Luc Gélinas lance « La LNH, un rêve possible »
Des enfants gâtés, gras durs, adulés et riches comme Crésus… Voilà une image répandue à propos des joueurs de hockey professionnels. Le journaliste Luc Gélinas n’en a cure. Dans son premier livre « La LNH, un rêve possible », celui qui couvre le hockey à RDS depuis 1992 s’attarde sur l’aventure humaine qui a conduit huit Québécois de l’enfance à la LNH.
Vidéo et montage: Gérard Legault
Ceux qui connaissent le journaliste originaire de Saint-Boniface savent que c’est d’abord la nature d’une personne qui capte ou non son attention. Le bouquin qu’il vient de publier contient huit biographies de joueurs tantôt vedettes, tantôt obscurs. Des histoires jamais banales, marquées par la frustration, l’injustice, la ténacité et les grandes leçons de vie.
Huit cheminements : Vincent Levalier, un surdoué qui a suscité la jalousie et dont le père occupait trois emplois pour soutenir son rêve. Francis Bouillon, un joueur de petite taille qui n’a jamais abandonné. Ian Laperrière, qui démontre que rien n’est impossible même quand on possède un talent quelconque. Le Trifluvien Steve Bégin, élevé par un père alcoolique monoparental qui s’est hissé au sommet en dépit d’un encadrement familial déficient. Roberto Luongo, un Italo-Montréalais que la culture familiale aurait plutôt destiné au soccer. André Roy, un athlète talentueux que ses poings rattachent à la LNH. Martin Brodeur, pratiquement élevé parmi les vedettes au Forum par un père photographe sportif. Enfin, Simon Gagné dont le père et grand-père ont évolué dans la ligue Américaine. Avait-il la pression de réussir là où deux générations ont échoué ? « J’ai pris l’histoire de huit ti-culs qui caressaient le même rêve que tous les p’tits gars. Mais pour arriver là, ça prend du support, ça prend des parents. Le livre démontre que si tu as la passion, même si c’est mathématiquement impossible, tu peux réussir quand même. »
Fait singulier, l’ouvrage accorde une large place aux parents, à leur histoire, leur attitude. Marié à la Nicolétaine Nathalie Lebel, aussi collègue de travail à RDS, le couple compte trois enfants. « À un moment donné, comme parent, tu cherches des réponses. Honnêtement, je crois être un bon papa. Mais les parents que j’expose dans le livre nous livrent de bons conseils. » Et les exemples que l’on en retire peuvent s’appliquer à toute sphère d’activité. Ne jamais crier, accompagner, toujours laisser l’enfant ou l’ado sur une note positive… « Les huit joueurs ont embarqué dans le projet avec plaisir. C’était pour eux une façon de rendre hommage à leurs parents, aux sacrifices qu’ils ont consenti. »
Sur le plan humain, le journaliste maintenant âgé de 40 ans passe par toute la gamme des émotions en menant son projet. « Steve Bégin et moi avions les yeux pleins d’eau quand il évoquait son cheminement. Moi aussi j’ai connu la honte de voir mon père en état d’ébriété à l’aréna. Son histoire n’est pas très différente de la mienne. Et M. Bégin, aujourd’hui sobre, m’a raconté son histoire sans pudeur. »
On est bien loin des millions, des jolies filles et des Ferrari… À travers ces héros, Luc Gélinas souffre-t-il du Blues du businessman? Le principal intéressé éclate de rire. « Je n’ai jamais rêvé une seule seconde de jouer dans la LNH. J’étais le pire joueur du pire club de Saint-Boniface. J’estimais que j’aurais réussi dans la vie si j’étais en mesure de m’offrir des billets de saison pour les Cataractes, comme Elphège Aucoin. Et aujourd’hui, j’assiste à des matchs de la LNH gratuitement! »
Aujourd’hui, installé à Le Gardeur avec Nathalie, il se fait fort de supporter les rêves de Guillaume, qui évolue dans le bantam AA. Celui de sa fille Daphnée qui tient son bout devant des gars dans le pee-wee BB et qui demeure convaincue qu’elle deviendra la première femme à se tailler une place dans la LNH. Même chose pour Pénélope, la cadette, qui s’amuse au soccer mais qui ne nourrit pas la même passion pour le sport que ses deux aînés. Chacun sa branche et c’est bien ainsi.
Malgré une carrière télévisuelle, Luc Gélinas a été formé en presse écrite à Jonquière. Ce premier ouvrage (pas le dernier, promet-il) lui permet d’assouvir cette vieille passion d’écrire. « J’avais un complexe face à mes pairs. J’étais tellement nerveux quand je me suis présenté chez l’éditeur! » Et pourtant… l’ouvrage est publié dans une langue simple, vivante et limpide. Bref, ce que l’on attend de tout bon journaliste!
« La LNH, un rêve possible » est publié aux éditions Hurtubise. 256 pages, 24,95$.