Maréchal-ferrant bien ferré

DÉCOUVERTE. Avec la même passion depuis bientôt 40 ans, Yvon Souligny sillonne la Mauricie à la rencontre de centaines de chevaux avec son camion qui contient tous ses outils, ses fers à cheval et même un four de forgeron. Son métier? Maréchal-ferrant.  

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«J’adore mon travail», confie-t-il alors qu’il taille les sabots d’une jument dans une écurie de Saint-Boniface. «C’est l’amour des chevaux qui m’a amené à faire ça», poursuit-t-il, légèrement essoufflé alors qu’il tente de retenir entre ses genoux la patte de la bête un peu capricieuse. Il sait que celle-là mord. «J’ai appris à lire les chevaux», explique-t-il, lime à la main. Il estime qu’un bon maréchal-ferrant se doit d’être attentif à l’animal, à ses signaux, pour gagner sa confiance et pour ne pas le blesser ou même se blesser.

Concrètement, il taille les sabots de chevaux, un exercice nécessaire pour replacer leur posture et ménager leurs tendons. «Ça ne leur fait pas mal», poursuit Yvon Souligny. «C’est comme couper les ongles pour un humain.» Il installe également des fers à cheval pour protéger ceux qui se baladent régulièrement sur des sols plus incommodants comme l’asphalte ou la roche.

Au passage, il veille à l’entretient des sabots et il peut détecter différentes pathologies. Souvent, le rôle du maréchal-ferrant est considéré comme étant aussi important qu’un vétérinaire auprès des propriétaires.

Avec ou sans fers?

«Le fer à cheval, c’est comme un soulier pour les humains. Ils sont différents selon l’utilisation qu’on en fait. Si le cheval a une bonne corne et qu’il va seulement sur la terre battue, on va les laisser au naturel.»

S’il confectionnait lui-même les fers à cheval au début de sa pratique, il explique que l’industrie s’est beaucoup développée depuis. «Je prenais la mesure du sabot, une fois taillé, et je courbais un morceau de fer dans lequel je faisais des trous pour les clous. Maintenant, les compagnies fabriquent tellement de beaux fers que ça ne vaut pas la peine.» Le four de forgeron dans son camion sert notamment pour l’ajustement du fer.

Parcours d’un maréchal-ferrant

À partir de l’âge de 13 ans, Yvon Souligny était palefrenier avant de suivre une formation en maréchalerie à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de La Pocatière. Il porte également une boucle de ceinture qui témoigne de son accréditation auprès de l’American farrier’s association en plus de faire partie de l’Association des maréchaux-ferrants du Québec (AMFQ), qui regroupe plus d’une centaine de membres dans la province.

Yvon souligny est d’ailleurs le maréchal-ferrant officiel du Festival Western de St-Tite depuis plusieurs années. «Je suis comme un mécanicien, pour les sabots des chevaux». Il est possible d’en apprendre davantage sur son métier dans les visites La face cachée du rodéo offertes par l’organisation.

Celui qui habite Lac-aux-Sables, dans la MRC de Mékinac, rencontre environ 5 à 10 chevaux par jour, soit plus de 300 chaque année, dans un rayon de 100 kilomètres. Il les visite environ six fois par année chacun. Pour chaque visite, les propriétaires de chevaux peuvent débourser entre 30$ et 300$ par bête selon la tâche à accomplir, la taille de l’animal ou le type de fer à cheval.

Il fût un temps où Yvon Souligny, avec son four de forgeron, confectionnait des pièces d’art avec des fers à cheval, activité qu’il a délaissé depuis. Il exerce le métier de maréchal-ferrant depuis 1979 et il compte continuer tant que la santé lui permettra d’exercer son métier vieux de plus de 2000 ans.

Le fer à cheval, signe de chance?

«Oui! C’est une légende urbaine, mais j’y crois vraiment.» Il faut toutefois l’installer les deux bouts vers le haut, estime Yvon Souligny. Pourquoi? «Ainsi, la chance rentre et y reste. C’est logique!»