Négociations chaudes à prévoir entre la Ville et ses pompiers
GRIEF. Sans contrat de travail depuis le 1er janvier 2017, les pompiers de Shawinigan amorce la nouvelle année gonflés à bloc, ragaillardit par une décision récente du Tribunal administratif du travail (TAT) et la création d’un nouveau syndicat indépendant.
Le 5 février dernier, le juge administratif Sylvain Allard a rétabli un grief que l’exécutif du Syndicat des pompiers et pompières du Québec (SPQ), section locale Shawinigan avait négligé de déposer dans le délai prévu à la convention collective.
En juin 2016, le SPQ de Shawinigan signe une entente de trois ans avec la Ville comprenant des augmentations salariales de 2,55% pour 2014, 0% pour 2015 et l’IPC ou minimum de 2% pour 2016. La nouvelle convention comporte une clause de parité qui accorde aux pompiers le droit à un pourcentage d’augmentation de salaire pour l’année 2015 équivalente à celle accordée à un autre groupe de salariés syndiqués.
En juin 2017, le Syndicat des cols bleus de la Ville de Shawinigan signe à son tour une nouvelle convention collective prévoyant notamment une augmentation salariale de 2% pour 2015. Il est à noter que le Syndicat des cols blancs signera à son tour un nouveau contrat de travail en juin 2018 avec lui aussi une hausse de 2% de la rémunération pour 2015.
Constatant ce qui a été consenti aux cols bleus, les pompiers de Shawinigan demandent à leur syndicat de déposer le 17 août 2017 un grief réclamant l’application de la clause de parité. Le 5 septembre suivant, la Ville refuse d’y donner suite en lui accordant une interprétation différente. À partir de ce moment, le SPQ avait 30 jours pour demander l’arbitrage… ce qu’il a omis de faire sans en informer ses membres.
Jugement dévastateur
Dans les mois qui suivirent, deux assemblées syndicales seront tenues (décembre 2017 et juin 2018) au cours desquelles le président du syndicat d’alors Luc Drolet laisse entendre que le 2% est acquis mais que la Ville veut qu’il fasse partie de la négociation qu’elle mène également sur la question du fonds de pension.
En août 2018, une autre assemblée est tenue, celle-là pour procéder à des élections. Coup de théâtre alors que les membres apprennent avec stupeur que le grief «a été oublié sous une pile de papier sur son bureau», admet Luc Drolet qui vient d’être remplacé par Benoît Ferland. Le président sortant soulignera alors à son successeur que c’est sur la recommandation du conseiller permanent du SPPQ, Sylvain Côté, qu’il aurait adopté cette attitude. «Ferme ta gueule, tu vas avoir l’air fou avec ça», lui aurait-il dit.
«Non seulement l’oubli du grief constitue une erreur grossière et impardonnable, mais le fait de cacher cet oubli, tout en laissant croire que l’ajustement salarial est acquis, s’apparente à de la mauvaise foi (…)», écrit le juge Allard dans son jugement.
Jugeant que le syndicat a failli à son devoir de représentation, le TAT a ordonné de réactiver le grief devant un arbitre du ministère du Travail. «La faute du Syndicat comporte des conséquences financières majeures pour la trentaine de pompiers qui se voient privés d’une augmentation salariale, perte qui s’accentuera tout au long de leur carrière de pompiers à la Ville», écrit le juge Allard.
Dans ce dossier, les pompiers de Shawinigan, choqués par ce qu’ils venaient d’apprendre le 31 août, entreprirent dans les semaines suivantes de créer un nouveau syndicat indépendant afin de les représenter auprès de la Ville. Le 28 novembre dernier, l’Association des pompiers et pompières de Shawinigan (APPS) voyait le jour avec Benoit Ferland comme président.
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