Levée de boucliers envers le projet de construction d’une usine

PÉTITION. Un jeune couple habitant le chemin de Saint-Gérard vient de lancer une pétition pour que la Ville de Shawinigan déménage le projet de construction d’une usine qui serait située derrière leur propriété.

Habitant le 421, chemin de Saint-Gérard, Sarah-Ashley Groleau Paquette et Anthony Lavergne ont appris avec stupeur le 22 juin dernier que les champs derrière leur maison faisaient partie intégrante du Technoparc et qu’ils étaient de ce fait, en zone industrielle.

Selon toute vraisemblance et même si la Ville n’a pas voulu le confirmer à L’Hebdo, le projet concernerait la future usine de Taïga Motors, qui fabriquera des véhicules électriques pour sports motorisés, qui a été annoncé en mars dernier sans toutefois indiquer où elle serait établie.

Les quatre lots appartenant à la  Ville depuis plus de quarante ans étaient loués à deux agriculteurs qui y fauchaient les foins depuis des années. «Ils ont été avisés il y a quelques semaines que leurs baux étaient résiliés et qu’ils n’auraient pas accès à la récolte cette année», déclare Sarah-Ashley Groleau Paquette qui a appris l’existence du projet par l’un des agriculteurs en question.

Finalement, les deux producteurs agricoles ont été autorisés dans la dernière semaine de juin à faire leur récolte de foins alors que des arpenteurs et d’autres professionnels se trouvaient dans les champs en question avec de la machinerie pour faire des tests de sol.

Le jeune couple a écrit au cabinet du maire Angers et au conseiller du district des Montagnes, Claude Grenier, mais n’avait pas eu de retour au moment où nous l’avons rencontré. «On a aussi interpelé la députée Marie-Louise Tardif qui nous a confirmé qu’une usine s’en allait là», explique Anthony Lavergne. Des courriels ont aussi été envoyés à l’UPA et à la CPTAQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec).

En date du 1er juillet, leur pétition avait récolté plus de 110 signatures. Dans le préambule, la pétition rappelle que les terres agricoles en question sont de très bonne qualité; que les champs sont habités par des espèces d’oiseaux en péril tels que le Goglu des prés, la Siturnelle des prés et le Bruant des prés; que le projet d’usine créé un stress et des désagréments aux agriculteurs et aux citoyens du secteur; que le projet va perturber la tranquillité du secteur résidentiel; et enfin, que la Ville possède un parc industriel à grand gabarit dans le secteur Saint-Georges qui a coûté près de 5 millions$ en expropriation et qui actuellement inutilisé.

«Nous ne sommes pas contre le projet qui va créer des emplois et qui sera bon pour l’économie locale, mais bien contre son emplacement», tient à préciser Sarah-Ashley Groleau Paquette. «Quand il a été annoncé que Nemaska quittait Shawinigan il y a quelques semaines, le maire a dit que le parc à Saint-Georges aurait été parfait pour les accueillir. Pourquoi c’était bon pour Nemaska et pas pour l’usine qui sera construite derrière chez nous», s’interroge pour sa part Anthony Lavergne. La pétition demande également que les quatre lots redeviennent à vocation agricole.

Réactions de la Ville

Directeur des communications à la Ville de Shawinigan, François St-Onge a confirmé à L’Hebdo qu’une usine serait construite dans le secteur au cours des prochains mois sans toutefois dévoiler l’identité du promoteur. «C’est une zone industrielle depuis plus de 40 ans alors, on peut s’attendre à ce qu’une industrie s’y implante un jour», a-t-il déclaré.

Il souligne que la Ville comptait aménager une zone tampon entre la future usine et les quartiers résidentiels avoisinants afin de bien démarquer les deux secteurs. Sur la possibilité que la Ville construise une voie d’accès vers la future usine à partir du chemin de Saint-Gérard comme le jeune couple l’a révélé à L’Hebdo, François St-Onge indique que ce n’est pas dans les plans pour le moment.

Enfin, il souligne que, comme pour tous les gens d’affaires qui viennent s’informer à la Ville, le Service de développement économique avait offert les emplacements industriels disponibles sur le territoire, dont celui du parc à grand gabarit à Saint-Georges, mais que le mot de la fin revenait aux promoteurs.

Rappelons que la future usine de Taiga Motors aura une superficie de 200 000 pieds carrés dans une première phase et qu’une deuxième phase pourrait accroître la superficie à 340 000 pieds carrés. Les quatre lots appartenant à la Ville et situés dans le Technoparc seraient d’une superficie de 2 millions de pieds carrés.  Taiga Motors projette une production de 80 000 unités annuellement d’ici 2025. Lorsque l’usine sera en fonctionnement, une centaine d’emplois est projetée pour ce projet.