Masques de protection: un recours collectif qui prend origine à Shawinigan
JUSTICE. Un parent d’un élève de 13 ans de l’école secondaire Val-Mauricie à Shawinigan se fait le représentant d’une demande d’autorisation d’exercer une action collective contre Métallifer, une entreprise de Lévis qui a vendu au gouvernement des masques de protection fabriqués en Chine et contenant du graphène.
Le cabinet d’avocats montréalais Consumer Law Group a déposé la demande le 6 avril dernier à la Cour supérieure du district de Montréal au nom de Jean-Nicolas Poirier, un résident de Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Le 3 avril, Santé Canada émettait un avis de rappel pour les masques de protection contenant du graphène parce qu’ils pouvaient être potentiellement dangereux pour les poumons, car pouvant contenir une matière potentiellement toxique. Mais dès le 26 mars, le gouvernement du Québec envoyait une directive aux centres de service scolaires, aux garderies et au réseau de la santé pour les aviser que ces masques pouvaient être dangereux. De couleur bleue comme tous les autres, les masques de procédure de Métallifer (SNN200642) étaient reconnaissables du fait que l’intérieur était gris.
Un message publié puis retiré
Le 28 mars, l’école secondaire Val-Mauricie publiait sur sa page Facebook un message disant que «ces masques, qui représentent une très petite proportion de nos inventaires, ont été distribués en faible quantité au cours des derniers mois. Ils ont donc été très peu utilisés et il est peu probable que votre enfant ait uniquement ce modèle en sa possession pour se présenter à l’école demain matin.»
«Les élèves ont été dans l’obligation de porter ces masques durant 2 mois et malgré les complaintes visant les désagréments de les porter, les professeurs et la direction affirmaient qu’il s’agissait des meilleurs masques.» – Jean-Nicolas Poirier
Joint par L’Hebdo, Jean-Nicolas Poirier s’est dit choqué de voir ce message, qui a été retiré une heure plus tard après que plusieurs parents eurent écrit des commentaires quant à leurs inquiétudes devant la situation. «Du 18 janvier jusqu’au 26 mars, mon garçon a porté ce type de masque tous les jours de la semaine, six heures par jour. Dès la première journée à son retour, moi et ma conjointe avons observé une irritation cutanée au niveau du menton et des joues», déclare le résident de Notre-Dame-du-Mont-Carmel qui a retiré son fils de l’école dès le lundi 29 mars et qui poursuit son parcours scolaire de la maison depuis.
Dans le document déposé à la cour, il est mentionné que le jeune garçon avait la gorge irritée, sentait qu’il avait comme des cheveux dans sa gorge, un inconfort respiratoire, une irritation de la peau dans les zones où son masque était en contact, et enfin, une aggravation de son acné.
On peut y lire également que Jean-Nicolas Poirier a vu dans le message de l’école secondaire Val-Mauricie «une minimisation majeure de la gravité de la situation. En conséquence, il a perdu confiance dans la capacité du système scolaire à protéger son enfant et à le protéger contre tout danger.»
Pas de commentaires du CSS de l’Énergie
Au Centre de services scolaire de l’Énergie (CSSÉ), on indique que le directeur général Denis Lemaire ne commentera pas ce recours. «Nos inventaires (de masques de protection) sont approvisionnés par le ministère de l’Éducation. La responsabilité des centres de services scolaire était, à la réception de cet avis, de cesser l’utilisation de ces masques et d’informer les personnes concernées. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait, car dès que nous avons obtenu cet avis de Santé Canada, tous les masques visés par cet avis ont été immédiatement retirés de nos inventaires et un message courriel a été envoyé à tous les parents et les membres du personnel pour les informer de la situation.», a indiqué dans un échange de courriel Amélie Germain-Bergeron, coordonnatrice aux communications au CSSÉ.
Signalons que comme dans tous les dossiers de recours collectif, la première étape consistera pour le juge affecté à la cause à déterminer si elle est recevable ou non. Dans l’éventualité où elle le serait, c’est alors le fond de l’affaire qui sera débattu. On parle donc d’une cause qui ne pourrait connaître son dénouement que dans quelques années.