L’homme d’affaires Aziz Hanna est décédé

Une page de l’histoire du commerce de détail en Mauricie vient d’être tournée avec le décès, lundi soir, de M. Aziz Hanna. La famille Hanna est une famille de commerçants jadis bien établis à Grand-Mère qui a habillé plusieurs générations dans la Ville du Rocher.

Le Magasin Markus Hanna et fils, le Magasin Philippe Hanna et Fils, Hanna Confection, le Magasin Salem Aboud (marié à Mary Hanna! Leur fils Paul a pris la relève) et Au moins cher auront garni le paysage commercial de la ville pendant plus d’un siècle.

L’homme qui allait avoir 87 ans la semaine prochaine a rapidement succombé à une pneumonie, lundi soir à l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie.

C’est en 1958 qu’il ouvre Au moins cher en compagnie de son frère Emile, également décédé. «À cette époque, nous vendions des vêtements, mais aussi des articles de chasse et pêche aux touristes américains en visite dans la région. C’était un magasin général», rappelle sa belle-sœur Jacklyn, épouse d’Emile. «Les Hanna connaissaient toutes les familles, les parents et les grands-parents de leur clientèle et même les bûcherons du Lac Saint-Jean!», relève impressionné, M. Peter Leach, un ami de la famille.

En plus des familles, le commerce habillait également les travailleurs de l’usine Laurentide dont il était l’un des fournisseurs.

Au moins cher a fermé ses portes en septembre 2000 dans une période de grands changements dans le commerce de détail, notamment avec l’arrivée des Wal-Mart. «Plusieurs commerces ont fermé sur la sixième avenue à cette époque», rappelle Mme Hanna. Son fils John avait commencé à prendre la relève, mais les deux frères étaient toujours très actifs malgré des âges avancés. «Un Hanna, ça ne prend pas sa retraite!», a-t-elle constaté.

Issu d’une famille très croyante, M. Hanna a agi durant plusieurs années à titre de trésorier de l’église anglicane St. Stephen’s qu’il fréquentait toujours.

Détail amusant, les marchands libanais de la ville du Rocher étaient désignés comme «les Juifs»… ce qui est quand même curieux pour des Arabes de l’église chrétienne orientale! «Les Canadiens-Français à l’époque étaient mal informés. Tout de même, ils magasinaient dans nos boutiques parce qu’ils y retrouvaient un bon service et de bons prix. Il y avait un très grand respect entre les marchands et les clients.»

Jamais marié, Aziz Hanna a partagé une maison avec sa sœur Evelyn qui lui survit. Ses frères Jos, David et Daniel l’ont eux aussi précédé dans la mort.

Lors du centenaire de la ville en 1998, les Hanna ont reçu le Mérite du centenaire. Emile et Aziz au nom de la famille de leur père Philippe et Georges Jr au nom de la famille de Markus, les deux premiers patriarches à s’installer dans la ville en 1898.

Dans son adresse, le vice-président du comité du Centenaire et ex-maire Jacques Marchand note que «les familles Hanna ont été des modèles d’honnêteté et de persévérance dans le domaine du commerce de détail.»

Cela sans parler du secteur industriel où la famille a aussi agi comme important employeur. D’abord avec la Grand’Mere Shoe fondée en 1927 par John et Nick Hanna (300 emplois) et ensuite avec Bateaux Doral, fondée en 1973 par Peter Hanna, fils de Nick (200 emplois).

La famille accueillera parents et amis vendredi de 14h à 17h et de 19h à 21h au Complexe funéraire Pellerin sur la 6e avenue à Grand-Mère. Les obsèques de M. Hanna seront célébrées samedi matin à 11h en l’église St. Stephen’s