Me reconnais-tu ?

Par Amélie Vallée | CHRONIQUE. Pour la plupart d’entre nous, reconnaître quelqu’un consiste à identifier une personne de façon précise. Il peut aussi arriver que la reconnaissance consiste à admettre quelque chose.

Cependant, toutes ces nuances, le dictionnaire peut vous les expliquer mieux que moi. En ce qui me concerne, la reconnaissance est devenue un crédo. J’exprime ouvertement ma gratitude envers certaines situations que la vie m’apporte ou encore à l’égard des personnes qui m’entourent. C’est désormais intégré à mon mode de vie au même titre que le tofu dans le quotidien d’un végétarien.

Je sais que pour certains, le mot gratitude rime avec monde occulte, boule de cristal, bâton d’encens et bénédiction divine… Pourtant, il n’en est rien du tout! Je vous assure que depuis que j’exerce le principe de la reconnaissance, je n’ai encore jamais été témoin d’une manifestation ésotérique quelle qu’elle soit! Les tables sur lesquelles je prends mes repas ne bougent pas d’elles-mêmes, l’intensité lumineuse des lampes du salon ne vacille pas et je n’ai encore jamais entendu le piano entonner la cinquième symphonie de Beethoven de façon autonome.

La gratitude, c’est tout le contraire. L’appliquer, même avec parcimonie, donne inévitablement des résultats concrets. Il est évident que pour constater un rendement, on doit s’investir avec un minimum de sérieux. Tout d’abord, il faut comprendre que la reconnaissance est bien plus qu’une simple marque de courtoisie. C’est plutôt comme si on devenait très humble avec ceux qui nous entourent et devant les situations que l’on traverse. Ainsi, on parvient à reconnaître les facettes pour lesquelles on aime sincèrement certaines personnes et les raisons pour lesquelles on se sent si bien dans des circonstances précises.

Ensuite, il nous reste à le communiquer. Pour que ça fonctionne, on doit le dire tout haut. Pour la plupart d’entre nous, c’est ici que ça se complique. On ressent le bien-être, on comprend qu’il est induit par une personne ou une situation et…on se tait. C’est un peu comme si on arrivait au restaurant, on salivait devant le menu et qu’on s’abstenait de commander…

Pourquoi ne pas oser exprimer à un artiste ce que son art a su créer en nous ?

Pourquoi ne pas interrompre la conversation au beau milieu d’un souper entre amis pour leur témoigner notre sincère affection ?

Donnons-nous le mandat de verbaliser ce que notre cœur garde en mémoire. N’attendons pas qu’il soit trop tard. Expliquons à ceux qui nous entourent en quoi ils embellissent notre vie, maintenant. Choisissons les mots justes pour souligner chacune des occasions qui méritent notre reconnaissance.

Les tables ne bougeront peut-être pas d’elles-mêmes, mais la magie que nous créerons en osant exprimer notre reconnaissance à voix haute sera digne du plus grand des prestidigitateurs!