Les femmes de ma vie

Par Marilou Hamel-Fréchette. CHRONIQUE. J’ai grandi dans une famille de filles. J’ai deux soeurs, ma mère en avait quatre, ma grand-mère, neuf.

Mon grand-père était un vrai papa de filles (et un saint). Je me souviens à quel point il était fier de sa gang, comment il nous appelait toutes ‘’ses chéries’’ avec affection, petit homme tranquille et doux, regardant son clan de “fofolles" avec bienveillance, sachant très bien qu’il se faisait mener par le bout du nez par tout ce beau monde. Il y trouvait son compte, heureux d’être si bien entouré.

Mes tantes et ma mère, toutes plus rigolotes et à leur façon, plus originales les unes que les autres, ont toujours été des figures importantes et ont eu chacune une influence significative dans ma vie, ma mère étant toujours aujourd’hui, le pilier de mon existence.

De joyeux personnages, des belles femmes, fières, drôles, toujours en train de taquiner. Dès qu’il y en avait  plus de deux réunies, ça dégénérait toujours en hilarité générale. Je ne crois pas avoir déjà été avec elles, que ce soit à Noël ou dans des funérailles, sans qu’il y ait à un moment ou un autre, une séance de rigolade en règle. Encore aujourd’hui, malgré la perte d’une soeur, elles restent incorrigibles.

Ça débute toujours de la même façon, des rires discrets de petites souris, comme si elles essayaient d’être raisonnables en tentant très inutilement de se contenir, les épaules qui sautent et les larmes qui perlent, avant même d’émettre un seul son vraiment audible. Quand finalement, l’une d’entre elles (habituellement ma marraine, qui a le rire le plus contagieux), ne peut plus se retenir, c’est comme une chaîne qui ne finit plus, toutes et chacune entretenant l’hystérie marrante de l’autre, repartant de plus belle quand le fou rire semble s’apaiser, habituellement jusqu’à ce que ma mère déclare une envie de pipi d’avoir trop ri, qu’elles sortent tour à tour leurs mouchoirs pour se tamponner les yeux, échappant ici et là quelques soubresauts, oubliant ce qui les a mis dans cet état pour commencer, reprenant leur souffle, vérifiant le mascara de leur voisine en s’assurant d’être présentables.

Quand grand-maman était encore là, c’est habituellement à ce moment qu’en bon chef de famille, elle rappelait tout le monde à l’ordre avec un: ‘’On se calme le poil des jambes!”

Ma grand-mère, minuscule femme avec la détermination d’un géant, mériterait un texte à elle seule. Un petit bout de dynamite, pas barrée à 40, qui a vécu sa vie à fond de train jusqu’à ses 88 ans.

En ce jour de la femme, j’avais envie de rendre hommage à toutes ces femmes dans ma vie. Des femmes fortes, qui m’ont montré le chemin. Ma fille n’a pas de soeur, mais elle a la chance d’être entourée, par des grands-mères, des tantes, des grandes cousines et bien entendu, par une gang de grandes-tantes hilarantes, de qui elle parlera un jour, je l’espère, avec la même admiration et avec autant d’amour que je le fais aujourd’hui.