Les Quesnel: une histoire de père en fils
HISTOIRE. Une page d’histoire s’est tournée lundi avec la fermeture de l’usine Laurentide de Grand-Mère après 126 ans d’opération. Le moulin à papier a marqué plusieurs familles grand-méroises, dont les Quesnel qui ont traversé cinq générations. L’Hebdo a rencontré Pierre, et son fils David, qui se sont remémorés de bons souvenirs.
«Mon arrière-grand-père l’a vu naître, et moi je la vois mourir», s’est exprimé Pierre Quesnel à la sortie de l’usine lors de l’annonce de Produits forestiers résolu au début du mois de septembre dernier.
Son arrière-grand-père, Émile, son grand-père, Avelin, son père, Fernand, ont tous travaillé à la Consol, tout comme Pierre, et son fils David.
Père et fils
Pierre Quesnel a réalisé son premier quart de travail à l’âge de 15 ans, alors qu’il faisait le ménage dans la cafétéria. Il a ensuite travaillé comme étudiant à l’âge de 17 ans. À 20 ans, il avait obtenu un emploi à Longueuil, puis c’est à l’âge de 26 ans qu’il a eu sa permanence à l’usine de Grand-Mère. «C’est mon chez nous qui m’a fait revenir, je n’aimais pas vraiment Montréal. Je n’ai jamais eu de regret de revenir ici et de travailler à l’usine», raconte l’homme de 53 ans.
Son fils David est rentré à l’usine à l’âge de 20 ans, et a travaillé comme mécanicien et pompier jusqu’à l’âge de 23 ans. Il a quitté l’usine tout juste avant la fermeture de la machine #10 en décembre 2012, voyant que les coupures étaient éminentes. «Tout comme les autres membres de ma famille, je visais aussi un poste de contremaître à l’usine.»
Pour Pierre, ses plus beaux souvenirs à la Laurentide sont d’avoir pu travailler avec son fils. «Ce qui est marquant à l’usine, c’est de voir comment les générations se croisent entre les pères et les fils. La plus belle chose que j’ai pu vivre c’est de réveiller mon gars pour aller combattre un feu. On partait de la maison entre père et fils, ce sont de beaux souvenirs. J’ai aussi de bons souvenirs avec mon père avec qui j’ai travaillé avec 5 ou 6 fois, et avec mes oncles.»
«Nous avons passé de belle soirée à travailler ensemble mon père et moi, malgré que c’était l’apocalypse avec les bris. Ça me fais de la peine de voir mes chums et ma famille perdent leur job, ajoute David âgé de 26 ans. Il y avait une ambiance particulière à l’usine. Les chums que j’avais son encore mes chums aujourd’hui. J’ai travaillé dans une usine à Sorel où il y avait plus de 1000 employés, mais ce n’était pas pareil. C’est peut-être la mentalité typique au moulin à papier. C’est plus qu’une shop qui ferme, c’est une page d’histoire qui se tourne.
Les Quesnel
-1ère génération: arrière-grand-père: Émile: a travaillé à la construction des machines 4 et 6 et toute sa vie à l’usine -2e génération: grand-père: Avelin: a été contremaître-machiniste -3e génération: père: Fernand: contremaître aux machines et président du syndicat au début des années 1970 -4e génération: Pierre: emploi étudiant et rentre à l’usine à 26 ans, travaillé sur les machines, pompiers réservistes puis chef de la brigade incendie -5e génération: fils: David: à l’usine de 20 à 23 ans: mécanicien et pompier
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