«Mon instinct a été vraiment puissant»

TÉMOIGNAGE. Si ce n’eût été de la côte qu’elle s’est déplacée dans une soirée dansante, Joëlle Massé ne serait peut-être pas là aujourd’hui pour raconter son souvenir des attentats de Grand-Bassam en Afrique le 13 mars dernier. Alors qu’une nouvelle tragédie a frappé Bruxelles en Europe, la Bonifacienne a livré à l’Hebdo le récit de sa troublante aventure.

La journée du 13 mars était la veille du départ pour Joëlle Massé. L’entrepreneure culturelle derrière Z’ailes Créations résidait à Abidjan dans le cadre du congrès MASA.

«On était censé allé à la plage avec un groupe de gens avec qui je me tenais: on avait réservé le taxi et tout. Grand-Bassam était la station balnéaire la plus près…», se souvient la femme.

Cependant, l’entrepreneure décide de rester tranquille à son hôtel. «Ma côte était encore sensible et je sentais que j’aurais mal dans le taxi. J’ai décidé de passer mon tour, même si ce n’était vraiment pas mon genre de sauter un après-midi à la plage, mais bon je n’y suis pas allée», précise-t-elle, avec un certain frisson.

La suite des événements est bien connue. Des terroristes reliés à Al Quaïda ont revendiqué le carnage de 22 personnes à même la plage et des hôtels avoisinants au sein d’une fusillade. De nombreux blessés et disparus demeurent encore aujourd’hui.

À deux doigts de la mort

«Quelques heures plus tard, j’ai commencé à recevoir des messages. Puis, mon hôtel a été encerclé de gardes armés en un rien de temps!», décrit Mme Massé. Elle dépeint une ambiance irréelle, alors que la catastrophe frappe le pays.

Elle comprend alors que quelque chose d’anormal se déroule. Tous les médias parlent ensuite des attentats et Joëlle suit au compte-goutte le fil des événements. Ce n’est qu’à son retour qu’elle connaîtra enfin la situation sur son groupe d’amis s’étant rendu à Grand-Bassam.

«Pendant la tragédie, les communications étaient mauvaises et je n’ai pas pu avoir de nouvelles d’eux. En revenant, j’ai appris que le groupe avait entendu les coups de feu. Ils ont été rassemblés et cachés dans une cour bétonnée par un garde pendant des heures.»

L’une des victimes des attentats Henrike Grohs, avec qui Joëlle avait échangé quelques mots pendant son congrès, a connu une triste fin. Elle était directrice de l’Institut Goethe à Abidjan. «C’est là que tu réalises que le danger est partout. Je constate que mon instinct a été vraiment puissant. Quand cela arrive, tu te sens si petite…»

Pour la première fois, Joëlle Massé a senti qu’elle aurait pu mourir. «J’ai réellement eu l’impression que ça aurait pu être moi. Je pense qu’on ne réalise pas assez combien le pays ici est sécuritaire», lance-t-elle.