Les secrets du Père Noël de Shawinigan
NOËL. Avec sa longue barbe grisonnante, Luc Villemure ne passe pas inaperçu. Mais lorsqu’il enfile son habit rouge et ses gants blancs; boucle sa ceinture et chausse ses bottes noires; puis visse une tuque écarlate sur sa tête, l’effet est saisissant: le Père Noël est en ville…
Le Shawiniganais a ressenti un pincement au cœur cet automne lorsqu’il a compris que le contexte sanitaire l’empêcherait sans doute de revêtir son costume préféré. «Quand je m’habille comme ça, c’est comme si j’entrais en transe. Je deviens une autre personne. Je suis fébrile comme un enfant dans un magasin de jouets», confie celui qui règne depuis 2017 sur le trône du royaume à la Plaza de la Mauricie.
Tout a commencé il y a environ sept ans lorsque sa fille, qui travaille au CHSLD Saint-Maurice, lui demande en catastrophe de venir remplacer le Père Noël subitement tombé malade. «Ça fait vingt ans que je porte une grande barbe. Au début, elle était brune, mais avec le froid au Pôle Nord, elle a blanchi», sourit celui qui commence à la laisser pousser en juillet de chaque année.
«L’adrénaline que les gens t’emmènent. Moi, c’est ma paie.»
– Père Noël
Le Père Noël de rechange cet après-midi-là remporte un succès fou et Luc Villemure signe alors un pacte avec son double.
Pour ce nouveau retraité de l’usine de pneus Bridgestone à Joliette, personnifier le patron des lutins est devenu une vocation. «Une passion, corrige-t-il. Quand je suis avec un enfant, je suis à l’écoute. J’embarque dans son jeu. Je n’ai jamais de scénario, j’y vais selon ce qu’il me dit.»
Réaliser le rêve d’une jeune fille atteinte d’un cancer en atterrissant en sa compagnie en hélicoptère dans le stationnement de la Plaza; établir un contact avec une autiste en fredonnant la même chanson qu’elle; redonner confiance à un adolescent victime d’intimidation en lui offrant son amitié; prendre le temps de parler à une vieille dame en résidence qui reçoit ce jour-là sa seule visite de l’année…
«Ce sont des instants magiques que je vis en ces moments-là. Des fois, c’est très émotif avec le petit ou le parent qui pleure à côté de moi. Il faut que je fasse attention de ne pas pleurer moi aussi. Le soir, quand je reviens à la maison, je me prends un petit verre de vin pour décompresser et je repense à ma journée, sur ce que j’ai dit. J’essaie de m’améliorer tout en restant naturel, car je n’oublie jamais que je ne suis pas un comédien.»
La magie de Noël
Dans les situations qui semblent parfois sans issues, Luc Villemure conserve toujours dans sa manche la phrase passe-partout: <@Ri>C’est la magie de Noël.<@$p>. «Celle-là, elle règle tous les problèmes, révèle-t-il. Des fois, l’enfant n’ose pas livrer un secret parce que sa maman est à côté. Je lui dis: »On va verser un peu de poudre de magie de Noël puis, il y a juste toi et moi qui vont pouvoir se comprendre. » Ça marche à tous les coups.»
S’il est rémunéré pour personnifier le Père Noël à la Plaza, il refuse systématiquement les sous qu’on lui offre lorsqu’il se rend dans le CPE ou les résidences pour personnes âgées. «La journée que je vais vouloir en faire un <@Ri>side-line<@$p>, je prends mon habit puis je la range de bon sur un support. Ça voudra dire que je n’ai plus la flamme. Moi, je m’amuse quand je fais ça», souligne celui dont la mère, Micheline B. Villemure, était elle-même une grande bénévole à Grand-Mère.
Il y a une couple d’années, l’homme de 60 ans a vécu un moment inoubliable à la Plaza. Son petit-fils de six ans vient s’asseoir sur ses genoux sans le reconnaître. Le Père Noël lui souffle alors à l’oreille le cadeau qu’il recevra le 24 au soir. Quelques heures plus tard, Luc Villemure revoit le petit garçon à la maison tout excité : le Père Noël a entendu son souhait!
Encore une fois, la magie de Noël avait opéré…