L’église de Saint-Gérard-des-Laurentides vendue

COMMUNAUTÉ.  La paroisse Sainte-Marguerite-d’Youville de Shawinigan a vendu l’église de Saint-Gérard-des-Laurentides à la fin du mois de février à une paroissienne qui entend conserver la vocation religieuse de l’endroit. Jeannine Forget a acquis du même coup le presbytère juste à côté qu’elle entend convertir en maison de soins palliatifs pour les religieux et religieuses en fin de vie. 

Les marguilliers de la fabrique jonglaient depuis quelques mois avec l’idée de mettre en vente l’église Saint-Charles-Garnier ou celle de Saint-Gérard. La retraite à la fin de 2021 de l’abbé Louis-Philippe Pérusse, curé de la paroisse durant 40 ans, a finalement scellé le sort de l’église centenaire en bois construite en 1922.

« Quand j’ai entendu dire que la Fabrique allait la fermer et peut-être même démolir le clocher, j’ai dit non, il ne faut pas qu’on la perdre. L’église de Saint-Gérard, c’est l’identité de notre village. La famille Forget vit ici depuis les débuts et nous avons toujours aidé à son entretien, à déneiger le stationnement l’hiver », souligne Jeannine Forget, une Américaine d’origine arrivée dans la région il y a plus de 30 ans.    

Pour l’instant, l’église est fermée le temps que des travaux visant à refaire le plancher soit terminés. La nouvelle propriétaire veut lui redonner le cachet qu’elle avait à l’origine. Elle entend notamment remettre le grand crucifix de 13 pieds de haut à l’endroit où il se trouvait originellement. Le diocèse de Trois-Rivières ayant récupéré les chaises, qui faisaient office de bancs, et le maître-autel du chœur de l’église, Jeannine Forget a négocié pour récupérer des bancs inutilisés d’une église de Trois-Rivières.

La paroissienne remettra trois autels sur le chœur de l’église tels que les pionniers de Saint-Gérard-des-Laurentides pouvaient apercevoir lors des offices religieux. « Jusqu’aux années 1960, on trouvait trois autels à l’avant de l’église, un au centre et les deux autres sur le côté », fait-elle remarquer.

En étant vendue à un particulier qui entend y poursuivre les offices religieux selon le rite catholique romain, l’église devient une chapelle privée. « Tout dépendamment de la disponibilité des prêtres, je voudrais que l’on continue d’y faire des célébrations. Ça va être mon job de trouver des abbés qui vont nous dire la messe », poursuit Jeannine Forget.

Dans un monde idéal, les messes y seraient célébrées en latin comme avant le concile Vatican II de 1962.  « J’aimerais ça revenir à l’ancien rite traditionnel, comme on le faisait au Prieuré Saint-Pie X à Shawinigan-Sud. Quand je suis arrivée ici, j’avais de la misère à comprendre le français, mais je connaissais le latin parce que j’avais vécu deux ans en France quand  j’étais adolescente et les messes y étaient célébrées dans cette langue », souligne-t-elle.

Enfin, plus tard cette année, Jeannine Forget entend réaménager le presbytère pour pouvoir y recevoir des religieux en fin de vie. « C’est quelque chose que j’ai fait il y a deux ans lorsque j’ai accueilli chez moi durant quatre mois un abbé en fin de vie.  Je pense que c’est un besoin dans la région. Il y avait la Maison Béthanie à Trois-Rivières qui faisait ça, mais je pense qu’elle a fermé il n’y a pas si longtemps. »

Jeannine Forget dévoile toutes ces initiatives en sachant bien qu’elle n’en retira aucun bénéfice financier, bien au contraire. « C’est dommage de voir fermer nos églises comme c’est le cas aujourd’hui. Je le fais pour garder notre identité vivante, pour mettre en valeur notre patrimoine. Toutes les familles pionnières de Saint-Gérard comme les Corriveau, les Pothier, etc. étaient contentes de voir que l’église allait continuer », termine la nouvelle propriétaire des lieux.