Les papillons et les abeilles au cœur de l’économie de Mékinac
AGRICULTURE. À l’abri des regards, des abeilles et des papillons monarques butinent dans un champ. Ces insectes contribuent à faire du secteur Mékinac la plus grande récolte d’asclépiade qui sera à la fin de l’été. TC Media a accompagné Daniel Allard de la Coopérative Monark dans un champ d’asclépiade.
L’asclépiade possède diverses propriétés recherchées comme l’isolation vestimentaire ou acoustique, l’absorption de pétrole ou encore la résistance à l’eau.
Cette année sera déterminante pour la récolte puisque les plants d’asclépiades arrivent à maturité lors de la troisième saison. La plus grosse récolte jusqu’à présent a été un hectare, et cette année, on prévoit en récolter 100 hectares.
«Il y a 75 fermes qui ont de l’asclépiade dans leurs champs, et il en existe 25 autres qui sont en attente pour la semence. Au total dans Mékinac, nous avons 800 hectares de cette plante. Pour une ferme, un contrat de 10 hectares est un contrat de base pour permettre l’activité des pollinisateurs», explique Daniel Allard.
Il faut savoir que la matière première sera transformée en soie du Québec à l’usine Encore 3 de Saint-Tite. À cet endroit, on transformera la matière pour l’absorption, et l’usine Protec-Style à Granby fera de la soie des vêtements isolés.
D’ailleurs, l’usine de Granby vient d’obtenir un important contrat pour la garde côtière canadienne de 507 000$ pour l’essai de vêtements isolés d’asclépiade pour l’hiver prochain. Bien entendu, c’est la coopérative Monark, regroupant les 75 producteurs, qui assure l’approvisionnement.
Les papillons monarques
Les champs d’asclépiade permettent, en plus de contribuer à l’économie de Mékinac, d’accroître les aires de reproduction du papillon monarque pour sa survie.
Cette année, les papillons monarques, qui arrivent d’une migration du Mexique, ont élu domicile dans les champs d’asclépiade depuis la mi-juin. «C’est rare puisque les autres années, les monarques arrivaient à la fin juin. Ça signifie que la floraison est survenue plus rapidement», explique M. Allard.
Les papillons feront deux pontes au cours de l’été, puis c’est à la mi-septembre que la deuxième génération effectuera sa migration vers le sud.
Les monarques ne sont pas les principaux pollinisateurs des fleurs, c’est plutôt les abeilles qui font la majorité du travail. Les monarques sont intimement associés à l’asclépiade puisque ce sont les chenilles qui s’alimentent exclusivement de la feuille de l’asclépiade.
Le miel d’asclépiade
«Denis Gauthier et son équipe contribuent au travail des producteurs. Sans pollinisateurs, on aurait un beau champ fleuri, mais pas de récolte. Pour un champ de 10 hectares, les abeilles sont en mesure de produire de 20 à 40 kilos de miel. C’est une bonne production pour le temps de la floraison. Denis Gauthier sera le seul pour le moment qui produira du miel d’asclépiade. Il n’y a pas la même teneur en fructose et en glucose, c’est un miel qui cristallise beaucoup moins vite, et qui a un goût très fin. Il n’a pas de goût acre contrairement à d’autres types de miel. Les gens du coin pourront compter sur un produit unique au monde», ajoute M. Allard.
Commentaires d’un producteur
C’est sur la ferme de Pierre Thiffault que TC Media a pu se promener dans un champ d’asclépiade. Depuis qu’il a acheté la ferme en 1994, M. Thiffault investi en moyenne 250 000$ par année sur la ferme. On y retrouve notamment du blé, du soya, et depuis trois ans, de l’asclépiade.
«Je connaissais déjà l’asclépiade, un de mes oncles m’avait montré ça. La sève peut guérir les verrues. Je savais déjà que ça avait des propriétés. Quand j’ai entendu parler des vertus de la fibre avec ses propriétés d’absorption, je croyais au potentiel de cette plante. En plus, ça crée des jobs dans Mékinac avec l’usine et les autres producteurs. Le défi était de partir de rien, et c’est par l’entraide entre les producteurs associés à la coopérative que nous pouvons avoir une bonne récolte cette année. L’asclépiade sur ma ferme représente 20 hectares sur une superficie totale de 600 hectares. Pour moi, c’était un risque calculé», commente M. Thiffault