«Les plus beaux étés de ma vie!»

HISTOIRE. Le Musée du bûcheron de Grandes-Piles a 40 ans cette année. Il a été fondé par Viateur Perreault et Huguette Frigon en 1978. L’Hebdo s’est entretenu avec le premier guide des visites animées du musée, Guy Arcand.

Chemise à carreaux, chapeau d’époque, une gamelle à la taille et une gaffe à la main, il s’agissait de l’habillement de «Pit le draveur», personnifié par M. Arcand.

Comment le musée du bûcheron a-t-il vu le jour? «Au départ il n’y avait pas de musée dans l’air. En 1975, Huguette et Viateur ont acheté la grange. Dans une partie de la grange, il y avait une école de poterie. Viateur s’est mis à faire le tour des campagnes pour ramasser des godendards, des haches, et plein de matériel forestier. Il a apporté ça au deuxième étage de la grange qui était vide. Mais il n’était pas encore question d’un musée. Il est venu un temps où le deuxième étage était plein, alors on est monté au troisième étage. À partir de là, Viateur m’a demandé de faire des visites avec les connaissances que j’avais. Il n’y avait pas encore de visites guidées. Les gens venaient en bas pour la poterie, et Viateur les invitait à monter au deuxième et au troisième étage en 1978 et 1979. On racontait l’histoire forestière à partir de 1850», raconte Guy Arcand.

C’est en 1980 qu’on a vu une évolution et que l’endroit commençait à être prisé. «C’est là que Viateur a pensé à un festival du draveur. C’est là que «Pit le draveur» est venu au monde. Sur la rivière, les familles de Grandes-Piles et des autres villages proches faisaient des courses de barges. Il y avait aussi des démonstrations de roulage sur une pitoune. Il y avait aussi une course de portageux à Vallée Pruneau et un concours de sciage qui se faisait en bas», se souvient M. Arcand.

Guy Arcand personnifiait «Pit le draveur» dans les années 1980.

En 1980, Viateur a cogné à la porte du gouvernement fédéral pour pouvoir bâtir des camps. «Le premier camp a été la cuisine, ensuite le camp des hommes, et tranquillement, les camps se sont bâtis; l’office, le mesureur, la limerie, le trappeur. Il a fallu cinq ans avant que tout soit terminé. À partir du moment où les camps commençaient à être en place en 1982-1983, je faisais les visites guidées jusqu’en 1988. J’ai quitté un bout de temps, et en 1993 je suis revenu comme directeur général du musée, puis j’ai quitté. Je suis revenu au musée de 1999-2000 jusqu’en 2004-2005.»

Aujourd’hui, c’est Baptiste Prud’homme qui assure les visites guidées du Village du bûcheron. Lors de notre passage pour l’entrevue avec M. Arcand, Baptiste avait justement un groupe qui visitait. Quelques-uns de Sherbrooke, d’autres de la Beauce, et un couple de Français. Des anecdotes sur la vie dans les camps à l’époque, d’où vient le mot joual bécosse… Le temps d’un instant, «Pit le draveur» s’est assis avec Baptiste afin de raconter d’autres anecdotes pour le grand plaisir du groupe. Tous étaient enchantés par les légendes et les histoires.

Guy Arcand et baptiste Prud’homme racontant des anecdotes au groupe.

Comment le premier guide qualifie-t-il les visites réalisées par Baptiste? «Je trouve que les visites sont animées et c’est encore plus intéressant. Baptiste prend même sa guitare et joue des airs du temps. Du temps de Viateur, les visites c’était sérieux au même titre qu’une visite dans un musée où il faut parler bas. Il devait y avoir une évolution aussi. Si c’était encore comme à notre époque, il n’y aurait peut-être plus de monde.  C’est convivial et les gens aiment ça!»

Lorsque nous avons demandé à M. Arcand de résumer ses années passées au village, l’émotion a gagné l’homme costaud. «Ce sont les plus beaux étés de ma vie, affirme-t-il avec la gorge nouée et la larme à l’œil. Quand je pense que je suis le dernier des trois… Viateur est parti en 1998, ma petite sœur Huguette vient de mourir à l’hiver 2018. Je suis le dernier qui peut raconter le musée. Les autres vont répéter ce qu’ils ont entendu. Mais ç’a été des étés formidables, du temps exceptionnel, du travail bénévole sans compter les heures.»