Les performances ne sont pas au rendez-vous

ENVIRONNEMENT. Plus de 18 mois après sa mise en opération, la station de traitement des eaux du Lac-à-la-Pêche de la Ville de Shawinigan éprouve toujours des difficultés de fonctionnement.

Les 18 000 logements de la Ville qui sont approvisionnés par cette station bénéficient d’une eau potable d’excellente qualité rassure Michel Angers, mais les performances attendues du système en place ne sont pas celles promises par les ingénieurs de WSP (anciennement Genivar) et la firme Suez qui a développé la technologie par filtration membranaire.

« C’est une technologie qui nous a été imposée en quelque sorte par la règle du plus bas soumissionnaire, déplore le maire. C’est un système accepté par le ministère de l’Environnement, mais qui est toujours en cours de validation. Je n’avais pas le goût d’être un projet pilote, mais le gouvernement veut toujours en payer le moins possible. »

Concrètement, le problème provient de la quantité de matière organique présente dans l’eau du lac à la Pêche qui encrasse plus rapidement les filtres membranaires que ce qui avait été estimé. « Ils se colmatent plus rapidement que prévu, ce qui fait qu’on doit les laver plus souvent », explique la directrice du Service de l’ingénierie, Sophie Lethiecq-Boisvert. Ces lavages plus fréquents occasionnent une accumulation importante de sédiments non toxiques qui sont déversés dans un ruisseau à proximité de la station.

« Des citoyens du secteur nous interpellent pour savoir à quel moment nous allons nettoyer le ruisseau. Nous allons bien sûr le faire, mais je tiens à rappeler que tout le système en place avait été préalablement accepté autant par le ministère de l’Environnement que celui des Affaires municipales », tient à préciser Michel Angers.

Sans vouloir les identifier, le maire souligne que quelques autres municipalités au Québec ont adopté le système par filtration membranaire et éprouvent des difficultés similaires. « La différence, c’est qu’elles rejettent leur sédiment dans le fleuve alors que nous n’avons qu’un ruisseau pour le faire. »

S’il n’en avait tenu qu’à lui, la Ville aurait opté pour un système plus traditionnel comme celui de filtration au sable qui existe depuis déjà plus de 50 ans et qui a fait ses preuves. D’ailleurs, la firme Veolia, qui proposait cette technologie, était l’un des soumissionnaires pour le projet de la station de traitement des eaux du Lac-à-la-Pêche, mais s’était inclinée devant Suez avec la règle du plus bas soumissionnaire. Une poursuite avait même été intentée sans succès en justice par Veolia pour faire invalider la décision.

« On discute avec Suez qui est le fabricant des membranes. On nous avait dit qu’on allait devoir les nettoyer une fois par mois, mais on doit le faire toutes les semaines. Est-ce qu’on va devoir les remplacer? Est-ce qu’il y a des défauts de fabrication? Nous on comptabilise tous nos coûts et on va voir ce qu’on va faire par la suite. Quand on donne un contrat clé en main, on s’attend à ce que ça marche », déclare Michel Angers sur un ton insatisfait, n’excluant aucun recours pour l’instant.

Malgré ces écueils dont il a bon espoir de trouver des solutions dans les prochains mois, le maire rappelle que la décision de 2010 de maintenir les deux sources d’eau potable de la Ville, soit le lac à la Pêche et le lac des Piles, plutôt que la rivière Saint-Maurice demeure toujours la bonne aujourd’hui. « Pour les citoyens, cela représente une économie énorme puisqu’on est passé d’un projet de près de 130 millions$ à un projet de l’ordre de 64 millions$ dont 57 millions$ proviennent des deux gouvernements supérieurs », termine-t-il.