Lucie Héroux démarre La Chevrette Gourmande

AFFAIRES. Quitter le milieu communautaire et débuter son entreprise en fromage artisanal, voilà l’aventure de la Bonifacienne Lucie Héroux. Avec son lot de d’obstacles, mais sans abandonner sa détermination, la dame a décidé de se lancer en affaires à 54 ans et d’ouvrir son entreprise: La Chevrette gourmande.

«Un moment donné, j’ai réalisé que j’avais de la difficulté à quitter mes chèvres, ce sont comme mes animaux de compagnie vous savez, mes amours. Puis est venue l’idée d’en faire mon travail», se souvient Lucie Héroux, qui avait alors passé une semaine complète à cogiter sur le sujet.

Le déclic vers cette transition professionnelle s’est effectué lentement et par étape pour la femme qui travaillait dans le domaine communautaire et social. En 2007, Mme Héroux suit une formation pour un voyage en Afrique et fait une rencontre marquante avec une dame qui a voyagé partout dans le monde.

«Quelle ne fut pas ma surprise quand elle m’a dit il n’y avait pas de meilleur endroit au monde que chez-elle, où elle cuisinait et élevait sa volaille et son gibier. L’hiver, elle recevait des amis, mangeait et buvait voyez vous, bref elle profitait de la vie!» Cela a interpellé la mère de famille qui en a fait son idéal.

Autre tournant, un séjour au Mali lui fait découvrir le caractère particulier des chèvres. «J’y ai vu de jeunes enfants de 5-6 ans faire les bergers et mener ces animaux comme bon leur semblait. Il devait y avoir un troupeau de 100 chèvres à leurs côtés, mais aucune ne démontrait de signe d’agressivité. Elles semblaient dociles et affectueuses.»

D’amour et de lait frais

Puis survient un déménagement de la métropole à la campagne de Saint-Boniface en 2012. «J’ai mis mon idée de fermette à exécution avec des volailles et des lapins, puis j’ai accueilli un trio de chèvres qui avait des conditions particulières (paralysie, batard, etc.). grâce au net. C’est de là qu’a découlé mon souhait de travailler avec les chèvres. Je me suis laissée prendre au jeu», sourit la dame.

Possédant un cheptel de six chèvres alpines, donc un bouc du nom de Valentin, la quinquagénaire débute ensuite un cours en Lancement d’entreprise au Centre d’entrepreneuriat Alphonse Desjardins et suit en parallèle des formations connexes sur l’univers de la fromagerie. «Je suis devenue du jour au lendemain travailleur autonome avec tout ce que cela comporte!»

S’il y a eu des obstacles à la réalisation de son projet, Lucie Héroux n’a jamais baissé les bras à sa vision. «Parfois, on dirait que mes bulles pétaient l’une après l’autre, mais à chaque revers, cela aiguisait ma détermination!», illustre la femme qui a, notamment, appris que son vaste terrain était zoné résidentiel, et non un zonage forestier comme elle le pensait au départ.

Par contre, le soutien de son conjoint Marcel, de sa fille Rosie et de divers intervenants du milieu qui lui soulignaient «comment son projet était beau», lui ont permis de poursuivre son idéal. «Je sais qu’il y a une place dans la production de produits frais et fins en région comme je veux le proposer!»

Promoteur recherche étable

Toute la question de la production et de la distribution comporte aussi des ajustements pour celle qui s’initie lentement à l’univers de la fromagerie. D’ailleurs, la dame devra transporter son lait elle-même jusqu’à St-Cuthbert, où une fromagère accepte de lui fournir ses installations pour démarrer ses affaires.

«Malgré certains sacrifices, je réussis à m’arranger. Cependant, je suis à la recherche présentement d’un endroit pour mes chèvres, une vieille ferme ou un bout d’étable feraient l’affaire pour pouvoir opérer mon entreprise puisque ce n’est pas possible de le faire chez moi», mentionne la dame.

La Bonifacienne s’en remet donc à l’esprit de collaboration qui règne en région pour trouver «chaussure à son pied», avec le désir bien entendu de payer son bon samaritain.

Rien de trop spacieux comme espace n’est souhaité puisque l’entrepreneure démarrera son entreprise avec un troupeau d’une dizaine de chèvres pour terminer avec un cheptel de 25 chèvres au final. «L’endroit idéal serait une structure pouvant accueillir environ huit vaches, pas plus», note-t-elle en guise d’exemple.

«Mon but c’est de rester petite: je veux créer ma petite entreprise et faire rouler l’économie du coin. J’aimerais encourager le marché de proximité et permettre aux gens de déguster des produits de la chèvre chez eux. Pourquoi ne pas m’associer avec la nouvelle boulangerie de Saint-Boniface et faire des paniers de produits d’ici?», lance Mme Héroux.

L’entrepreneur estime qu’il n’y a pratiquement pas d’entreprise oeuvrant dans les produits de la chèvre en région pour le moment. «Il a de la place pour ce créneau en Mauricie, j’en suis convaincue!», souligne celle qui aimerait éventuellement intégrer les événements gastronomiques comme les Délices d’automne.

À maturité, Lucie Héroux embrasse aussi le souhait que la Chevrette Gourmande puisse développer un volet en tourisme ou même en réinsertion sociale. «Être ici avec mes chèvres en nature, je décroche et j’aimerais permettre à d’autres de vivre la même expérience. Je verrais bien des personnes handicapées par exemple venir passer du temps avec mes bêtes, elles sont si curieuses et attachantes.»

Un peu plus sur la Chevrette Gourmande

Propriétaire: Lucie Héroux

Produits: fromage frais et affiné

Coût de démarrage: 35 000$

Location: Saint-Boniface

Cheptel envisagé: 25 chèvres

Visée: Alimentation & tourisme