l’ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Pauline Marois.
Lorsque L’Hebdo l’a rejoint le 9 avril dernier, Donald Trump faisait un de ses retournements de situation dont lui seul a le secret en suspendant pour 90 jours ses surtaxes douanières – imposées quelques jours plus tôt – tout en les multipliant à l’endroit de la Chine.
« Une incertitude comme ça, c’est terrible pour les marchés financiers, mais aussi pour lui-même. Il parle souvent de ramener les firmes à produire aux États-Unis, de recréer le golden age de l’industrialisation. Avec des messages comme ça qui vont de l’avant à l’arrière et de l’arrière à l’avant, ça ne va pas convaincre les entreprises à venir s’installer aux États-Unis », estime Steeve Mongrain.
Quant à la riposte que devrait adopter le Canada face à ces taxes douanières, l’économiste shawiniganais croit que le gouvernement ferait fausse route en optant pour la stratégie dollar pour dollar en imposant à son tour les produits provenant des États-Unis. « Ce que le Canada doit faire, c’est de faire plier l’opinion publique américaine pour que les décisions de Trump soient renversées. Moi, une des politiques que j’aime le plus, ce sont les taxes sur l’exportation plutôt que les taxes sur l’importation. Si on choisit des biens où les États-Unis sont très dépendants, ils vont avoir à payer plus cher et ça n’affectera pas pour autant les consommateurs canadiens. Je pense que la politique que Doug Ford a voulu implanter en augmentant le prix pour l’électricité aux États-Unis, c’est la stratégie la plus efficace. »
Résident de la Colombie-Britannique depuis maintenant 25 ans, le Shawiniganais revient chaque année se ressourcer dans sa Mauricie natale où ses parents vivent encore, sa mère à Trois-Rivières et son père à Shawinigan. « Puis, par mon travail avec Nicolas Marceau, ça me donne l’occasion de revenir au Québec de temps à autre », conclut Steeve Mongrain.