Négociation avec les pompiers: retour à la case départ

SHAWINIGAN. Un important rebondissement est survenu lors de la séance publique du conseil municipal du mois de mars alors que les élus ont adopté une résolution demandant au ministère de la Sécurité publique de sursoir à l’analyse du Schéma de couverture de risques déjà déposé par la Ville. Cette décision découle d’un refus de l’Association des pompiers et des pompières de Shawinigan (APPS) d’accepter la dernière entente de principe conclue entre les deux parties.

La demande de sursis au ministère est pour une période de 90 jours. Est-ce que cette demande de sursis au ministère est automatiquement acceptée? «Ça sera accepté, on a de bonnes entrées au ministère, répond le maire de Shawinigan Michel Angers. Il faut comprendre qu’on a des responsabilités pour le budget, et il y a des limites à ce que les contribuables peuvent payer. Quand on a une bonne poignée de main, et ensuite on se fait dire non… On s’est assuré de retenir notre Schéma de couverture de risques qui appartient au conseil municipal. Et la structure organisationnelle nous appartient également, c’est-à-dire le nombre de pompiers en caserne, le nombre de temps partiel, etc. L’important c’est de respecter le schéma de couverture de risques, et on sait qu’on est capable de le respecter sans problème.»

Il faut savoir que la convention collective de l’APPS est échue depuis le 1er janvier 2017, et que les négociations pour une nouvelle entente se prolongent depuis maintenant trois ans. Selon la Ville de Shawinigan, la médiation qui a été réalisée a coûté déjà plus de 100 000$. Selon le maire Angers, d’autres frais juridiques découleront de la décision de l’APPS de refuser l’entente de principe, comme la cause devra sans doute se rendre en arbitrage. «On a presque doublé le budget en 15 ans, il est passé de 2,58 M$ en 2005 à 4,52 M$. Un moment donné, ce sont les citoyens de la ville qui payent, et il faut dire que c’est assez rendu à un point.»

Le 6 février dernier, la Ville a présenté une offre finale au syndicat ce qui comprenait des éléments additionnels qui avaient été refusés auparavant par la Ville. Le 20 février dernier, les membres de l’APPS ont refusé cette entente à 70% en raison du refus de la Ville de respecter ses engagements concernant le fonds de pension et le non-respect de l’ancienneté.

«Comme l’entente de principe a été rejetée, les clauses qui y étaient incluses ne tiennent plus. Après trois ans de négociations et trois ententes de principe rejetées, les pompiers nous ramènent à la case départ», a ajouté le maire Angers.

Le conseil municipal a aussi réitéré sa confiance à l’égard du directeur du Service de sécurité incendie, François Lelièvre. «Je suis président de la Commission de sécurité publique du Québec, et M. Lelièvre est parmi les directeurs les mieux cotés au Québec. Ce n’est certainement pas un déficit de compétence.  Le syndicat tente de discréditer le directeur, et pour avoir été dans le monde syndical pendant 25 ans, je sais que ça fait partie des stratégies syndicales», affirme M. Angers.

M. Angers poursuit en indiquant que comme ancien président du syndicat, il est déjà survenu de refuser une entente de principe. «Mais trois fois, il se passe quelque chose! L’exécutif du syndicat s’est fait mettre dehors, et un autre gang est embarqué. Je pensais bien que la dernière entente de principe était la bonne. On a fait beaucoup de concessions. Dans un contexte comme celui-là, le conseil a dit c’est assez! Les pompiers doivent se rappeler que ce sont les contribuables qui payent leur salaire.»

«Comme ancien syndicaliste, ça vient me chercher parce que j’ai toujours fait des négociations en regardant si c’était positif ou négatif, et de faire les recommandations en ce sens. À partir de là, j’étais assez convaincant.»

Le président du syndicat dans l’incompréhension

Joint par l’Hebdo au lendemain de l’assemblée publique, le président de l’APPS Benoit Ferland avait du mal à comprendre la décision de la Ville. «On ne comprend pas pourquoi le maire joint les deux, l’adoption du schéma de couverture de risques et les négociations. On a toujours dit que la convention et le schéma étaient deux choses différentes. On n’a pas déchiré l’entente de principe suite au refus de la part des membres. On a tout de suite communiqué avec la directrice des ressources humaines pour dire qu’il y avait des solutions et des redressements à faire pour s’assoir et communiquer ensemble. Et depuis lundi de la dernière semaine, nous n’avons eu aucune nouvelle de la Ville. Puis on arrive à la déclaration de mardi soir où l’entente était finie. On trouve dommage de remettre la faute sur le dos des pompiers et le syndicat. Quand on parle les frais de 100 000$, ça comprend le point du 2% salarial qu’on voulait régler, et que la Ville s’est entêtée à judiciariser tout ça. Dire que c’est la faute des pompiers alors que c’est la Ville, je trouve ça dommage. On est encore ouvert à la discussion et à la négociation. Les frais d’arbitrage peuvent être importants, mais on est ouvert à ne pas aller là parce qu’on est près d’une entente.»

Le président du syndicat affirme que ça n’a jamais été une demande formelle d’avoir dix pompiers en caserne, alors que présentement le nombre est de 8. «La Ville fait le choix de 8 pompiers, nous on demandait 10 pour une façon opérationnelle d’être optimal, mais les enjeux demeurent le salaire, et le fonds de pension que la Ville ne nous a pas donné depuis 2016. On a emmené le point des 10 pompiers au début, ça été refusé, puis on a parlé d’autres choses.», ajoute M. Ferland.

Le président indique être demeuré neutre devant ses membres concernant l’entente de principe en ne faisant aucune recommandation positive ou négative. Est-ce qu’un refus à 70% démontre en quelque sorte deux clans au sein du syndicat et est-ce qu’il y a eu des répercussions quant à l’exécutif? «Non, répond M. Ferland. Le vice-président a démissionné, mais c’était avant le vote et c’était pour des raisons personnelles faute de temps. C’est un pompier à temps partiel et son emploi principal lui demandait du temps. Avec un refus à 70%, on voit qu’il y avait des membres qui étaient satisfaits, mais on a dit à la Ville que ce n’était pas un refus à 100% et qu’on est prêt à retourner en négociation.»